Unearthly Rites - Ecdysis
Chronique
Unearthly Rites Ecdysis
Si la Finlande est sans doute le pays au monde qui compte le plus de formations Metal par habitant la tendance s’est clairement accélérée ces dernières années, et si cela était le cas dans le Black c’est désormais le Death qui voit l’émergence d’une quantité incroyable de nouveaux noms dont la qualité ne déçoit que rarement. Si l’on a pu voir émerger ces temps-ci les féroces et redoutables DISGUISED MALIGNANCE, CRYPTIC HATRED ou encore TRAMALIZER, il va falloir compter aussi sur UNEARTHLY RITES qui déboule avec sa musique joyeusement régressive et sans fioritures, où le feeling et l’ambiance grasse et humide prennent le pas sur le reste. Cependant ici le quintet va largement lorgner vers ses compatriotes de CORPSESSED, tant il va régulièrement mettre en avant des passages Doom pachydermiques et rampants au possible afin de montrer qu’il maîtrise parfaitement son sujet quelle que soit la vitesse enclenchée... et ce malgré son jeune âge. Car une fois encore on est en présence d’une pouponnière particulièrement inspirée et vindicative, où l’on va être soufflé par l’énergie qui se dégage ici et de l’odeur de mort qui remplit en permanence l’espace... notamment par la prestation vocale habitée de la chanteuse ainsi que par la bassiste bien présente dans le mixage, et dont l’influence de Jo Bench de BOLT THROWER n’est sans doute pas un hasard.
Car le côté cradingue et rudimentaire de cet album (aidé par une production granuleuse et résolument old-school) a des faux-airs aux fameux « In Battle There Is No Law ! » et « Realm Of Chaos » du combo britannique, tout en gardant une touche typiquement finlandaise qui émerge dès la fin de l’intro via le monstrueux « Deep Drilling Earth’s Crust » qui va jouer directement toute la palette technique de l’entité. Mettant directement toute sa virulence au service d’une folie destructrice menée à fond la caisse celle-ci côtoie des plans ultra-lourds et écrasants où l’envie de headbanguer se fait immédiatement sentir (tout comme sur les passages mid-tempo redoutables d’efficacité) qui jouent allègrement les montagnes russes. D’une noirceur absolue cette première plage est une réussite intégrale et dévoile également un groove implacable et insolent, qui va d’ailleurs rester présent en permanence sur les morceaux suivants qui vont là-aussi ne pas s’éterniser sur la durée afin de garder leur intensité. Si cette ouverture avait vu le tempo aller très rapidement sur certains plans au contraire « The Master’s Tools » va ralentir tout ça, en privilégiant les passages au ralenti et presque doomesque tout comme en médium parfaits pour secouer la tête, et ajouter ainsi de la graisse et de l’humidité à une musique qui pourtant n’en manquait pas. D’ailleurs ce constat va se partager dans la foulée via le tentaculaire « Ecdysis » encore plus groovesque et basé sur l’alternance régulière entre les passages rampants les plus redoutables avec d’autres plus massifs et écrasants, prouvant que la bande est à l’aise quelle que soit la rythmique déployée.
Et toute la deuxième partie de cette galette va conforter cette excellente impression entendue jusqu’à maintenant, avec tout d’abord l’équilibré et redoutable « Capitalocenic Nightmare » aux délicieux accents Crust, et où la crasse du Punk et son minimalisme émergent au niveau des riffs. Sans perdre d’ailleurs en attractivité les finnois vont aller progressivement vers une simplification encore plus flagrante de leur écriture, via tout d’abord le très court mais varié « Fuck Ecofascism » qui en à peine plus de deux minutes trouve le moyen de sortir toute la palette technique de ses auteurs, sans que cela ne tombe comme un cheveu sur la soupe vu que la cohérence est encore bien présente. Même constat pour « New Venus » et « Sacrifice Zones » où ça envoie la sauce de tous les côtés que ce soit à fond les ballons comme en mode train de sénateur... tout ça avec encore cette facilité à faire quelque chose de rentre-dedans et simplissime sans pour autant être linéaire et ennuyeux, preuve en est la conclusion intitulée « Doomed » qui malgré sa plus longue temporalité offre une dernière salve de grand-écart impeccable pour terminer dignement cet enregistrement, qui file à toute allure telle une déferlante de vagues dans la tempête.
Si l’on pourra reprocher une fois au bout d’une certaine interchangeabilité dans l’exécution comme l’écriture tout cela n’est finalement qu’assez secondaire, tant la fougue de la jeunesse et son côté instinctif font largement oublier ce petit défaut dont on ne tiendra pas rigueur. Car pour le reste on est largement emballé par ce premier opus qui dévoile un très gros potentiel qui en a sans doute encore gardé sous la semelle, et cela est plus que motivant pour la suite de leurs aventures musicales qui s’annonce radieuse si ça continue comme cela. Brutal, putride et haineux au possible cet album a tous les arguments qu’il faut pour convaincre les puristes comme la nouvelle génération, qui apprécieront l’énergie déployée autant que l’intégrité absolument sans faille... où l’authenticité et l’hommage à une certaine vision pure du style se fait sentir de bout en bout. Autant dire qu’on ne peut être que bluffé par cette sortie qui marquera l’année de son empreinte et fera clairement partie du haut du panier produit cette année par la nation des mille lacs et des forêts immenses, qui a sans doute encore bien des surprises à nous réserver et de nouvelles têtes prêtes à nous décrasser les oreilles pour notre plus grand plaisir... et à ce petit jeu on comprend mieux pourquoi les toujours inspirés Prosthetic Records ont signé ces pitchounes ici présentés.
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