Body Asphyxiation Science - Space Adaptation Syndrome
Chronique
Body Asphyxiation Science Space Adaptation Syndrome (Démo)
Cette première démo de Body Asphyxiation Science symbolise modestement, à sa manière et comme celles d’autres groupes tout aussi frais émoulus (Mortuary Spawn, Celestial Sanctuary, Vacuous, Slimelord, Plague Patrol, Sewer Fiend...), la résurgence d’une scène anglaise qui a quelques exceptions près (notamment durant la fin des années 80) a tout de même souvent été reléguée au second plan face à d’autres pays bien plus actifs et dominants (États-Unis, Suède et Allemagne en tête...). Un renouveau qui fait plaisir à voir et surtout à entendre puisque cette nouvelle garde, loin de faire de la figuration, s’en sort effectivement très bien face à une concurrence étrangère toujours aussi redoutable et impitoyable.
Intitulée Space Adaptation Syndrome, cette démo sortie en septembre 2021 chez Brutal Cave Productions (CD et cassette) et Gurgling Gore (cassette) s’est déjà vue précédée par deux singles attestant ainsi d’une certaine dynamique et, on peut légitimement le penser, d’une envie de ne pas prendre racine. Formé à Brighton en 2021, Body Asphyxiation Science est donc un très jeune duo à l’expérience relativement limitée puisque seul Josh Allen (guitare, basse, batterie) semble avoir déjà officié dans un groupe auparavant (Mutilius chez qui celui-ci est toujours). Et pour cette première sortie, les deux garçons sont restés plutôt raisonnables puisque du haut de ses trois titres et neuf minutes, Space Adaptation Syndrome tient en effet parfaitement son rang de "simple" démo.
À la différence de ses compatriotes dont j’ai mentionné le nom un petit peu plus haut, Body Asphyxiation Science évolue dans les sphères désormais polluées et obscurcies de ce que l’on nomme le Brutal Death, genre qui à force de productions en plastique, d’artworks ultra-photoshoppés et de compositions sans âme misant sur une brutalité vide de sens et beaucoup trop démonstrative frise encore trop souvent la parodie. Naturellement, on trouve toujours quelques groupes de qualité mais ces derniers se font désormais beaucoup plus rares qu’à une certaine époque où le genre avait définitivement le vent en poupe et n’était pas abordé tel qu’il l’est aujourd’hui, c’est-à-dire avec une certaine retenue (dans le meilleur des cas) ou pire avec une réticence non-feinte...
Quoi qu’il en soit, si vous êtes malins, vous avez probablement déjà compris à ce stade de cette chronique que les Anglais de Body Asphyxiation Science se situent dans la deuxième catégorie. Celle de ces groupes qui à défaut de réinventer quoi que ce soit vont au moins permettre au genre de ne pas sombrer dans les méandres de l’anecdotique et du ridicule… Pourtant, sur le papier on aurait pu se montrer quelque peu sceptique dans la mesure où cette batterie n’en est pas une puisqu’il s’agit effectivement d’une boîte à rythme. Heureusement Josh Allen à eu le bon goût de ne pas faire n’importe quoi et ainsi d’opter pour une batterie certes synthétique mais au son pourtant plus naturel que bien des batteries de Brutal Death (coucou les derniers albums de Deeds Of Flesh ou de Vitriol). Un joli pied de nez qui au-delà de ce simple exploit assure surtout une certaine authenticité ainsi qu’un peu de caractère à ces trois compositions.
Avec une moyenne de trois minutes par titre, le groupe anglais à souhaité se concentrer sur l’essentiel quitte à frustrer l’auditeur qui aurait probablement aimé en avoir davantage. En effet, si Body Asphyxiation Science semble en avoir sous le coude, ce dernier a pour le moment préféré miser sur des titres courts et ultra efficaces (mais non dénués de relief) plutôt que d’essayer de les allonger inutilement au risque de plomber la dynamique générale. Si on trouve quelques séquences plus modérées permettant un petit peu de sortir la tête de l’eau comme sur "Transcending To The Outer Reaches Of The Crushing Black" à 1:39 ou "Planetary Cemetery Funeral Urn" à 0:50, c’est pour l’essentiel pied au plancher et à grand renfort de blasts qui claquent que Body Asphyxiation Science mène ses attaques. Une explosivité renforcée par quelques changements de rythmes (notamment sur fond de tchouka-tchouka moins radicaux mais à la dynamique tout simplement plus groovy) et surtout un riffing nerveux, incisif et assez technique qui tout de suite va donner un petit peu d’allure au Brutal Death des Anglais. Encore une fois, le duo ne va pas bouleverser quoi que ce soit avec sa formule mais une chose est sure, Josh Allen et Jason Baker (d’ores et déjà remplacé par un autre chanteur) ont eu ici à coeur de bien faire les choses et pour le coup c’est plutôt réussi. D’ailleurs, saluons également la qualité de cette production qui là encore à su ne pas tomber dans les travers de notre époque et de ces atmosphères et autres paroles portées sur l’Espace, son immensité et ses horreurs. Chose qui sans être d’une grande originalité, change quand même un petit peu des thèmes abordés habituellement dans le Brutal Death.
Alors oui, comme toujours, neuf minutes ce n’est pas beaucoup et vue la qualité de celles-ci, nous n’aurions pas craché sur quelques minutes supplémentaires. Pour autant, et en sa modeste qualité de simple démo, Space Adaptation Syndrome se révèle d’excellente facture. Un premier jet particulièrement concluant, attestant d’un savoir-faire évident qu’il restera néanmoins à parfaire dans le cadre de prochaines sorties que l’on souhaitera plus "généreuse". Pour cela, Body Asphyxiation Science devra sûrement miser sur un batteur en chair et en os capable d’apporter probablement un peu plus de feeling à l’ensemble et par des morceaux qui étant donné le niveau dont fait preuve ici le duo mériteraient sûrement d’être un peu plus élaborés afin de mettre pleinement en lumière les capacités de ce jeune groupe anglais qui ne devrait pas avoir trop de mal à convaincre. Vivement la suite donc !
| AxGxB 2 Février 2022 - 890 lectures |
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