Mitochondrion - Antinumerology
Chronique
Mitochondrion Antinumerology (EP)
Comme pour Altars et son premier album chroniqué ici il y a peu (le fort recommandable
Paramnesia), c’est avec plusieurs mois de retard que je viens prêcher la bonne parole au sujet des Canadiens de Mitochondrion qui, rappelons-le, m‘ont mis de sacrées mandales entre leur prestation au Kill-Town Death Fest et leur set "parisien" à La Clef de Saint Germain en Laye. Bref, il était temps pour moi de me pencher enfin sur leur dernière sortie en date, un EP trois titres intitulé
Antinumerology, illustré par le talentueux Richard Friend (Loss, Father Befouled...) et sorti en septembre 2013 sur le label Dark Descent sous la forme d’un modeste 7".
Première sortie depuis
Parasignosis en 2011,
Antinumerology reprend le chemin de ce Death Metal obscur et toujours aussi torturé. Originaire du Canada, Mitochondrion n’est pas sans porter dans ses gênes un certain héritage de la scène War Metal. En effet, si le trio (du moins à l’époque) a su apporter à sa musique une touche personnelle à travers un sens aigu de la composition et un jeu résolument moderne, ce serait mentir que de ne pas percevoir l’influence de ses compatriotes que sont Blasphemy ou Revenge notamment lors des séquences les plus bestiales où les blasts n’en finissent pas de pleuvoir et où les riffs ultra agressifs et dissonants fusent (notamment sur "Insummation" et le très frontal "137 (Mors Formulae)". Une influence en filigrane qui, comme je le disais un peu plus haut, ne doit pas occulter la forte personnalité que revêt finalement la musique de Mitochonrion.
Black Metal, Death Metal... La frontière est mince et souvent franchie entre ces deux genres qui empruntent ici pourtant le même chemin afin de servir une musique sale et obscure, dense et résolument intense, puissante et tout a fait exigeante. Mitochondrion va ainsi chercher aussi bien du côté d’Incantation pour ses séquences écrasantes et ambiancées sur lesquelles vient se poser un growl profond et blasphématoire que du côté de groupes comme Deathspell Omega ou Blut Aus Nord apportant ainsi à ses compositions, notamment à travers le son glacial et rachitique des guitares, cet aspect froid et décharné. C’est ce petit quelque chose qui rend notamment la musique de Mitochondrion particulièrement difficile à appréhender. Cela ainsi qu’une construction rythmique souvent alambiquée faite de succession de plans plus ou moins tordus (une batterie épileptique, des riffs nerveux et ultra dissonants). Une approche très organique à la manière d’Antediluvian, Abyssal, Portal ou encore Impetuous Ritual. Si ce constat est peut-être moins vrai pour "137 (Mors Formulae)", il se vérifie davantage sur l’ambivalent "Insummation" qui alterne les séquences plus ou moins bestiales, plus ou moins dissonantes ainsi que sur le très aérien
Antinumerology, titre instrumental mid tempo moins "fou" mais assez captivant.
Frustrant de part son format court et expéditif, le EP à souvent tendance à laisser l’auditeur sur sa faim.
Antinumerology n’échappe pas à ce constat d’autant que le dernier album en date de Mitochondrion remonte maintenant à 2011. Néanmoins, celui-ci vient attester de l’excellente santé du groupe canadien qui, évoluant désormais à quatre depuis l’arrivée l’année dernière de Sebastian Montesi, devrait très rapidement refaire parler de lui. Du moins c’est tout ce que l’on peut espérer après deux albums irréprochables dans leur genre.
| AxGxB 22 Septembre 2014 - 1420 lectures |
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