Oceanwake - Sunless
Chronique
Oceanwake Sunless
Une éclipse solaire n'est pas un événement auquel on peut assister tous les jours, même partielle. La dernière s'est déroulée vendredi dernier aux alentours de 10h mais nous habitants de l'Ile de France n'avons eu droit qu'à une lumière tamisée sous une couche de nuage aussi fournie que celle d'un enfant de 3 ans sortant de constipation. Quand on sait que la prochaine sera dans une dizaine d'années, il y a de quoi avoir les boules. Alors pour refaire le match, que diriez-vous de vous plonger dans l'univers glacé d'une jeune formation finlandaise visiblement habituée à vivre dans l'obscurité ? Après un premier album "Kingdom" sorti en 2013 et plutôt bien accueilli par la critique, le groupe s'attaque à l'exercice délicat du second essai, un album qui porte décidément bien son nom.
"Sunless" ne fait pas partie de ces oeuvres qui font voyager ou vous transportent. Au contraire, comme une sorte d'artefact, il fige le temps, capte quelques images de notre présent, se nourrit de sa lumière et ne vous laisse que ce qu'il reste. Il est un rideau de pluie opaque et persistant, une nuit qui n'en finit plus, un monde froid et sans couleur. Cette parenthèse dans votre vie ne vous évoquera pas une souffrance personnelle ; détachée de tout, elle nous fait prendre un peu de hauteur et ressentir le vide d'une existence dénuée de sens, sans beauté, sans chaleur. Malgré sa jeunesse, Oceanwake sait délivrer un message. Son style alternant doom/death et post-metal frappe juste, me faisant penser à du Nahemah sous Tranxène, très mélodique, très travaillé avec également une petite touche progressive. A l'instar de nos voisins Italiens, leur musique se montre aussi violente qu'elle peut être atmosphérique, le poids du doom en plus évidemment. Les Finlandais ont d'ailleurs la main lourde quand il s'agit d'écraser toute forme de sentiment positif, lorgnant carrément vers le sludge : aucun artifice ne viendra atténuer la sentence délivrée par les rythmiques et le chant caverneux de Eero, tous s'employant sans ménagement à peindre en noir tout ce qui vous entoure. L'expression brute et primaire des leurs démons contraste d'autant plus avec l'infinie délicatesse avec laquelle le groupe invite le post-metal à leur table. Sensible, fragile, apaisante, cette facette de leur personnalité paraît presque irréelle au milieu de ces compositions au coeur de pierre. Pour accompagner les notes éthérées des guitares, Eero entonne même quelques complaintes en chant clair comme il est souvent d'usage.
A défaut de surprendre, "Sunless" fait ce pour quoi il a été créé et le fait bien. Le groupe maîtrise son sujet et dans un style qui joue avec les extrêmes et les longueurs, il parvient à créer une atmosphère tenace et cohérente dont la puissance vous retient jusqu'à la dernière note. Sans réel temps mort, on regrettera juste quelques passages de moindre intensité et surtout un chant clair vraiment en dessous du reste, poussif et impersonnel, dont on se serait bien passé. Amateurs de doom/death ou de musique négative, je ne peux que vous recommander d'y jeter une oreille : vous pourriez bien y laisser le reste de votre viande.
| Dead 22 Mars 2015 - 617 lectures |
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