Ghost Brigade - Until Fear No Longer Defines Us
Chronique
Ghost Brigade Until Fear No Longer Defines Us
Pour des raisons plus ou moins évidentes à comprendre, ma playlist s'est transformée depuis quelques mois, en un haut lieu de la dépression. Parmi les styles peu joyeux que j'ai l'habitude d'écouter, le doom/death s'est massivement imposé, Daylight Dies, Mar de Grises, Swallow The Sun, Slumber ou encore Draconian en tête. Dans une telle euphorie autodestructrice, qui cracherait sur une corde ou une lame de rasoir supplémentaire ? Présenté par mes camarades et confirmé par Metal Archives comme une formation de cette trempe, c'est avec le plus triste des plaisirs que j'ai accepté de me lancer dans la découverte de ce troisième album de Ghost Brigade. Mais j'ai été dupé.
Une relation qui démarre sur un malentendu ne présage rien de bon et je ne vous cache pas que la première écoute de cette nouvelle offrande (qui pourrait porter un nom encore plus long) a failli tourner au drame. Si le premier extrait disponible ("Clawmaster") avait tout pour me plaire, les finlandais m'ont pris à contre pied dès l'ouverture avec un "In The Woods" surprenant pour un néophyte, sorte de ballade guitare/voix, calme et épurée reposant sur le chant de Manne Ikonen. En deux titres et un grand écart, Ghost Brigade annonce la couleur d'un style polymorphe qui se confirmera tout au long de l'album, tantôt lourd et incisif, tantôt plus reposant et atmosphérique. Liées par leur extrême froideur, ces différentes facettes parviennent finalement à cohabiter l'une à côté de l'autre après quelques écoutes, parfaitement illustrées par un artwork qui a su capturer visuellement l'essence de leur musique.
Si "Clawmaster" m'a pousser à goûter à cette cuvée 2011, c'est en grande partie grâce à son refrain et à sa conclusion. Car du Doom/Death, Ghost Brigade n'en fait pas à proprement parlé, du moins pas exclusivement pour moi, intégrant un penchant sludge extrêmement prononcé. La plupart des atmosphères développées par les riffs les plus violents n'évoquent pas la tristesse ou le désespoir, plutôt la haine, la destruction ("Traces of Liberty", "Torn", les couplets de "Clawmaster" et "Breakwater"...) et au final seules les guitares mélodiques apportent un peu d'émotion au milieu de ces rythmiques pachidermiques. Le contraste est souvent abrupte mais se révèle efficace car les changements d'atmosphère font mouche à chaque fois (les refrains de "Clawmaster" et "Breakwater" pour ne parler que du meilleur). Tout comme ces compositions peuvent aussi intégrer quelques passages atmosphériques, elles mettent à profit les deux types de chant de Manne dont les hurlements se montrent bien plus convaincants que son chant clair (j'y reviendrai). Bien que n'étant pas un grand adepte de sludge, ce visage du groupe est celui que je préfère, l'autre étant plus...
Banal. Une chanson sur deux environ, les finlandais s'adonnent à un rock mélancolique et mélodique, plus ou moins électrique et plus ou moins mièvre malheureusement. Si "In The Woods" tire de justesse son épingle du jeu par sa simplicité, j'ai été beaucoup moins convaincu par des titres tels que "Chamber" ou "Grain" (voir "Soulcarvers" dans une certaine mesure), qui malgré des arpèges assez soignés, suscitent plus l'ennui que la passion. Certes, ils s'écoutent sans mal mais ils ne proposent rien de mémorable, souvent trop plats, trop convenus. Toutefois, le véritable problème réside dans le fait d'avoir basé plus de la moitié des compositions sur le chant clair qui pour moi, n'a pas le charisme nécessaire pour occuper une telle place. Malgré un timbre agréable, il est souvent trop monotone et trop lisse pour nous arracher un quelconque hérissement de poil. De plus, le traitement sonore systématique qui lui est appliqué ne le met vraiment pas en valeur. Avec une production aussi irréprochable, cela reste un vrai mystère (à moins que ça ne soit un choix artistique). En tous cas, les moments les plus glacials sont ceux qui lui vont le mieux, notamment l'excellent "Cult Of Decay" et son riff légèrement déstructuré.
Certains me trouveront peut-être un peu dur avec cette formation qui semble faire l'unanimité d'après ce que j'ai pu lire ici et là. J'avoue être assez hermétique à une partie de ce que propose le groupe. "Until Fear No Longer Defines Us" reste néanmoins une bonne découverte, qui aurait gagné à être plus homogène, les compositions douces se montrant clairement moins prenantes que le reste. Mais pour peu que vous soyez sensible aux mélodies hivernales de Scandinavie, cet album vous réserve tout de même quelques moments forts et rien que pour ceux-ci, il vaut le détour. A vous de voir donc.
| Dead 19 Août 2011 - 4450 lectures |
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