Il y a quelque chose de pourri au royaume du Danemark. Ce n'est pas moi qui le dit mais Arnold Schwarzenegger dans l'excellent Last Action Hero (A moins que...). Pour quoi cette citation ? Eh bien tout simplement parce que le groupe le plus dégoulinant du Danemark est aujourd'hui de retour avec la sortie de son quatrième album intitulé
Misantropolog. Une nouvelle sortie signée Dark Descent Records qui poursuit ainsi sa fructueuse collaboration avec le sulfureux trio mené par David Mikkelsen (chanteur/guitariste d'Undergang et Phrenelith mais aussi chanteur d'Hyperdontia, autre groupe dont je vous parlerais peut-être un peu plus tard si les albums à chroniquer finissent un jour par ne plus s'entasser...). C'est d'ailleurs le même David qui signe une fois encore ce superbe artwork inspiré du célèbre "Homme de Vitruve" de Léonard de Vinci. On y aperçoit un cadavre tout frais, se tenant droit comme un i les tripes à l'air dans un cercle fait de boyaux sanguinolents. Parfait et comme toujours de très bon goût.
Si ce quatrième album marque l'arrivée d'un nouveau bassiste en la personne de Sam Osborne (neveu du touffu Buzz Osborne), c'est surtout la durée de vingt-huit minutes qui dans un premier temps me fait tiquer. Après deux albums s'affichant respectivement à quarante-sept et cinquante et une minutes, voir Undergang redescendre sous la barre de la demie-heure laisse supposer un passage à des choses que je ne qualifierais pas de plus primitives, le trio ayant toujours eu à cœur de pondre une musique particulièrement rudimentaire, mais au moins plus concises et directes. D'autant qu'à y regarder de plus près, on constate également que la durée des morceaux a réduit de moitié. Faut-il voir dans ces quelques changements l'envie de rendre sa musique plus accessible sans pour autant changer drastiquement sa formule ? Peut-être. Probablement même...
Car au-delà de ces histoires de format raccourci et allégé, on ne peut pas dire qu'Undergang ait changé beaucoup de chose à sa formule. Il y a bien ici et là quelques petites nouveautés venues apporter un peu de fraîcheur à un Death Metal pourtant déjà vicié et rance mais celles-ci se comptent sur les doigts d'une seule main déjà occupée à fumer un gros oinj. On notera pour commencer que les Danois ont cherché à apporter davantage de nuances à leur Death Metal putride, terreux et monolithique. Une bonne idée qui apporte pas mal de relief à une musique jusque-là pas toujours très facile à appréhender. Ainsi fait, les dix titres qui composent
Misantropologi se voient régulièrement ponctués de ralentissements ou d'accélérations comme pour mieux contraster avec ce goût prononcé pour le mid-tempo pataud et lourdingue qui caractérise le Death Metal d'Undergang depuis, bah depuis toujours en fait. À ces subtilités rythmiques bien plus développées qu'autrefois va également venir s'ajouter cette séquence mélodique sur le titre "Skåret I Småstykker" à 1:57 ainsi que ces quelques notes de piano sur l'introduction d'"En Bedemands Bekendelser".
Et si ces évolutions/ajouts/modifications font clairement du bien au Death Metal d'Undergang, on retiendra surtout ici une qualité de riffs encore supérieure aux trois précédents albums. Ce qui était au départ l'un des points faibles d'Undergang sur le sympathique mais franchement pas mémorable
Indhentet Af Døden s'est finalement vu corriger sur les albums suivants (
Til Døden Os Skiller et
Døden Læger Alle Sår).
Misantropologi suit ainsi cette même pente ascendante vers un riffing qui, c'est vrai, manque encore un peu de véritables moments marquants, mais se fait aujourd'hui bien plus convaincant et efficace que par le passé. Quelque part entre Rottrevore (pour ce gras qui suinte et dégouline de partout), Incantation (un riffing sombre et evil qu'on ne lui connaissait pas vraiment), le Bolt Thrower des débuts (pour cette urgence Punk cradingue) et bien évidemment l'école finlandaise (Slugathor, Krypts, Stench Of Decay voir Disgrace que le groupe reprend ici le temps d'un "The Chasm"...), Undergang pose ici ses attributs masculins sur la table et va s'imposer avec panache le temps de morceaux à la virilité exacerbée (ce growl caverneux improbable entre Antti Boman, Craig Pillar et Chris Weber) et au groove une fois de plus irrésistible.
Les Danois auront mis le temps mais il semble qu'ils aient enfin trouvé le parfait équilibre pour rendre leur Death Metal moins brouillon et anecdotique que par le passé.
Misantropologi, s'il n'est pourtant pas si différent de ses prédécesseurs, se montre toutefois bien mieux composé et donc beaucoup plus redoutable. Il possède même un petit goût de reviens-y là où les albums précédents s'enfilaient à doses homéopathiques (même si c'était déjà moins le cas pour
Døden Læger Alle Sår). Ce Death Metal de caniveau joué par des Punks crados à l'esprit tordu a désormais toutes les cartes en main pour séduire et convaincre. Nul doute qu'il devrait désormais pouvoir y arriver plus aisément.
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