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My Dying Bride - Like Gods Of The Sun

Chronique

My Dying Bride Like Gods Of The Sun
Like Gods Of The Sun, le mal-aimé, le sous-estimé ! Il faut dire qu'il n'a pas de bol le pauvre, à être ainsi coincé entre le mièvre-mais-pourtant-adulé The Angel And The Dark River et le détesté-puis-réhabilité 34,788 %... Complete. Et pourtant, il est sans doute mon album préféré de My Dying Bride, pour des raisons plus ou moins personnelles, la principale étant que c'est avec lui que j'ai découvert le doom.

Je n'étais donc pas membre de ces metalheads froufroutées charmées par les pleurnicheries de son prédécesseur mais je les comprends, Like Gods Of The Sun jouant sur un contraste qui a du en rebuter plus d'un. A ma gauche, l'album le plus direct et « simple » des Anglais : les mélodies sont moins étalées, jouées sans fioritures, le groupe ayant poussé le vice jusqu'à augmenter le tempo par rapport à son jeu habituel (utilisation de la double-pédale sur « Like Gods Of The Sun » ou « Grace Unhearing » par exemple). La musique est concentrée sur le quatuor batterie/basse/guitares, le violon et surtout les claviers n'apparaissant que sporadiquement. Même Aaron se met en retrait, bien que supportant la plupart des parties, il ne s'étend plus comme sur The Angel And The Dark River, préférant déclamer ses textes d'une voix grave ou hachée, une sobriété présente jusque dans les moments lyriques (« Here In The Throat »). Les morceaux sont plus courts qu'à l'accoutumée, dépassant rarement la barre des sept minutes (on ne rigole pas au fond, c'est court pour du My Dying Bride !), mais loin d'être linéaires, les riffs étant surprenants et empilés sans transitions (« The Dark Caress »).

A ma droite, une production étrange : étonnamment puissante, elle compresse, réduit à néant tous débordements émotionnels, étouffe les rayons des quelques aérations atmosphériques disséminées ça et là (ça étant « The Dark Caress » et là « A Kiss To Remember »). Un mur de guitares sans aspérités, une batterie froide et un chant semblant éteint donnent une impression de vide impénétrable, là où les compositions prétendent au catchy. Il suffit d'écouter « It Will Come » où une ligne de basse est supplantée par une guitare crispante à être si heavy (j'ai beau m'y attendre, à chaque fois je sers les dents) pour s'en convaincre.

Mon tout est un paradoxe : captivant et rebutant, surgonflé et nu (pas de growls à l'horizon), Like Gods Of The Sun possède une ambiance à part, faite de vampires drogués aux anabolisants et Go Sport transylvanien, une chose que l'on ne trouve pas dans les autres créations de la fiancée mourante et que je n'ai ressenti autre part. Car ce son est une erreur, certainement nait d'une volonté abusive d'en mettre plein la tronche, une maladresse géniale. Il draine, hypnose sans possibilité de faire corps avec lui, transforme les orchestrations de Martin Powell en instruments sadiques (pour sa dernière prestation chez les Anglais, ce dernier n'a pas démérité, ses apparitions sur ce disque étant parmi ses plus marquantes). La menace rôde sans qu'elle n'apparaisse franchement, à l'image de ces sièges de guerre où l'assaillant coupe tout soutien, cloisonne les routes d'approvisionnement, attend la reddition d'une victime épuisée aussi bien mentalement que physiquement. Raaah ces riffs qui sont des mosh part en slow motion, cet orgue carnassier, ces couplets aux dents longues et cette délicatesse sous-jacente, cette finesse de dandy se jetant sur ta carotide… Du Anne Rice-core, rien de moins !

Ah, évidemment, Like Gods Of The Sun est beau, horriblement beau car avec parcimonie et toujours sans prévenir, mais il y a assez de paradis ici pour te rappeler que tu es au purgatoire. D'ailleurs, les plus attentifs auront remarqué que je n'ai pas parlé de « For You » et « For My Fallen Angel » et je n'en ferais rien, à part leur susurrer que si l'un de mes biographes se demande pourquoi je recherche la tristesse dans la musique quelle qu'elle soit, un élément de réponse se trouve dans ces deux titres. Je pourrais m'en sortir en les affublant d'une tirade romantico-religieuse que j'aime tant mais parfois, se taire est plus parlant. Et moins dégradant.

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My Dying Bride
Death / Doom
1996 - Peaceville Records
notes
Chroniqueur : 9/10
Lecteurs : (17)  8/10
Webzines : (13)  7.89/10

plus d'infos sur
My Dying Bride
My Dying Bride
Death / Doom - 1990 - Royaume-Uni
  

tracklist
01.   Like Gods Of The Sun  (05:41)
02.   The Dark Caress  (05:58)
03.   Grace Unhearing  (07:19)
04.   A Kiss To Remember  (07:31)
05.   All Swept Away  (04:17)
06.   For You  (06:37)
07.   It Will Come  (04:28)
08.   Here In The Throat  (02:21)
09.   For My Fallen Angel  (05:55)

Durée : 54:07

line up
parution
7 Octobre 1996

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