chargement...

haut de page
Remontez pour accéder au menu
200 visiteurs :: Invité  » se connecter  » s'enregistrer

Cathedral - Soul Sacrifice

Chronique

Cathedral Soul Sacrifice (EP)
Quel pouvait donc être l’état d’esprit des musiciens de Cathedral après avoir sorti un album d’une aussi grande noirceur que leur premier et magnum opus, Forest of Equilibrium, qui fut cathartique pour eux également et qui avait sans doute du prendre son petit monde à contrepieds tant il était un sommet de tristesse, de lenteur, suffocant et tellement empli d’affliction pour ne pas laisser indemne toute personne qui l’avait écouté. Et il en fut de même pour les compositeurs de cet album, qui, loin de faire du surplace, a entrepris assez rapidement une certaine évolution, une grande constante chez les Anglais. C’est ainsi qu’un mois et demi seulement après la sortie du grandissime Forest of Equilibrium, Cathedral rentrait déjà en studio pour enregistrer le présent Soul Sacrifice, avec leur nouveau batteur Mark Ramsey Wharton, transfuge de Acid Reign comme Adam Lehan et Gaz Jennings. Et si l’on devait faire une métaphore pour ce qui est de ce disque, c’est bien celui d’un lent retour à la vie après s’être obstiné à rester dans l’ombre. Et plutôt que de brûler les étapes, les Anglais ont préféré enregistrer un EP avant de se lancer dans l’enregistrement de leur deuxième album; un rythme de croisière qu’ils auront pendant quelques années en alternant ces deux formats.

Si le monde n’était sans doute pas prêt pour Forest of Equilibrium, je ne sais pas s’il l’était tout autant pour accueillir ce Soul Sacrifice, car l’évolution entre cet album et le contenu de cet EP est assez flagrante, sans pour autant que ce ne fut un virage à cent quatre vingt degrés, ne vous méprenez pas. Il est bien entendu question de doom metal, avec toutes ses composantes caractéristiques, dont, bien évidemment la lenteur et la lourdeur. Et l’on sent bien qu’au niveau des tempi, le quintet est toujours capable de faire aussi rapide qu’un gastéropode, même si le rythme s’accélère tout de même de temps à autres, mais plus à la manière d’un rhinocéros en période de rut, comme sur Soul Sacrifice et sur Autumn Twilight. L’on est loin du monolithisme d’antan et surtout l’on est en pleine phase d’exploration de ses influences autant issues du doom metal traditionnel, et, de la sempiternelle dévotion à Black Sabbath, que les quelques références au progressif des années soixante dix que l’on sent poindre de temps à autres, je pense notamment sur Frozen Rapture et surtout sur le plus alambiqué Golden Blood. C’est bien cela que l’on ressent sur cet enregistrement, c’est que le groupe a décidé de commencer sa mue vers ce qu’il sera par la suite et pour ainsi dire jusqu’à la fin: à la fois ringard, hors du temps mais en ayant un temps d’avance sur tant de formations, et, surtout, capable d’avoir ce groove unique et ultime, qu’aucune formation ne pourra jamais copier et encore moins égaler. Et il n’y a d’ailleurs pas meilleure signe de cette évolution que le chant de Lee Dorrian qui n’est plus dans ce registre forcé et à la limite du grognement des précédentes réalisations, mais qui commence à se faire plus mélodique et chanté, avec toutefois cette diction caractéristique. L’autre signe d’évolution vient dans cette production plus claire, avec un son de guitares moins baveux, mais tout autant passéiste.

C’est ainsi que les Anglais déploient peu à peu leurs influences évidentes et étoffent de plus en plus leurs compositions, avec ces quatre titres qui ne se ressemblent pas les uns aux autres, c’est ce qui renforce l’intérêt de cette réalisation. Tout débute d’ailleurs, et comme un signe des temps qui sont en train de changer, avec une nouvelle version du titre Soul Sacrifice. Le titre court et bovin qui servait de respiration sur Forest of Equilibrium, se voit ici agrémenté d’un refrain et rallongé, tout en étant plus rapide que sa version originelle. D’ailleurs, la version japonaise de Soul Sacrifice est nantie d’une nouvelle version de A Funeral Request qui va dans ce sens. Mais l’on perçoit bien les changements en cours chez Cathedral vers quelque chose d’encore plus passéiste surtout bien plus groovy. Et cela se ressent tout autant, si ce n’est plus, sur Autumn Twilight, une des meilleurs compositions du groupe à mon sens, avec son introduction solennelle et son riff plus sabbathien que jamais, son duel de soli de guitares entre Lehan et Jennings et tous ces détails qui en font un camaïeux de mauve en lieu et place du gris qui dépeignait le mieux le passé encore récent du groupe, comme si la forêt pouvait être cet endroit magique et onirique où l’on peut s’adonner à la cueillette de champignons aux effets secondaires amusants. Bien entendu, la mue du groupe ne s’est pas faite aussi vite que l’on peut le croire, et Frozen Rapture prend un peu le contre pied du titre précédent avec un rythme bien plus lent et une ambiance bien plus morne, renforcée par l’utilisation judicieuse d’un orgue Hammond. Pour autant, l’on retrouve tout de même une petite accélération au milieu du titre, lancée par un des ces fameux « all right » de Lee Dorrian au moment où Ramsey tape sur une cowbell. Kitsch vous avez dit? Et ce disque se termine avec cette pépite méconnue qu’est Golden Blood (Flooding), première incartade du groupe dans des sphères plus progressives, pour un titre à tiroirs où apparaissent quelques passages aux acoustiques, venant contrebalancer la lourdeur ambiante, et avec une collection d’excellents riffs qui s’enchaînent sans temps morts et qui ont de quoi faire pâlir tout apprenti doomster.

