Il n'est pas toujours bon de faire les choses à l'envers, notamment en musique car la majorité des groupes ont tendance à s'améliorer au fil du temps, mais ça n'est heureusement pas une vérité absolue. Ca fait maintenant un moment que je suis Katatonia, depuis la sortie de
"Tonight's Decision" en 1999 et j'ai rarement été déçu par le suédois. Mais peut être par peur de l'être, j'ai mis du temps à oser entrer dans la première période du groupe, sa période dark metal (jusqu'en 1997). Et lorsque l'on découvre
"Brave Murder Day", un des albums les plus emblématiques du combo (et c'est loin d'être un hasard), on est tout de suite rassuré...
De
"Brave Murder Day" à "Dance Of December Souls" il n'y a qu'un pas qu'il ne faut surtout pas oublier de franchir sous peine de passer à côté de quelque chose de grandiose, chose que je n'ai malheureusement pas fait assez tôt. Les préjugés et autres chroniques peut élogieuses que j'avais pu lire sur cet album se sont envolés dès les premières minutes de "Gateways Of Bereavement". Cet album est tout simplement magnifique et surtout unique dans la discographie des suédois.
A cette époque, on retrouvait déjà deux des membres que compte le groupe actuellement, à savoir Blackheim (Anders Nyström) à la gratte et Lord J. Renkse (Jonas Renkse bien sûr) à la batterie et au chant, la basse étant jouée par Israphel Wings. Et pour ne pas sortir du cercle des connaissances, cet album a été enregistré aux studios Unisound par un certain Dan Swanö dont on voit bien qu'il s'agit là de ses débuts, l'enregistrement étant quelque peu approximatif. Et pour rester dans l'approximation, on peut parler du chant de Jonas, ou plutôt des hurlements de Jonas à la voix éraillée et absolument non maîtrisée.
Mais bon, pour apprécier cet album, il ne faut pas rester sur ces détails de forme. Emotionnellement parlant, "Dance Of December Souls" atteint des sommets. Les compositions sont très atypiques pour le groupe, très lourdes, longues et progressives (bien loin des durées formatées d'aujourd'hui), aux atmosphères très froides et mélancoliques. Le plus étrange dans tout ça vient de l'utilisation assez fréquente du claviers bizarrement très bien intégré et pas du tout ridicule (comme on peut en entendre sur des albums de metal de cet époque), qui ajoute une dimension vraiment particulière à l'ensemble. Musicalement, on retrouve déjà les mélodies fouillées des suédois qui ne jouent pas encore sur les dissonances, penchant plus vers les escapades oniriques des premiers Opeth ("Orchid" notamment), la noirceur en plus. Alors on peut ne pas aimer la voix très spéciale de cet album, mais personnellement, pour rien au monde je n'y changerai quoique ce soit. La chant torturé de Jonas transpire la sincérité, la tristesse, le désespoir, des cris perdus au milieu de nulle part qu'on ne peut entendre que sur cet album.
Ce premier album est sans conteste un des albums les plus touchants de Katatonia, mais aussi un des plus réussis. Un album sans prétention et sans artifices, témoignage touchant, profond et sincère d'un groupe au début de son art. Difficile à trouver et peu recommandé, il n'en reste pas moins un album incontournable pour tout adorateur du combo suédois, voir pour tout amateur de musique sombre et dépressive.
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