Charnel Altar - Abatement Of The Sun
Chronique
Charnel Altar Abatement Of The Sun
Attendu au tournant après la sortie en 2019 d’une première démo éponyme particulièrement encourageante à laquelle a succédé l’année suivante un split en compagnie de leurs compatriotes australiens de Carcinoid, Charnel Altar poursuit sa modeste ascension avec la parution le mois dernier de son premier album intitulé Abatement Of The Sun. C’est sur le label suédois Blood Harvest Records que le trio originaire d’Adelaide a cette fois-ci trouvé refuge. Pour l’accompagner dans cette étape importante, le groupe a sollicité les talents de Stewart Cole aka Rotten Realm Art (Contaminated, Noxis, Of Feather And Bone, Apparition, Internal Rot...) qui pour l’occasion signe ici une illustration plus lumineuse que ce à quoi Charnel Altar nous avait jusque-là habitué. Une oeuvre néanmoins toujours très torturée qui va mettre à l’honneur ce soleil évoqué dans le titre de l’album. Côté production, pas de changement à signaler puisque ce sont une fois encore Jon McNichol (enregistrement et mixage) et Dan Lowndes (mastering) qui sont venus apposer leurs marques sur le son des Australiens.
Du haut de ses quarante-sept minutes et six nouvelles compositions, Abatement Of The Sun s’impose comme un premier album particulièrement généreux et surtout relativement exigeant. En effet, s’il se glisse sans mal parmi les albums Death / Doom de l’année 2021, celui-ci s’inscrit néanmoins dans une démarche quelque peu différente de celles proposées par Dream Unending, Worm, Mortiferum, Hooded Menace, Burial ou bien encore Civerous avec qui il partage le podium de fin d’année. Beaucoup plus dense et cradingue que la majorité de ses camarades de promotion, il se dégage en effet de la musique des Australiens quelque chose de beaucoup plus hypnotique et suffocant qui va rendre l’immersion forcément un petit peu plus compliquée et douloureuse et ainsi nécessité d’enchaîner les écoutes attentives pour espérer être pleinement assimilé.
De cette production organique et particulièrement dense à ces riffs dissonants qui bourdonnent et menacent l’auditeur d’une terreur indicible en passant par ce growl abyssal et lointain, ces cris inquiétants et aliénés, ces ambiances étouffantes et absolument infernales, ces séquences plombées et particulièrement menaçantes ou bien encore ces quelques accélérations tout aussi inattendues et subites que profondément essentielles à l’équilibre de ce premier album et à la santé mentale de tous ceux qui choisiront de poser en tout état de cause leurs oreilles sur cette monstruosité, Charnel Altar n’est clairement pas là pour nous ménager, nous prendre par la main et nous rassurer sur ce qu’il s’apprête à nous faire vivre ou plutôt endurer. Car Abatement Of The Sun ne ressemble en rien à une partie de plaisir mais plutôt à une véritable descente aux Enfers qui ne laissera évidemment personne indifférent et qui d’une certaine manière est à rapprocher de ce que l’on a déjà pu entendre par le passé chez quelques uns de ses compatriotes comme Portal, Impetuous Ritual ou bien encore Grave Upheaval...
Et si rien de ce que propose aujourd’hui Charnel Alter ne révolutionnera donc le petit monde obscure et pesant de tous ceux ayant déjà fait l’expérience douloureuse de ces quelques groupes nommés précédemment, difficile néanmoins d’enlever au trio la portée de son propos qui effectivement entre séquences particulièrement suffocantes (l’entame de "Grave Totem" ainsi que sa dernière séquence, "Vexation Of Sorrow" à 0:52, "Slaughter" à 0:41 et 3:16, la dernière partie de "Wormworld"...) et décharges explosives pour le moins cadencées ("Grave Totem" à 2:02, les premières mesures de "Vexation Of Sorrow" ainsi qu’à partir de 4:47, le début de "Slaughter" puis plus loin à compter de 1:10, 2:25 et 7:20, "Wormworld" à 2:56, "Malefic Blessings" à 1:47 et 5:16...) ne manque certainement pas de convaincre ni de séduire. Et si cette dualité s’impose par nature comme une composante essentielle à n’importe quel album estampillé Death / Doom, celui proposé par le trio tend néanmoins à se distinguer des autres en cultivant d’une certaine manière ce qui fait de l’Australie ce pays hors-norme au moins en matière de musiques extrêmes. En effet, comme souvent avec la plupart de ces groupes, il y a quelque chose de sale et de profondément dérangeant chez Charnel Altar. Une crasse sous-jacente ainsi qu’une espèce de psychose sournoise et insidieuse qui très vite va instaurer une ambiance épaisse et moite ainsi qu’une sensation de malaise particulièrement tangible. S’il s’agit bien entendu d’un sentiment général, il semble pourtant évident que le riffing menaçant et diffus dispensé par la formation ainsi que cette basse organique et bourdonnante y sont pour beaucoup dans cette appréciation.
C’est ainsi qu’après une première démo et un split particulièrement encourageants, Charnel Altar vient confirmer d’une main de maître tout le bien que l’on pensait déjà de lui. Alors effectivement il n’y a dans ces quarante-sept minutes pas grand chose de neuf à se caler sous la dent dans la mesure où l’on va retrouver pas mal de similitudes avec d’autres formations australiennes telles que Portal ou Grave Upheaval et oui, il faudra probablement se donner un peu de peine pour espérer pénétrer les méandres de ce Death / Doom extrêmement suffocant et surtout très dangereux psychologiquement. Mais c’est justement tout cela qui fait d’Abatement Of The Sun l’une des sorties 2021 les plus intéressantes dans le genre puisqu’à sa manière celle-ci va réussir à se distinguer de celles évoquées un petit peu plus haut en abordant l’exercice d’une manière qui n’appartient qu’à lui (malgré quelques traits de caractères partagés avec Worm, Mortiferum ou bien encore Civerous). Bref, dans le genre sale et étouffant, ce premier longue durée de Charnel Altar se pose aisément comme l’une des références 2021 en la matière. Certes, Antediluvian et Portal se sont tous les deux montrés largement à la hauteur de leur réputation mais en matière de Death / Doom, il y a dans ce Abatement Of The Sun quelque chose de tout aussi repoussant et attirant qui ne devrait pas manquer d’interpeller voir de séduire ceux qui se donneront la peine de pénétrer l’univers inquiétant et torturé des Australiens.
| AxGxB 12 Janvier 2022 - 1026 lectures |
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