Celestial Season - Mysterium I
Chronique
Celestial Season Mysterium I
Le doom / death de Celestial Season a toujours eu mes faveurs, d’aussi longtemps que je me souvienne. The Secret Teaching m’avait reconnecté avec Forever Scarlet Passion, avec cette époque où le catalogue Adipocere était l’un des seuls vecteurs de connaissance des groupes obscurs. L’arrivée de Mysterium I me réjouit de la même manière. Son écoute, elle, m’a transportée.
Le doom/ death classieux, ultra vintage, des Hollandais n’a rien perdu de sa superbe. Il demeure ce qu’il a toujours été (sauf la parenthèse stoner inutile) : aérien, profond, lumineux et sombre à la fois, technique et gorgé de feeling. Black Water Mirrors et The Golden Light of Late Day posent le décor et résument l’ensemble de la carrière du groupe en moins de 13 minutes qui paraissent 13 secondes. Les instruments à corde, véritable marque de fabrique du combo, subliment encore les structures quand les mélodies emportent littéralement l’auditeur.
La recette a beau être connue, mille fois pratiquée, elle fait toujours mouche tant le combo la maîtrise à la perfection. L’équilibre est juste et pertinent. La voix profonde de Stefan Ruiters, reconnaissable entre mille, apporte encore et toujours le contraste parfait entre les mélodies du violon, les enluminures du violoncelle et la lenteur de la rythmique. La progression rampante traduit bien la mélancolie qui habite le groupe de Nijmegen depuis ses débuts. La fin des morceaux est aussi soignée que leur départ, en témoigne le final de The Golden Light of Late Day à la guitare sèche presque folk/blues qui en magnifie l’issue.
Quelques morceaux plus courts (Sundown Transcends Us ; This Glorious Summer ; Endgame) placés au centre de l’album, tentent une incursion dans des territoires plus rock n’ roll, mais sans jamais se dépareiller de leur aura menaçante. Le groove demeure très présent, les guitares accélérant légèrement la cadence pour délivrer une approche un brin plus stoner. Quelques arrangements orientalisants (Sundown Transcends Us) plus loin, mêlés aux notes graciles du violon, aboutissent à dégager des ambiances opulentes, généreusement garnies de soli aériens, de rythmique atypique et de structures alambiquées (This Glorious Summer et son thème « tournoyant »). Endgame clôt le tryptique d’une manière plus « directe », mais de nouveau, sans renoncer aux thématiques « tournoyantes » hypnotiques et aux arrangements abondants (le pont central violon / violoncelle qui coupe radicalement le rythme, la voix growlée qui pèse sur les notes aériennes de ce pont).
L’album s’achève sur deux titres plus « ambiant », toutes proportions gardées. All that is Known est très grave, très profond, presque abyssale, la voix semblant provenir des profondeurs de la Terre alors que la structure est véritablement pesante, au sens presque physique du terme. Ultra lent, ce morceau repte ; les mélodies qui émergent des abysses le subliment de nouveau, comme un rai de lumière qui perce les nuages noirs. Magnifique, cet avant-dernier morceau est empli de tristesse et de mélancolie mais aussi d’une forme de clarté qui envahit tout l’espace sonore. Mysterium est plus dynamique mais conserve ce fil rouge mélodique, cette mélancolie propre au combo à laquelle s’ajoute une emphase nouvelle qui donne, de nouveau, une belle épaisseur au morceau.
Mysterium I ne déroge pas à la règle. Celestial Season accouche de nouveau d’un magnifique album qui comblera sans nul doute les amateurs de doom / death vintage, réalisé dans la tradition de l’Art et doté d’un son tout aussi vintage qui magnifie ses compositions.
| Raziel 3 Septembre 2022 - 1190 lectures |
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