Mouflon - Pure Filth
Chronique
Mouflon Pure Filth
Cousin éloigné du bouquetin, chamois, mouton et autres ovins le mouflon est un animal vivant dans les montagnes où il s’épanouit au grand-air, loin des polder néerlandais d’où provient ce quintet au nom qui a de quoi surprendre et presque faire rire. Car si ça continue bientôt on aura droit à des formations répondant aux noms de cheval, chèvre, vache et autres animaux faisant la joie du salon de l’agriculture et des gastronomes en général. Pourtant malgré cette dénomination un tantinet ridicule (à l’instar de son logo) il serait regrettable de ne pas se pencher sur ce deuxième opus du combo d’Arnhem qui a pas mal d’arguments à faire valoir, via un bon vieux Death/Doom des familles au son typiquement local et qui fait du bien par où ça passe. Si ces vieux briscards bataves restent quasiment inconnus par chez nous - malgré une décennie d’activité et un premier opus sorti en 2018, il n’est jamais trop tard pour découvrir ce qu’ils produisent et le moins que l’on puisse dire c’est qu’en à peine une demi-heure ils vont étonner et marquer un gros coup en ce début d’année. Désormais signés chez leurs compatriotes de Raw Skull Recordz (qui se montrent particulièrement productifs ces temps-ci) ils signent un nouveau long-format imparable où la variation des tempos est de mise et où la simplicité d’écriture est constante, sans pour autant être linéaire et répétitive.
En effet l’équilibre des forces entre passages lents pachydermiques avec ceux plus enlevés et explosifs va être d’une régularité à toute épreuve, portés par de nombreux moments où l’on est pris d’une furieuse envie d’en découdre autant que de remuer la tête. Preuve en est l’excellent départ intitulé « Filth & Violence » qui montre un dynamisme redoutable (que l’on va retrouver d’ailleurs sur chacune des huit compos ici présentes) où l’alternance rythmique va faire des dégâts et où l’on entend la sobriété générale, portée par une production à l’ancienne et des guitaristes qui vont se faire plaisir autant sur les riffs que sur les nombreux solos (ceux-ci n’hésitent pas à durer et s’allonger pour notre plus grand plaisir). Cela va être d’ailleurs une constante tout au long de l’écoute où les leads à la fois mélodiques et acérés vont facilement trouver leur place, que ce soit lors d’envolées énergiques autant que sur des plans plus suffocants et rampants qui ne cessent de s’entremêler en continu. Plus proche musicalement d’ASPHYX que d’EXTREME COLD WINTER l’entité va reprendre ce même schéma directeur dans la foulée de cette première plage, via les très bons et entraînants « Wolves Among The Sheep » et « Ode To The Beast Inside » où ça varie entre coups de pression réguliers et pédale de frein poussée presque au maximum, densifiant ainsi l’ensemble sans que l’un ou l’autre ne s’étire trop longtemps afin de ne pas lasser l’auditeur. Il faut dire qu’avec un seul titre au-delà des quatre minutes les flamands privilégient l’efficacité et la sobriété, un choix payant tant on ne s’ennuie jamais et ce même quand on sent que le riffing ou les patterns du marteleur sont recyclés et repris régulièrement comme sur « Death By A Thousand Cuts », « Weak Modern World » et « Mental Prison », qui restent cependant redoutables et ultra-efficaces.
Même si cela peut sonner interchangeable l’ensemble est quand même d’une homogénéité sans failles et particulièrement addictif, surtout quand les gars n’hésitent pas à offrir un soupçon de variété supplémentaire ou en privilégiant une facette plus qu’une autre. Cela est flagrant sur le très bon « Primordial Human » où le mid-tempo est mis en avant de façon très avantageuse, offrant un rendu guerrier et épique fort sympathique et où l’on est pris d’une irrésistible envie d’en découdre, tout comme avec l’écrasant et obscur « The Relentless Process Of Decay ». Outre être le plus long titre de cet album il dévoile surtout une facette lente et doomesque plus prépondérante mais jamais pantouflarde, où les accélérations ne sont néanmoins pas oubliées afin de garder cette densité et équilibre qui ont fait leurs preuves depuis le début et qui ne lassent jamais.
Sans jamais baisser en intérêt au fil du temps cette sortie fringante et rythmée confirme le nez creux qu’a actuellement le label de Schoonebeek en sortant cette galette qui ne comporte pas de faiblesses majeures à défaut d’être franchement mémorable, tant on a parfois le sentiment d’écouter un peu la même chose. Néanmoins rien de grave tant on est en présence d’une vraie découverte qui mérite qu’on y pose une oreille voire les deux, confirmant que la sobriété a du bon et que l’acharnement de ses membres (qui ont tous un gros vécu dans l’underground local) a fini par payer vu qu’ils vont aujourd’hui bénéficier d’une mise en lumière méritée. Comme quoi malgré le temps qui passe la scène extrême du royaume de Willem-Alexander reste assurément une des plus vivaces et qualitatives du vieux continent, qui perpétue une certaine vision pure du genre qui fait franchement du bien et dont on continue de savourer chacune de leurs nouveautés.
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