Mourners Lament - A Grey Farewell
Chronique
Mourners Lament A Grey Farewell
Tu ne connais sans doute pas Mourners Lament mais ce n’est pas bien grave. Cette fois-ci, je te pardonne. Les Chiliens ne sont en effet pas des plus diffusés ou des plus reconnus de la scène death doom. A Grey Farewell n’est que leur second album longue durée alors qu’ils existent depuis 20 ans. We All Be Given, leur premier effort, est en outre passé relativement inaperçu, qui se contentait de réciter à la lettre, tel un bon élève, son triptyque anglais (Anathema, My Dying Bride et Paradise Lost) tout en lorgnant déjà un peu du côté de la Hollande et de Celestial Season en particulier. Tu vas me dire, et tu auras raison, qu’il y a pire comme comparaison.
A Grey Farewell s’inscrit de nouveau dans cette exacte veine. Towards Abandonment ouvre ainsi l’album sur des tonalités qui semblent directement puisées dans The Angel and the Dark River de My Dying Bride, les aspects funeral en plus qui donnent au morceau, comme à d’autres (Changes), des atours cependant plus sombres qu’à l’accoutumée. On note d’emblée des arrangements nombreux, notamment au piano, qui confèrent une atmosphère dramatique à la plupart des structures, relativement nocturne également (les interludes sur Towards Abandonment, le départ fragile et funèbre de Changes et de Ocaso, comme la progression de la structure, assise sur le piano). Le son est ample, profond, sans jamais être trop propre, ce que révèle la voix, gutturale mais un poil brouillonne, ou sous-mixée disons. C’est classique mais c’est aussi, il faut le dire clairement, très bien fait, très agréable.
Le recours fréquent aux ponts centraux mélodiques, portés par une nostalgie palpable, sont souvent magnifiques et particulièrement majestueux (sur Towards Abandonment, sur Changes aussi, où la basse ronronne). Ils offrent des respirations fréquentes et pertinentes, qui ne coupent jamais la dynamique mais la relancent dans une autre direction (sur The Clear Distance, l’accalmie relance le morceau vers des territoires plus sombres et plus « brutaux »). Le travail sur les solis est également à noter, qui aèrent la structure de petits loops mélodiques et épiques (sur la fin de Towards Abandonment, après la 7’, les riffs et arabesques subtils sur Ocaso qui déchirent gentiment la structure sans que le tempo ne s’en ressente). Enfin, l’alternance de voix ultra profondes et de chants plus aériens offre également un relief appréciable, avec parfois aussi cette impression d’entendre une créature type Golum susurrer dans l’ombre (sur Ocaso, à plusieurs reprises).
Je l’ai dit, ça reste classique mais c’est vraiment très, très bien réalisé. L’apport d’une touche plus funeral au doom death des Chiliens est un vrai plus. Sur un titre comme The Clear Distance, cette touche permet de trancher encore davantage avec la mélodie naturelle qui se dégage de la structure. Elle offre une profondeur abyssale que la voix appuie encore davantage et ajoute aux ambiances globales de désolation que traduisent bien des titres de l’album. The White Room et Mass Eulogy sont du même acabit, souvent souterrains, parfois aériens.
A Grey Farewell est ainsi un très bel album de doom death, qui sait faire voyager, qui sait aussi se rappeler au souvenir des grands anciens mais en développant des atouts personnels. En prenant le soin, notamment sur ses derniers titres, de mêler son doom death classique à des aspects nettement plus funeral, le combo chilien pourra attirer à lui bien plus de fans curieux et amateurs de metal abyssal.
| Raziel 7 Décembre 2024 - 265 lectures |
|
DONNEZ VOTRE AVIS
Vous devez être enregistré(e) et connecté(e) pour participer.
AJOUTER UN COMMENTAIRE
Par gulo gulo
Par AxGxB
Par Jean-Clint
Par Raziel
Par Sosthène
Par Keyser
Par Keyser
Par Lestat
Par Lestat
Par Sosthène
Par Sosthène
Par MoM
Par Jean-Clint
Par Sosthène
Par AxGxB
Par Deathrash
Par Sikoo