Cela faisait bien longtemps qu'un hiver n'avait pas été aussi tenace et mouvementé. Véritable fléau logistique et financier, il n'en demeure pas moins une aubaine pour accompagner un calendrier de sorties doom/death qui a rarement été chargé de la sorte. Saturnus, Hanging Garden, Mourning Beloveth, October Tide, Officium Triste... J'en oublie probablement. Et pour bien enfoncer le clou, 2013 marque également le retour d'un outsider qui semblait avoir créé la surprise lors de son premier album en 2007 : The Fall of Every Season. 6 ans après
"From Below", ce projet solo emmené par Marius Strand entame l'étape de la confirmation avec ce pavé sobrement intitulé "Amends", une découverte pour moi qui marque probablement le début d'une longue histoire d'amour.
Je ne crois pas au coup de foudre. Je suis persuadé qu'une relation se construit et qu'elle dure par la volonté et non par le simple fait de la chimie. Toutefois, si "Amends" avait été une femme, j'aurais peut-être révisé mon jugement. Car ce second album du Norvégien frappe d'emblée par sa beauté et son charme, un album qui n'a besoin que d'une seule écoute pour vous captiver. Entre les lamentations d'une Swallow the Sun, la dureté d'un Slumber et les ambiances oniriques d'un Opeth, le doom/death de The Fall of Every Season trouve un chemin qui lui est propre où les sentiments se mélangent, passant sans arrêt de l'ombre à la lumière dans une atmosphère mélancolique incitant plus à l'introspection qu'à la dépression. A l'exception de l'instrumentale "A Portrayal", chaque titre dépasse les 11 minutes et prend ainsi le temps de distiller ce poison qui remplira votre âme jusqu'à la dernière note. Tristesse et solitude, voilà ce qui vous attend.
Honnête, la musique de The Fall of Every Season l'est assurément. Arrangements minimalistes, instrumentation basique, électronique inexistant, elle n'use d'aucun artifice pour se révéler. Sa beauté naît de sa simplicité, de la finesse de ses mélodies et de la musicalité de son géniteur multi instrumentiste. Le style repose avant tout sur les guitares que Marius met en avant tout au long de l'album : électriques ou acoustiques, elles portent à elles seules toute la puissance de ces 5 pièces, secondées par une voix d'une incroyable maîtrise, tant en hurlements qu'en chant clair, rappelant celle de Mikael Akerfeldt (excusez du peu). Ici et là, lorsque le moment s'y prête, quelques notes de piano viendront également renforcer l'impact émotionnel de certains passages. Si sur la forme "Amends" représente tout ce que l'on peut attendre d'un album de doom/death atmosphérique, la qualité du travail de composition n'en demeure pas moins impressionnante et réserve de belles surprises à chaque progression, ainsi que des temps forts nombreux et variés ("The Mammoth", "Aurelia", ...). Vous l'aurez compris, pas grand chose à déplorer ici : seul la fin de "The Mammoth" et "Come Waves" se sont montrés un poil en dessous de l'ensemble, mais rien qui n'entame significativement l'impression générale.
Ni original, ni prétentieux, "Amends" est un album humble et sincère qui n'a pas d'autre volonté que d'offrir une vision personnelle du désespoir. Certes, on aurait pu espérer un peu plus de folie, d'audace, je ne peux pas nier que cela manque ; cependant, ce choix artistique est compensé par un savoir-faire incontestable dans la construction de ces ambiances qui vous retourne le coeur. Pour moi, la plus belle surprise de ce début d'année dans le genre.
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