Ghost Brigade - Isolation Songs
Chronique
Ghost Brigade Isolation Songs
Certes, il fait encore facilement 540.000° fahrenheit à l'heure où j'écris ces lignes et on n'a pas fini de maudire les joueurs d'accordéon qui sévissent au coin d'une rue passante, alors que seul un bon vieux black metal des familles, servi froid et raw avec un iceberg au fond du verre, serait à même de faire tomber la température. Mais l'automne n'est pas si loin et Season Of Mist, qui joue ici la carte de la contre programmation, vous propose de sortir avant l'heure votre garde robe goth, vos lames de rasoir usagées et votre corbeau empaillé en distribuant dès le début du mois d'août « Isolation Songs », deuxième noir présage des finlandais de GHOST BRIGADE. Un groupe de mélancoreux (« Guided By Fire » s'inspirait autant de CULT OF LUNA que de KATATONIA) chroniqué par un incorrigible thrasher pour qui mélodie rime avec Kerry King? On aura tout vu, mais sous la carapace de tough guy et les tatouages Gerre pour la vie se cache un être sensible et raffiné (ok, je pousse un peu là) susceptible d'apprécier à leur juste valeur les oeuvres à caractère introspectif de KATATONIA, OPETH et PORCUPINE TRUIE (pardon, TREE! J'ai confondu avec un groupe de grind). Pas franchement convaincus? Moi non plus. En tous cas pas par ce « Isolation Songs » un peu trop longuet, malgré une ambiance prenante rappelant parfois “The Great Cold Distance” et une production irréprochable des Seawolf Studios signée Antti Malinen (guitariste chez St.HOOD et DOWN MY THROAT).
Mais commençons par les points positifs de l'album. Première bonne pioche, le double jeu du talentueux Manne Ikonen, qui alterne avec bonheur lignes de chant clair émotionnelles à la Jonas Renkse (en moins fragile toutefois) et parties plus extrêmes. J'ai lu ici où là certaines références à NEUROSIS ou CULT OF LUNA à propos de ces dernières mais celles ci me semblent plus ancrées dans un registre blackisant, quoique plus guttural que criard. L'influence postcore dans un ensemble tirant plus vers le metal mainstream à tendance dépressive? Légère là encore, seul “Lost In A Loop” et ses riffs poisseux se réclamant clairement d'un genre minoritaire sur l'ensemble de “Isolation Songs”. Pour rester sur le chant, “My Heart Is A Tomb” apparait vite comme le titre le plus catchy du lot : imaginez de somptueux arpèges tout droit sortis du “Origo” de BURST suivis, passé un pré-chorus abrasif, d'un superbe refrain façon 30 SECONDS TO MARS. Même topo sur l'excellente “Into The Black Light”, qui emporte le bout de gras avec un thème de guitare lead très simple mais visant droit au coeur, et avec une grande justesse. Enfin, dans le même registre soft, la superbe “Secrets Of The Earth” et ses faux airs de A PERFECT CIRCLE (c'est également le cas de “A Storm Inside”) donnent furieusement envie de se replonger dans cet album fantastique qu'est “Thirteenth Step”. Plus à l'aise dans le style qu'un THIS HAVEN trop stéréotypé et vite soporifique, GHOST BRIGADE a pas mal d'arguments à faire valoir, notamment une capacité certaine à trouver le refrain qui fait mal et la petite mélodie de guitare entêtante qui va avec pour donner l'absolution.
Mais, car il y a un grand MAIS, le plus gros défaut de cet album reste sa durée excessive. Oh bien sûr, “Isolation Songs” est loin d'effacer des tablettes le record de chianceté de “A Matter Of Life And Death” mais soixante minutes pour un album ne se départissant jamais d'un rythme on ne peut plus lancinant, ça commence à faire beaucoup. Pourtant, prises séparément, les compositions de GHOST BRIGADE sont toutes de qualité mais en l'absence de cassures rythmiques plus marquées (“Lost In A Loop” et la trop tardive “A Storm Inside” font exception) ou de véritable plan de relance, l'endormissement guette, en particulier à 2:36 sur “The Loop” (dommage, ça partait bien) où le vil violon, l'instrument le plus méprisable que je connaisse après la cornemuse, pointe le bout de son archet. J'ai déjà dit tout le mal que je pensais de cette erreur de la nature instrumentale dans une précédente chronique (“Precambrian” de THE OCEAN, pour mémoire) alors n'insistons pas sur ce point pour plutôt vanter les mérites de l'instrumental “22:22 – Nihil”, très JESU dans l'esprit, mais dont le pouls bat si faiblement que le seul dynamisme de “Architects Of New Beginnings” ne suffira sans doute pas à retenir les auditeurs les plus impatients au moment de gravir l'Everest “Birth”, plus de neuf minutes au compteur. Problème de dosage donc, et presque uniquement tant GHOST BRIGADE maîtrise son sujet, mais que ceux pour qui ambiance doomy rime forcément avec tracklisting interminable trouveront sans doute adapté. Pour les autres, qui comme moi sont partisans de plus de concision et d'efficacité, la sortie du nouveau KATATONIA, “Night Is The New Day”, est prévue pour le 2 novembre.
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