Où Atavisma est enfin sur disque ce qu’il est en concert.
Ho, ne croyez pas que je critique tout ce que le groupe a sorti jusqu’à ce premier album ! Mais son death metal fortement marqué par le doom, au demeurant sympathique et respectueux des codes du genre (ce qui n’est jamais un défaut quand on parle death metal), prenait essentiellement toute sa saveur sur scène. Le souvenir d’une prestation mémorable à l’Up & Down de Montpellier et sa cave bondée en tête, où la chaleur étouffante collait à l’ambiance volcanique et étrangement punk de la performance des Français, difficile pour moi de ne pas attendre plus de la démo (
Where Wolves Once Dwelled, chroniquée par AxGxB en ces lieux) et l’EP (
On the Ruins of a Fallen Empire) que la bande avait à son actif à l’époque. Pourtant, l’impression d’avoir affaire avec des jeunes ayant déjà tout compris à ce qui fait l’attrait de ce death metal sulfureux, marqué par les atmosphères lovecraftiennes, m’avait poussé à garder un œil sur leurs activités.
Et à raison !
The Chthonic Rituals est exactement ce que j’attendais d’Atavisma. Passée une introduction cacophonique et tentaculaire, les morceaux « Extraneous Abysmal Knowledge », « Sacrifice unto Babalon » et « Invocation of Archaic Deities » ne laissent aucun doute sur le fait que les Parisiens ont enfin capté totalement ce que leur passion pour le death metal transpire sur les planches : punk dans une exécution nerveuse et sans fioriture, doom dans ses breaks fatidiques et ce caractère inexorable, fataliste, que sa brutalité cache derrière les blasts, l’album mélange ce que les essais préparatoires présentaient autrefois de façon plus éclatée et timide, pour un résultat simplement ravageur ! Impossible par exemple de passer sous silence ce chant d’outre-tombe, incompréhensible et jouissif, léchant de sa langue inconnue (de l’anglais, paraît-il – mais plus proche d’un appel à Cthulhu à mes oreilles engluées), ainsi que ces guitares au son délicieusement barbouillé, abrasif, incolore et pâteux à la fois, où l’amateur bavera avec appétit devant ces riffs qui, de bout en bout, tartinent d’envie dans leur étalage aussi accrocheur que déglingué.
En effet,
The Chthonic Rituals s’adresse avant tout aux dits-fanatiques, chercheurs compulsifs d’un death metal typique, enfant d’Incantation, où épancher sa soif de sauvagerie et d’occultisme vécu comme une épée de Damoclès sur la tête d’humains regardant les étoiles d’un air inquiet. Classique aussi bien sur le fond que la forme, Atavisma tire son épingle du jeu par une fraicheur à jouer son death metal bouillant, une ferveur qui allie peinture d’un monde au bord de l’invasion par des forces inconnues et efficacité ayant la simplicité d’un pied-bouche. C’est d’ailleurs quand il quitte les lignes tracées avant lui qu’il convainc le moins, lors d’un « Monoliths » plus lancinant et mélodique, m’évoquant une formation comme
Solothus, où le temps se fait plus long, là où le groupe étonne ailleurs par sa capacité à rebondir et entrainer avec lui sur des durées jouant l’endurance sur le papier.
Il n’y a pas grand-chose de plus à dire au sujet de
The Chthonic Rituals. Présentant l’horreur de l’inconnu de façon déjà connue, il sera un longue-durée de choix pour qui adore son death metal aussi jouissif qu’entêtant dans ses ambiances surnaturelles avançant telles un va-t-en-guerre. Car ces quarante-neuf minutes ont eu bien raison de mettre le doom metal qu’aiment les Français majoritairement en filigrane, et non plus présenté frontalement comme cela était le cas auparavant : contaminant même les moments les plus intenses de ce premier album, il prend progressivement davantage de place en fin, l’annonce d’une victoire funeste se faisant de plus en plus prégnante. Un dernier point qui prouve que, clairement, derrière une spontanéité rattrapant largement les quelques baisses pouvant se sentir ça ou là, Atavisma possède déjà une maîtrise du death metal qui augure du meilleur pour la suite.
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