Austère.
C’est le mot qui vient directement en tête à l’écoute de ce premier album de Void Rot – plus que les influences évidentes que l’on aimera sans doute directement étaler.
En effet, inutile de dire ce qui tient de Asphyx, Krypts, Incantation ou Winter sur ces trente-huit minutes : les Ricains, assumant pleinement leurs influences, se les approprient sur
Descending Pillars pour en faire un tout homogène. Un peu à la manière de leurs regrettés camarades d’Atavisma – avec qui ils ont partagé un split – le propos n’est pas tant d’offrir une énième œuvre-hommage au death metal doomy (qui commence à en compter beaucoup) que de se servir de cette esthétique particulière pour l’emmener dans une direction propre. Et c’est, tout comme avec
The Chthonic Rituals, ce qui se goûte ici avec délice.
Dépassons donc ces plaisirs de connaisseurs parfaitement maîtrisés, cette batterie incapable de blaster, ces guitares qui s’ébrouent et s’étirent, heureuses de leur saleté, ou cette voix qui psalmodie ses invocations extra-terrestres. Concentrons-nous sur l’austérité, qui fait croire faussement au départ que Void Rot est un anonyme avant de souffler d’une claque tranquille, assurée et implacable, à la façon – puisqu’il faut bien situer – d’une certaine scène grecque au death metal pareillement terne et sans compromis. Oui, à mes oreilles, on est finalement plus proche sur
Descending Pillars des
Burial Hordes, des Dead Congregation, de ces apôtres qui avancent sans regarder derrière eux si on les suit, emportés par leurs visions d’éléments magnifiques et terrifiants, comme une autre réalité où le minéral est maître, l’animal absent, la gravité flottante. « Ce que vous voyez est ce que vous aurez » : avec ses roches lévitant au ras d’un sol stérile, son rouge calcaire qui transmet non pas une haine bien humaine mais un environnement hostile, l’illustration signée Timo Ketola est bien un indicateur de ce que réalise ici la bande.
Il y a, au-delà de cette ambiance prenante parcourant le long de
Descending Pillars, des éléments bien concrets que l’amateur de death-doom prendra plaisir à retrouver, à commencer par une cohérence d’ensemble, prenant le parti de ne pas épater sur un morceau en particulier mais d’engouffrer sur le temps long, par un déroulé plus que des moments. Void Rot, clairement, n’est pas de ceux composant des morceaux à laisser en pâture pour les teasers, les previews, mais bien de ceux qui ont confiance en ceux les écoutant pour chercher un peu plus loin, s’accrocher – il le faut, au départ – pour ne pas évacuer, en mode zapping, un peu trop vite ce qui parvient à trouver son « petit truc à lui ». Dans cette roche homogène, lointaine, semblant avancer vers le sol pour l’écraser sans jamais le toucher vraiment, il va falloir creuser.
Pour autant, on verra en
Descending Pillars l’œuvre d’un excellent faiseur, dont on espère un peu plus à l’avenir. Aussi bien tenu que court (« Monolith (Descending Pillars, Pt. II) » arrive si vite...), il donne à voir un death-doom aussi ambiancé que canonique qui se destine clairement aux amateurs (ces derniers seront certainement conquis). En résumé, j’ai hâte de voir si les Ricains se montreront capables, dans leurs histoires de planètes étranges où règnent les pierres, d’aller encore plus loin. Mais, en l’état, Void Rot se situe plus, puisque l’on baigne ici dans les images cinématographiques, dans le talent artisanal d’un Denis Villeneuve que dans le génie créatif d’un Stanley Kubrick. Pour un premier album, c’est tout de même plus que pas mal.
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