Au final ce Soul Sacrifice remplit bien son office d’intermédiaire entre Forest of Equilibrium et The Ethereal Mirror puisque l’on y sent bien l’évolution entre le doom metal assez dépressif et unique du premier cité, et le doom metal d’obédience sabbathienne mais tout autant unique du second. Mais il ne faudrait pas restreindre ce Soul Sacrifice comme une sorte d’ébauche ou de brouillon. En effet, il faut surtout souligner que cet EP dévoile avec évidence la personnalité d’un groupe assez unique en son genre et que même en ayant emprunté des chemins moins obscurs et tortueux, il n’en garde pas moins une identité sonore unique. Lee Dorrian et consorts ont certes des influences qui sont palpables, mais il y a ici, outre des signes notables d’évolution, une inspiration et une fraîcheur unique. D’ailleurs, il ne faut pas se tromper, la moitié de cet enregistrement a fait partie de leur set-list pendant un long moment, ce n’est pas pour rien je pense, mais l’ensemble reste d’excellente qualité. Et c’est assez fou de se dire qu’en vingt cinq minutes et quatre titres, ce Soul Sacrifice comprend bien plus de choses et de talent que bon nombre de formations évoluant dans ce registre musical. C’était bien là toute la magie de Cathedral et il serait dommage de s’en priver de nos jours.

Doom or be doomed!

DONNEZ VOTRE AVIS

Vous devez être enregistré(e) et connecté(e) pour participer.

AJOUTER UN COMMENTAIRE

 
Vous devez être enregistré(e) et connecté(e) pour participer.
Cathedral
notes
Chroniqueur : 4.5/5
Lecteurs :   -
Webzines : (1)  2.5/5

plus d'infos sur
Cathedral
Cathedral
Doom Metal - 1989 † 2013 - Royaume-Uni
  

tracklist
01.   Soul Sacrifice  (04:35)
02.   Autumn Twilight  (05:50)
03.   Frozen Rapture  (06:12)

04. Golden Blood (Flooding) (08:09)

Durée : 24:46

line up
parution
20 Octobre 1992

voir aussi
Cathedral
Cathedral
Statik Majik (EP)

1994 - Earache Records
  
Cathedral
Cathedral
The Last Spire

2013 - Rise Above Records
  
Cathedral
Cathedral
The Carnival Bizarre

1995 - Earache Records
  
Cathedral
Cathedral
In Memorium (Démo)

1990 - Autoproduction
  
Cathedral
Cathedral
Caravan Beyond Redemption

1998 - Earache Records
  

Essayez aussi
Doomraiser
Doomraiser
The Dark Side of Old Europa

2020 - Time To Kill Records
  
Type O Negative
Type O Negative
World Coming Down

1999 - Roadrunner Records
  
Pillars
Pillars
Onward To Nothingness

2018 - Seeing Red Records
  
Purification
Purification
Perfect Doctrine

2020 - Autoproduction / Rafchild Records
  
Type O Negative
Type O Negative
October Rust

1996 - Roadrunner Records
  

Arise
The Beautiful New World
Lire la chronique
Terminal Violence
Moshocalypse
Lire la chronique
Mass Disorder
Hupokrisis (EP)
Lire la chronique
Oozing Wound
We Cater To Cowards
Lire la chronique
Lifeless Dark
Forces Of Nature's Transfor...
Lire la chronique
La photo mystère du 16 Décembre 2024
Jouer à la Photo mystère
Refore
Illusion of Existence
Lire la chronique
Dunkell Reiter
Thrash Never Dies
Lire la chronique
Agressor
Towards Beyond
Lire la chronique
La photo mystère du 1 Décembre 2024
Jouer à la Photo mystère
The Black Dahlia Murder
Servitude
Lire la chronique
Prestige
Reveal the Ravage
Lire la chronique
Witches
The Fates
Lire la chronique
La photo mystère du 16 Novembre 2024
Jouer à la Photo mystère
La photo mystère du 1 Novembre 2024
Jouer à la Photo mystère
Deceased
Children Of The Morgue
Lire la chronique
Enforced
A Leap Into The Dark (EP)
Lire la chronique
Muscadeath 2024
Lire le biographie
Ireful
Agents Of Doom
Lire la chronique
Muscadeath 2024 Jour 2
Aborted + Ad Patres + Disfu...
Lire le live report
Scumripper
For A Few Fixes More
Lire la chronique
La photo mystère du 16 Octobre 2024
Jouer à la Photo mystère
Morbid Saint
Swallowed By Hell
Lire la chronique
Machete Law
Chains of Despair (EP)
Lire la chronique
Scolopendra
Citadel Of Torment (EP)
Lire la chronique
Aggressive Perfector
Havoc At The Midnight Hour
Lire la chronique
La photo mystère du 1 Octobre 2024
Jouer à la Photo mystère
Armoros
Pieces
Lire la chronique
Laceration
I Erode
Lire la chronique
La photo mystère du 16 Septembre 2024
Jouer à la Photo mystère
Überserker
Ineffable Force of Will
Lire la chronique