Généralement, lorsque deux groupes décident de participer à un split, ces derniers se saluent, s’encouragent et se félicitent mutuellement pour leur collaboration puis s’en retournent tout naturellement à leurs activités respectives. Les probabilités de voir ces deux mêmes entités croiser à nouveau le fer le temps d’un second split sont finalement extrêmement rares. Il arrive cependant qu’au hasard des connexions qui existent entre certaines de ces formations, quelques-uns choisissent de se réunir à nouveau. Aussi, quiconque suit de près la scène danoise et plus particulièrement Undergang sait à quel point David Mikkelsen partage des liens très forts avec Jun Tonosaki et Takashi Tanaka. Une amitié réciproque qui, finalement sans trop de surprise, donnait lieu l’année dernière à une seconde collaboration concrétisée grâce au soutient indéfectible de Dark Descent Records et Me Saco Un Ojo Records.
Collaboration éponyme, ces retrouvailles sur disque s’avèrent un poil plus généreuses que lors de cette première rencontre datée de 2017 durant laquelle chaque groupe y allait d’un seul inédit. En ce qui concerne Anatomia qui une fois de plus ouvre les hostilités, les Japonais nous offrent pour l’occasion deux nouveaux morceaux dont une première pièce de choix affichée à plus de douze minutes. Un poil plus modestes sur la durée de leurs offrandes, les Danois d’Undergang nous proposent quant à eux trois nouvelles compositions histoire de ne pas faire pâle figure face à leurs inséparables camarades de jeu. Au total, ce sont ainsi cinq titres inédits qui nous sont présentés sur ce split pour près de trente minutes d’un Death Metal toujours aussi délicieusement dégoulinant.
Dans les faits, évidemment rien de nouveau puisque chacun y va de sa formule déjà bien rodée à commencer par Anatomia dont le Death / Doom épais, baveux et résolument sinistre semble se bonifier avec le temps. Intitulé à juste titre "Total Darkness", ce premier titre de douze minutes n’a aucun mal à convaincre malgré une durée que certains pourraient juger excessive. Entre cette atmosphère mortifère et pesante, ce riffing simple mais ô combien entêtant, ce groove pataud délicieusement entrainant, ce growl glaireux et moribond et ces quelques subtiles variations de rythmes (quelque part entre passages mid-tempo ultra-chaloupés (des premières secondes jusque’à 4:54 puis de 9:59 jusque’à la fin) et longues séquences particulièrement pesantes (de 4:56 à 9:59)), difficile de ne pas succomber aux charmes viciés et putrides de ce premier titre résolument haut en couleurs.
Avec "Bound To Death", le duo japonais change son angle d’approche déjà en réduisant par trois la durée de celui-ci puis en amenant une première partie radicale menée pied au plancher. C’est à la fois simple mais coriace, sans surprise mais d’une grande efficacité et tout cela grâce à un riffing Death / Thrash nerveux et des accélérations tout aussi soutenues et entraînantes qui vont permettre de contrebalancer un "Total Darkness" bien plus timide d’un point de vue rythmique. Passé 1:33, les choses redeviennent cependant bien plus poisseuses et trainantes. S’en suit ainsi une « longue » séquence plombée (grosso modo de 1:33 à 3:52) avant de terminer une fois de plus sur les chapeaux de roue pendant les dernières quarante secondes. Malgré une année 2022 chargée en termes de sorties (trois splits avec Druid Lords, Morbific et donc Undergang), Anatomia continue de régaler sans jamais fauter. Bien joué.
Couchés sur bande durant les sessions d’enregistrement de l’album
Aldrig I Livet, "I Dit Stiveste Pus", "Helt Til Rotterne" et "Taksidermi" ne sont donc pas de toute première fraîcheur puisqu’ils remontent déjà à au moins trois ans (2019/2020). Cependant, ces derniers s’avèrent tout aussi convaincants que ceux présentés par les Danois sur leur dernier album en date. Du coup, c’est avec beaucoup de satisfaction que l’on retrouve pendant plus de treize minutes tout ce qui fait le charme du groupe de Copenhague dans sa version la plus maitrisée comme par exemple ces ambiances putrides et dégoulinantes qui transpirent les meilleures séries B, ce growl baveux et guttural aux gargouillis fort plaisants, ce groove peut-être moins bovin et pataud qu’à une certaine époque (je pense aux débuts du groupe) mais certainement bien plus efficace, ce riffing simple mais lui aussi irrésistible, ces accélérations soutenues bien qu’un poil foutraques et enfin cette production abrasive mais néanmoins gonflée à bloc pour un rendu implacable. Bref, une succession de réjouissances qui à défaut de surprendre qui que ce soit (difficile d’y parvenir lorsque l’on enchaine autant de nouvelles sorties chaque année) ravira à n’en point douter tous les clients d’Undergang bien au fait de ce qu’ils sont en droit d’attendre de la part des Danois.
Je ne vais pas vous tenir la jambe plus longtemps, cette nouvelle collaboration entre Anatomia et Undergang est au moins aussi réussie que la première itération qui remonte maintenant à plus de six ans. Entre la générosité des deux groupes et leur formule respective parfaitement maitrisée, chaque auditeur devrait normalement y trouver son compte en attendant d’avoir autre chose à se mettre sous la dent. Rien de bien nouveau de la part de ces deux formations déjà bien installées mais peu importe, là n’est pas l’essentiel. Ce qu’il faut retenir c’est surtout que ces cinq titres n’ont rien à envier à ceux présents sur albums et que vous en aurez donc pour votre argent si vous décidez d’en faire l’acquisition. Une autre sortie de qualité à mettre une fois de plus au crédit d’Anatomia et Undergang donc.
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