Diabolical Conquest, outre le fait d'être le meilleur album d'Incantation, est un webzine anglophone basé en Inde. Un webzine que je suis depuis le début tant ses chroniques aussi bien écrites qu'argumentées en font une référence en metal extrême. Depuis quelques mois, Diabolical Conquest a franchi un palier dans son implication pour la scène puisqu'il est désormais aussi un label. Un sacré pari quand on connaît l'état actuel de l'industrie du disque, underground ou non. Ce
Ritual Executions de The Dead est la première sortie du label, envoyée gracieusement à votre serviteur par la base UK du zine.
Ritual Executions n'est en fait pas vraiment un nouvel album. Il s'agit de la réédition du deuxième full-length des Australiens de The Dead sorti l'année dernière en indépendant et limité à 100 exemplaires. Artwork modifié (coloré en bleu) et remixé/remasterisé par Aphotic Mote de Portal, le voilà qu'il ressort avec une meilleure promotion et ditribution. L'occasion de découvrir un groupe bien plus intéressant que ne laisse suggérer son nom.
D'autant qu'il dépasse le cadre de mes écoutes habituelles plutôt faites de death metal rapide, brutal et technique. Si The Dead a bien des gènes death metal, les Australiens combinent leur ADN à du doom lourd, hypnotique et gras aux frontières du sludge, un peu comme si Autopsy avait poussé à son paroxysme ses influences doomy/sludgesques. Les titres sont longs, pas très rapides et limités en riffs. Mais la qualité de ces derniers, à la fois hypnotiques et sales ("Burn Your Dead", "Centurion", "Blood Angel"...) avec parfois une touche de psychédélisme, font qu'on ne s'ennuie presque jamais pendant les trois quarts d'heure de musique. Il faut dire aussi que le grain de guitare crasseux et grassouillet donne à l'opus un groove démentiel auquel il est difficile de résister. The Dead n'oublie pas non plus la mélodie par le biais notamment de quelques leads sombres fort appréciables comme sur "Born In A Grave", "Ritual Executions" ou "Death Metal Suicide".
Ce qui m'a plu également, le fait que même si le côté doom prend souvent le pas sur le côté death,
Ritual Executions ne traîne pas non plus la patte et propose aussi des accélérations et des passages qui bourrent. Le chanteur Mike Yee (ex-Obfuscate Mass, vieux groupe de DM) n'est d'ailleurs pas le dernier à envoyer la sauce avec son growl gras et vicieux qu'il alterne de temps en temps avec des shrieks. Mais la grosse surprise en matière de brutalité, c'est le début de "Born In A Grave" auquel on ne s'attend pas du tout. C'est carrément du black metal avec gros blast-beats, putain de bon riff implacable et chant éraillé bien haineux! Un putain de choc après trois morceaux bien moins virulents! On reste cela dit dans le metal extrême, ce qui n'est pas le cas de certaines séquences encore plus surprenantes qui donnent au trio de Brisbane un aspect limite expérimental bienvenu. Tout d'abord après cette intro black metal de "Born In A Grave", la batterie devient distordue et part dans une rythmique funky ultra groovy! Ensuite et surtout sur le titre final "Death Metal Suicide", longue plage instrumentale aux guitares posées et lancinantes supportées par un beat de batterie catchy et répétitif qu'on a plus l'habitude d'entendre sur du trip-hop que du doom/death! Un sacré batteur décidément ce Chris Morse!
Malgré un nom des plus communs, The Dead est clairement un groupe original à la personnalité marquée qui n'a pas envie de se laisser enfermer dans les carcans habituels.
Ritual Executions nous fait voyager entre death metal sombre et vicieux, doom lourd et hypnotique et sludge gras et groovy avec ce qu'il faut de talent dans les riffs et de surprises dans la composition pour ne pas se demander quand on arrive. J'avoue, je n'aurais pas été contre plus de vitesse et d'agressivité mais l'ambiance compense un peu ce petit manque. Tout comme les excellents riffs rattrapent certains passages plus banals et moins marquants qu'il est difficile d'éviter sur un album assez long. En tout cas, moi qui suis loin d'être un spécialiste et a du mal d'habitude avec ce qui se fait trop doomy (même si j'apprécie bien des groupes tels que Hooded Menace), The Dead m'a conquis. Nul doute que les amateurs devraient prendre encore plus leur pied!
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