Ho, la belle saloperie que voilà. Si vous ne connaissez pas The Whorehouse Massacre, pas de soucis, c'est normal : ce groupe canadien fait partie de ceux qui paraissent tout faire pour rester underground, lâchant de temps à autre quelques démos et Eps dans l'indifférence la plus totale. Il a fallu attendre cette année pour que la formation trouve un peu de quoi faire parler d'elle par l'intermédiaire du label Transcending Obscurity (ex-Diabolical Conquest) et son gérant Kunal, jamais avare de cochonneries parfois
excellentes, parfois
anecdotiques, toujours à-part. Une compilation bienvenue donc, qui devrait être suivie plus tard d'un longue-durée que j'attends avec impatience.
C'est que malgré ses airs de passe-partout fan de Fistula et Shifty Records – impossible de ne pas penser aux sorties de ce label au regard de la pochette signée par Scott Stearns (guitariste pour Fistula, Accept Death ou encore King Travolta), typique de ce qu'on peut trouver dans son catalogue –, The Whorehouse Massacre est plus talentueux que peut le laisser penser son caractère de malpropre branleur et idiot. Sludge car crétin, Doom car sentencieux, Death car carnivore et prédateur, le massacreur est de ceux qui font du bancal et du graveleux un délice d'esthète du dégueulasse sans fioriture, sans compassion, mué par le seul plaisir de passer à table, soit comme repas, soit comme dévoreur.
Un énorme potentiel de nuisance qui s'affiche dès « Indignation », morceau si grave et râpeux que les guitares donnent l'impression de frotter les oreilles. Si les Canadiens semblent ne jamais prédire ce qu'ils font, allant parfois jusqu'à élever l'ensemble sans prévenir (ces leads aux airs de vent entrant dans la cave de « Big Mouth » par exemple), leurs atmosphères peintes par-dessus la jambe sont si prenantes qu'elles font croire ici à quelques intelligences malignes. The Whorehouse Massacre reprend d'ailleurs Sloth, autre groupe faisant de son cerveau du beurre pour mieux accaparer, avec « Sassy Pants » – et ce n'est pas un hasard, tant sa régression éteint rapidement tous sourires ravis pour mieux assombrir, les yeux gros, le corps lourd, l'esprit hébété, comme dans une version lisible, à l'haleine faisandée soufflant près de notre visage, de Drug Honkey.
Pas besoin de construire une conclusion quand les compositions paraissent dès le départ n'être que des fins de morceaux jouées encore et encore ! Cette compilation de deux Eps mis bout à bout s'écoute comme un album à prendre d'un seul bloc, terminal et jouissif à la fois. Je garde tout de même une préférence pour la partie
Altar of the Goat Skull de l'ensemble, les titres « A.C.S.-3 », « Sewer Dreams » et « The Black Coast » allant plus loin dans le délitement et l'horreur que ceux composant le volet
VI, plus épiques (« End of Mankind ») mais possédant un charme particulier dans leur héroïsme doom/death incapable de passer la seconde sans s'empêtrer, un peu à la manière des Finlandais de Solothus et leur démo
Ritual of the Horned Skull.
Vous manquez de motivation pour accomplir vos objectifs ? Faites comme The Whorehouse Massacre et prenez exemple sur les zombies ! S'il est clair que les Canadiens ne plairont qu'à ceux aimant se complaire dans une saleté aussi lente et inexorable que la poussière tombant au sol, ces derniers doivent se jeter sur cette compilation satisfaisante à être aussi primaire. Une musique d'estropié, certes, mais qui met tant de cœur à partager son handicap qu'elle mérite d'y laisser quelques neurones !
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