Charnel Altar - Charnel Altar
Chronique
Charnel Altar Charnel Altar (Démo)
On a pas mal parlé de l’Australie ces dernières semaines avec les chroniques de Faceless Burial et Gutless. Du coup, autant continuer sur cette lancée en abordant aujourd’hui le cas de Charnel Altar, une formation vraisemblablement originaire Adélaïde et dont on sait assez peu de choses si ce n’est qu’elle évolue sous la forme d’un trio. Pour le reste, il faudra s’armer de patience car pour le moment, ce sont à peu près les seules informations qui aient réussi à fuiter, en tout cas du côté de Metal Archives…
Le groupe a ainsi sorti début janvier via Bandcamp sa toute première démo. Une version d’abord numérique à laquelle est venue s’ajouter ensuite début mars une édition cassette signée par le label Desert Wastelands Productions à qui l’on doit également quelques sorties tout aussi gratinées (Tenebro, Encoffinized, Astriferous, Boethiah...). Du haut de ses quatre titres, cette démo éponyme vient fricoter allègrement avec la demi-heure, suggérant ainsi que les Australiens sont plutôt du genre à faire traîner leurs riffs et à plomber l’ambiance plutôt qu’à la jouer gros bras se contentant de foncer dans le tas tête baissée…
Une hypothèse bien vite confirmée par ce "Caverns Of The Hypogeum" qui sert ici de porte d’entrée à l’univers de Charnel Altar. Un titre de plus de huit minutes qui par ses méandres tourmentés laisse entrevoir certaines prédispositions toutes naturelles pour un Death/Doom lugubre, rampant et particulièrement désespéré. Une descente aux Enfers dans l’obscurité la plus totale. Une sensation d’étouffement particulièrement oppressante qui ne va jamais nous quitter tout au long de cette triste et infernale virée.
Avec sa formule, Charnel Altar ne cherche pas en tout cas à remettre en cause quoi que ce soit, sa musique prenant racine dans un Death/Doom antique plombé ici par la chaleur assommante du bush australien. Ces sonorités étouffantes évoquent ainsi le danger et la détresse de ces paysages arides et craquelés qui s’étirent à perte de vue sur des territoires désolés et hostiles parfois plus grand que la France. Oui, vous crèverez là, seul, bouffé par toutes ces putains des bestioles rampantes après vous être complètement desséché la couenne. Triste monde tragique...
Riffs pesant le poids d’un âne mort qui traînent, s’éternisent et répètent presque inlassablement le même pattern, batterie sinistre et résignée dont la cadence nonchalante invite à la dépression et au suicide, basse saturée et rugueuse qui vous démange la peau jusqu’au sang, growl carnassier et profondément bestial situé légèrement en retrait telle une menace qui rôde dans l’ombre, indicible et pourtant bien réelle, chant plus arraché, presque maladif... Et entre tout cela quelques variations et autres fulgurances particulièrement bienvenues qui, à leur manière, vont permettre d’offrir quelques appels d’air dans cette infernale plongée dans les entrailles de la Terre. Que ce soit ces accélérations franches et très nettes ("Caverns Of The Hypogeum" à 3:04, 6:01 et 6:56, "Universal Supplication" à 0:14 et 3:18, le début de "Acephalic Worms" ainsi qu’à 4:05, "Necrotic Vaults" à 2:08) ou bien ces soubresauts révélant alors au passage un certain groove presque pataud et en tout cas particulièrement nauséabond ("Caverns Of The Hypogeum" à 6:26, "Universal Supplication" à 0:40 et 1:56), ces séquences permettent de rompre avec cette douce et morose monotonie (vitales sur un titre comme "Necrotic Vaults"). Une manière de faire qui n’est pas sans rappeler celle des Américains de Spectral Voice et pourquoi pas celle les Suédois de Swallowed dans cette ambivalence tout à fait schizophrène.
Débarqué sans crier gare, Charnel Altar livre avec cette première démo un petit condensé d’obscurité pour lequel les adeptes de Death/Doom ne devraient pas manquer de s’enthousiasmer. En tout cas, vu la qualité des quelques compositions dispensés ici par le groupe australien, je serais très étonné que l'on n’en entende pas parler davantage dans les mois à venir. En attendant assurez-vous de ne pas être à la traîne et filez écouter tout ça histoire, comme Charnel Altar, de noyer votre désespoir du quotidien dans quelque chose de tangible. Bon courage.
| AxGxB 28 Mars 2019 - 885 lectures |
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