L’avantage quand on a derrière soi douze ans de carrière, une discographie longue comme le bras et une réputation qui n’est plus à faire c’est que l’on peut se permettre ce genre d’artworks complètement pétés qui en temps normal aurait fait fuir n’importe quelle personne ayant un minimum de bon goût… Pourtant, j’ai toujours apprécié les travaux de David Mikkelsen, que ce soit pour ses nombreux projets personnels (Phrenelith, Ulcerot, Wormridden, Extremely Rotten Productions...) ou pour certains de ses petits camarades (Chaotian, Church Of Disgust, Engulfed, Necrot…). Sauf que là, il faut quand même bien avouer que l’ensemble n’est pas terrible, encore plus avec ces couleurs qui n’arrangent rien…
Si je donne l’impression de râler, sachez quand même que je suis extrêmement content de voir Undergang de retour avec un nouvel album. Ce n’est pas que les Danois m’aient particulièrement manqué (pas moins de six sorties entre
Misantropologi paru en 2017 et cette nouvelle gerboulade) mais j’ai beaucoup d’affection pour David Mikkelsen, ses compagnons et leur Death Metal putride et dégoulinant qui, soit dit en passant, se bonifie avec le temps. Comme on ne change pas une équipe qui gagne, ce cinquième album intitulé
Aldrig I Livet sort sous les bannières de Dark Descent Records (CD) et Me Saco Un Ojo Records (LP) alors que, crise sanitaire oblige, Greg Wilkinson ne signe ici que le mixage et le mastering et non plus l’enregistrement…
À priori, peu de choses ont donc changé du côté d’Undergang. Sauf qu’à regarder le tracklisting et la durée des compositions de plus près, on s’aperçoit tout de même que l’on compte ici moins de morceaux que sur son prédécesseur pour une durée pourtant légèrement supérieure. Alors attention,
Aldrig I Livet ne dépasse que de peu la demi-heure (trente et une minutes) ce qui veut dire qu’à l’instar de
Misantropologi, ce nouvel album traduit là encore avec évidence ce désir pour Undergang de se concentrer sur l’essentiel plutôt que de revenir à des formats plus allongés pouvant être un poil pénalisant comme ce fût le cas autrefois (je pense notamment à
Til Døden Os Skiller).
Avec un seul morceau affiché à plus de cinq minutes ("Rødt Dødt Kød"), les Danois maintiennent donc le cap fixé lors de l’album précédent, proposant sans surprise mais pour notre plus grande satisfaction ce Death Metal baveux et pataud qui a fait sa réputation. Une fois de plus, personne n’ira crier au génie à l’écoute de ces neuf nouveaux morceaux (à l’exception de
"Ufrivillig Donation Af Vitale Organer" déjà servi l’année dernière en guise de mise en bouche). Par contre, je mets ma main à couper qu’entre le growl dégueulé et incompréhensible de monsieur Torturdød (sans parler de tous ces gargouillis et autres sonorités buccales particulièrement sales), cette production grassouillette et abrasive, ces instruments accordés dans les chaussettes, ces riffs bien neuneu et ce groove toujours aussi lourdaud et irrésistible, nombreux seront ceux à se taper la tête contre les murs, partageant comme moi tout leur amour pour ce genre de Death Metal aussi peu subtil qu’efficace !
Car non, la musique d’Undergang ne respire toujours pas la grosse intelligence. Entre ce riffing à trois notes effectivement très simple mais ô combien redoutable ("Præfluidum", "Spontan Bakteriel Selvantændelse", "Indtørret Lig", "Menneskeæder" et son côté presque guilleret,
"Ufrivillig Donation Af Vitale Organer" et j’en passe...), ces leads putrides et nauséabonds ("Indtørret Lig" à 1:48, "Menneskeæder" à 2:50,
"Ufrivillig Donation Af Vitale Organer" à 2:23, "Aldrig I Livet" à 1:56, "Rødt Dødt Kød" à 3:57...), ces accélérations toujours aussi entrainantes et plus globalement cette énergie Punk particulièrement communicative ("Spontan Bakteriel Selvantændelse" et "Indtørret Lig" menés tous les deux têtes dans le guidon, poignée dans l’angle ou ces séances de tchouka-tchouka plus ou moins rapides, parfaites pour dodeliner de la caboche), ces ralentissements bien lourdingues ("Indtørret Lig" à 1:47,
"Ufrivillig Donation Af Vitale Organer" à 2:10, l’instrumental "Aldrig I Livet", la première partie de "Rødt Dødt Kød") et ce chant guttural absolument inintelligible, vomi par un David Mikkelsen en pleine décomposition, on tient là la recette du bonheur façon Death Metal.
Pas de gros bouleversements à l’horizon pour Undergang qui après un
Misantropologi d’excellente facture confirme les progrès réalisés depuis maintenant trois albums. Se faisant, le groupe danois en profite ainsi pour assoir sa position au sein d’une scène particulièrement concurrentielle. La formule est simple, bien connue des amateurs du genre et ne réserve au final que très peu de surprises mais l’essentiel est là : des titres entrainants et efficaces, une atmosphère sale et dégoulinante et un groove à faire se déhancher les morts dans leurs cercueils. On a vu plus intelligent, plus technique et certainement mieux joué mais en matière de Death Metal baveux et cradingue, Undergang connait et maitrise son sujet. La preuve par neuf !
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