Motivé par la sortie ce jour d’un nouveau EP de Morbific intitulé
Promethean Mutilation sous les couleurs du label danois Extremely Rotten Productions, je me suis souvenu que je n’étais pas tout à fait à jour concernant la discographie de ces sympathiques Finlandais. Un impair que je vais en partie corriger sous vos yeux ébahis puisqu’à l’issue de cette chronique il me restera encore celle du split en compagnie de leurs compatriotes de Galvanizer sorti l’année dernière pour être en mesure d’aborder leur récente offrande l’esprit léger.
Sorti sur le label allemand Lycanthropic Chants, petite structure de l’ombre menée par Steffen Brandes de Cryptic Brood et Repulsive Feast dont il convient de signaler la qualité des productions, ce split réunit d’un côté les Japonais d’Anatomia qui à vue de nez doivent en être à leur trente-huitième collaboration (j’ai écrit ça en voulant faire le mariole mais après vérifications ce sont quand même vingt-trois splits qui ponctuent la discographie du duo...) et de l’autre nos jeunes crasseux originaires de Kitee bien décidés à marquer le coup en cette année 2022 puisque quelques semaines plus tard sortira en effet leur deuxième album intitulé
Squirm Beyond The Mortal Realm. Alors naturellement la première chose qui saute aux yeux à la découverte de ce split ce n’est ni sa durée ni même son contenu mais plutôt cette incroyable illustration signée Thomas Westphal (Bastard Grave, Cryptic Brood, Defeated Sanity, Morbus Grave, Repuked...). Une oeuvre particulièrement chargée que l’on prendra chaque fois plaisir à scruter dans les moindres petits détails.
Les premiers à ouvrir le bal sont Jun Tonosaki (Transgressor (live)) et Takashi Tanaka (Necrophile, Transgressor, Wormridden...) d’Anatomia. Pour l’occasion, les deux Japonais ont choisi de la jouer serrée avec un seul titre d’à peine six minutes intitulé "Ghastly Grave". Alors c’est vrai, quand un groupe quel qu’il soit enchaine les parutions à un rythme particulièrement effréné (trois split rien qu’en 2022), on est parfois en droit de se demander si cela en vaut véritablement toujours la peine. Cependant, après les lauriers déjà récoltés en ces pages pour sa seconde collaboration avec Undergang, Anamotia vient pourtant prouver à ceux qui en doutaient de manière presque légitime que ce n’est pas encore aujourd’hui que l’inspiration lui fera défaut... Car sans rien changer à son Death / Doom rampant et dégoulinant que l’on connaît bien, le duo originaire de Tokyo va une fois de plus nous régaler grâce à cette unique composition particulièrement bien troussée. Si les deux premiers tiers se font au rythme de riffs particulièrement plombés et sinistres (avec en prime un growl glaireux d’une profondeur abyssale), le dernier tiers vient quant à lui chambouler cette ambiance processionnaire et mortifère grâce à une séquence bien plus dynamique et chaloupée. Un groove absolument irrésistible couplé à quelques accélérations Punk / Thrash plutôt tranquilles qui ne devraient pas manquer de vous sortir de cette léthargie induite par ces trois premières minutes aussi écrasantes que lancinantes. Comme bien souvent, tout cela n’est ni très compliqué ni très original mais question efficacité, il n’y a clairement rien à lui reprocher.
La suite, c’est évidemment Morbific qui s’en charge avec deux titres auréolés d’une production particulièrement croustillante. Un son abrasif et exagérément saturé (même si ça l’est tout de même un petit peu moins que sur
Squirm Beyond The Mortal Realm) qui tient plus de la démo qu’autre chose mais qui confère il est vrai à ce genre de Death Metal baveux et dégoulinant une aura savoureuse. Comme pour Anatomia, le propos n’est ni à l’originalité ni à la complexité puisque les Finlandais renouent sans grande surprise avec ce Death Metal faisandé et primitif qui est le leur. Une formule effectivement vue et revue qui n’offre rien de nouveau à se mettre sous la dent mais à laquelle on succombera une fois encore sans opposer de résistance. Comme à son habitude, le trio va donc enchainer les parties rapides menées à coups de blasts et autres toupa-toupa toujours aussi efficaces et entrainants, séquences au groove simiesque pour le moins irrésistibles et passages beaucoup plus lourds et rampants. Une cohabitation qui a depuis longtemps fait ses preuves et que Morbific continue d’entretenir avec justesse et pertinence. Finalement, la seule véritable (petite) nouveauté à l’écoute de ces deux compositions nous vient ici de ces nappes de clavier jouées sous forme de voix fantomatiques et entendues à deux reprises sur "Cluster Of Demented Souls". Un ajout surprenant (surtout que ces nappes sont en plus particulièrement mises en avant dans le mix) fait probablement afin de souligner ces fameuses « âmes démentes » dont il est question dans ce titre. Personnellement, je ne trouve pas que cela apporte un plus significatif à ce morceau mais ce n’est pas non plus gênant ou pénalisant au point d’aller crier au scandale.
Dans tous les cas, et vous l’aurez déjà compris, cette collaboration finlando-japonaise s’avère de très bon goût pour qui aime ce genre de Death Metal baveux, putride et primitif. Les deux groupes ne réinventent strictement rien et se contentent même de reprendre tout ce qui a fait leur charme jusque-là sans rien changer à leur formule respective mais finalement c’est à peu près tout ce qu’on leur demande. Ainsi, malgré l’intérêt généralement limité que les gens peuvent porter à ce genre de format, Anatomia et Morbific viennent une fois de plus prouver qu’il n’est pas très judicieux de faire l’impasse sur ce genre de splits qui malgré des prix élevés souvent rédhibitoires offrent tout de même de quoi se régaler. Ce n’est peut-être pas tout le temps vrai mais en l’occurence ça l’est ici.
Par gulo gulo
Par AxGxB
Par Jean-Clint
Par Raziel
Par Sosthène
Par Keyser
Par Keyser
Par Lestat
Par Lestat
Par Sosthène
Par Sosthène
Par MoM
Par Jean-Clint
Par Sosthène
Par AxGxB
Par Deathrash
Par Sikoo