Ghost Brigade - IV - One with the Storm

Des adeptes de Ghost Brigade, il doit bien y en avoir quelques uns parmi vous amis lecteurs, n'est-ce pas ? Malheureusement, le combo de Jyväskylä n'a pas trouvé son public sur ton webzine préféré, entre les réserves exprimées en 2009 par Thomas Johansson sur "Isolation Songs" et les miennes il y a 3 ans sur "Until Fear No Longer Defines Us". Mais tout ceci appartient au passé. Est-ce une coïncidence si presque 25 ans jour pour jour après la chute du mur de Berlin, la sortie de leur quatrième album célèbre indéniablement l'évolution et la réunification ? Une renaissance dont l'émergence rapproche déjà le groupe de la saison qui lui convient le mieux. Prometteur.

Que l'on aime ou pas, il faut bien reconnaître à Ghost Brigade une singularité certaine dans le monde du metal. Leur style polymorphe est un vrai casse tête à décrire et "IV - One with the Storm" n'épargnera pas non plus ceux qui tenteront d'y mettre des mots. Trop impitoyable pour du doom/death finlandais, trop raffiné pour du sludge, trop électrique pour du post-rock, leur musique se nourrit de tout ça pour créer un univers aux multiples facettes, tantôt froid et détaché, tantôt plus intimiste et mélancolique. Écrasantes ou atmosphériques, les guitares demeurent le pilier de leur musique et proposent toujours ces superbes leads qui m'ont fait apprécier "Until Fear No Longer Defines Us" (Aaahh "Clawmaster"). Elles servent à merveille les chants clair et hurlé d'un Manne fidèle à lui-même. Dans leur quête de perfection, le line-up accueille un claviériste en la personne de Joni Vanhanen dont la touche subtile apporte une profondeur supplémentaire à l'ensemble, une présence loin d'être négligeable. Le jeu de Veli-Matti Suihkonen mérite également d'être mentionné : sans en faire des tonnes, le batteur sait glisser quelques contre-temps de très bon goût qui contrastent avec la monotonie que l'on a l'habitude d'entendre dans ce genre.

Une des grandes forces de "IV - One with the Storm" réside dans sa capacité à faire mieux sans trahir son passé. S'il s'inscrit dans la continuité artistique, ce quatrième album réussit enfin la symbiose de toutes les personnalités autrefois complètement indépendantes. A l'image du titre choisi, Ghost Brigade ne fait qu'un, une démarche salutaire qui change tout. Le sextette devient imprévisible et n'aura de cesse de vous surprendre : les compositions magnifiquement amenées explosent désormais dans une déferlante d'émotions de toutes sortes là où elles se cantonnaient auparavant dans leur petit périmètre d'action. Sous ce nouveau visage, leur musique prend même des allures d'un Katatonia qui aurait retrouvé sa verve d’antan, sachant nous arracher une larme comme nous donner envie de hurler toute la laideur de ce monde. On se sent petit au milieu de tout ça.

Ghost Brigade est sur la bonne voie et signe donc un quatrième album de qualité, puissant, touchant et monolithique. Néanmoins pour moi, il n'est pas pour autant exempt de défauts. Outre le chant clair qui me laisse de marbre, j'avoue parfois m'ennuyer durant les moments les plus calmes, à l'instar de leur précédente production ; rien d'aussi pénalisant qu'avant toutefois, ces derniers servant souvent de tremplin à des passages de plus grande ampleur. Reste à savoir où le combo nous emmènera la prochaine fois : maintenant que tout semble parfaitement huilé, espérons que leur avenir soit rayonnant.

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