Diabys - Portals Of Annihilation
Chronique
Diabys Portals Of Annihilation
Si cette illustration vraisemblablement réalisée aux crayons à papier par Mathieu Marcotte (Augury, ex-Spasme) n’est pas vraiment des plus engageantes, je vous invite quand même à pousser la découverte un petit peu plus loin dans la mesure où ce que propose Diabys vaut quand même la peine que l’on s’y intéresse de près. D’ailleurs j’imagine que si vous êtes là à lire ces lignes c’est probablement que l’œuvre du Canadien ne vous a pas effrayé outre mesure. Tant mieux car vous ne devriez pas être déçus...
Formé en 2006 par Michael Dorosz, illustre inconnu qui ne jouit d’aucune expérience significative à en croire en tout cas Metal Archives, Diabys est longtemps resté un projet de l’ombre. En effet, il aura tout de même fallu dix-sept ans au Canadien pour composer les dix morceaux qui constituent aujourd’hui ce premier album. Une aventure de longue-haleine pour laquelle il a aura également été nécessaire de solliciter l’expertise de quelques partenaires de choix. Sont ainsi embarqués dans cette histoire Max Phelps au chant (Cynic (live), Death DTA, ex-Defeated Sanity (live), ex-Obscura (live)...), Dominic Lapointe à la basse (Augury, First Fragment, Atheretic, ex-Beyond Creation...) et enfin Robin Stone à la batterie (Ashen Horde, Chestcrush, ex-Paroxsihzem, ex-The Amenta, ex-Augury (live)). Tous les quatre ont sorti en avril dernier sur Bandcamp uniquement (pas de sorties physiques annoncées pour le moment) ce premier album intitulé Portals Of Annihilation. Un disque de Death Metal aux atours techniques relativement évidents ce qui, étant donné le line-up, n’a finalement rien de très surprenant.
En effet, Diabys va emprunter les chemins d’un Death Metal technique et progressif en prenant soin de ne jamais tomber dans ses multiples travers. Ainsi, outre cette production soignée (moderne mais suffisamment naturelle pour ne pas avoir à crier au loup) signée des mains de Mathieu Marcotte (avec l’aide d’un certain Johannes Grossman), l’un des plus grands plaisirs ressentis à l’écoute de Portals Of Annihilation est certainement cet équilibre très juste que le groupe va parvenir à maintenir tout au long de ces cinquante-cinq minutes menées d’une main de maitre. Certaines séquences semblent pourtant lorgner vers d’autres horizons de manière un brin surprenante (je pense notamment à un titre comme « Shapeshifter » qui clôture l’album sur une note aux accents Black Metal pour le moins flagrants tout comme sur "Spiritual Laceration" à 1:04) mais dans l’ensemble, pour un groupe sorti de nulle part et monté ainsi de toute pièce avec l’aide de quelques mercenaires triés sur le volet, Portals Of Annihilation brille en effet par sa grande homogénéité, son caractère diablement efficace et son immédiateté elle-même induite par une évidente lisibilité du, on l’a vu, à une production adéquate.
Vous l’aurez compris, je suis effectivement plutôt séduis par ce premier album finalement assez bluffant puisque malgré un format allongé intimidant pour ne pas dire décourageant, celui-ci n’ennuie absolument jamais. En effet, derrière cette homogénéité évoquée plus haut se dévoile des compositions finement jouées qui profitent ainsi de s’étirer bien souvent en longueurs (entre trois et huit minutes) pour varier les plaisirs, changer de braquet, accélérer la cadence ou bien la ralentir, densifier le propos ou le rendre plus évident quitte à parfois changer de ton.
Mais qu’importe la configuration, chaque musicien brille ici au son de ces compositions pensées par un seul homme mais naturellement exécutées de concert. De Max Phelps et son growl peu profond et arraché évoquant évidemment celui de Chuck Schuldiner aux lignes de basses vibrantes et sexy d’un Dominic Lapointe en très grande forme en passant par les assauts et autres coups de boutoir intransigeants mais néanmoins variés d’un Robin Stone implacable et pourtant mesuré, il y a là de quoi se régaler. A tout cela il convient évidemment d’ajouter le travail de composition effectué par Michael Dorosz matérialisé concrètement ici par un riffing technique à la fois nerveux et savamment ciselé (de l’attaque, de la cadence, du groove, du feeling) et un sens de la mélodie particulièrement affûté qui, dans les deux cas, ne sont pas sans faire écho au savoir-faire canadien en la matière. Les solos et autres leads inspirés sont ici nombreux et apportent justement cette dimension progressive évoquée au début de ma chronique. De "Deadly Sight" à 0:08 et 2:26 à "Perennial War" à 3:15 en passant par "Infernal Instruments Of War" à 1:55, "Spiritual Laceration" à 3:44, "Portals Of Annihilation" à 2:06, "Scavengers" à 5:59 et j’en passe, les amateurs de ce genre d’exercice ne pourront que se rendre à l’évidence, le Canadien qui n’avait jamais fait parler de lui jusque-là maitrise pourtant son sujet sur le bout des doigts.
Album dynamique et varié, Portals Of Annihilation voit ainsi se succéder, outre tous ces solos mélodiques, nombre de passages soutenus (du blasts et de la double en veux tu en voilà : "Deadly Sight" à 1:07, "Perennial War" à 0:49, "Spiritual Laceration" à 1:04, "Down The Boundless Hole" à 0:17, "Bodies As Stone" à 2:47 et ainsi de suite), de tricotages et autres enchevêtrements guitaristiques des plus enthousiasmants et certainement pas abscons, de séquences plus modérées idéales afin d’espérer calmer le jeu un tant soit peu ("Spiritual Laceration" à 2:40, "Portals Of Annihilation" à 2:39, "Scavengers" à 2:47, "Down The Boundless Hole" à 2:45...) et de moments au groove clinique mais ô combien redoutable ("Perennial War" à 1:23, "Infernal Instruments Of War" à 1:56, "Portals Of Annihilation" à 1:11, "Scavengers" à 1:34, "A Lead Weighted Grudge" à 2:38, etc). Bref, vous l’aurez compris, ce ne sont pas les raisons qui manquent pour tomber sous le charme de ce longue-durée aussi réjouissant qu’inattendu.
Du coup, même si l’illustration de ce premier album ne paie pas de mine, le contenu de Portals Of Annihilation se révèle quant à lui sacrément bien troussé. Diabys et sa tête pensante qu’est Michael Dorosz n’ont fondamentalement rien inventé mais le résultat n’en reste pas moins extrêmement convaincant, surtout si vous êtes amateurs de Death Metal aux atours techniques et progressifs plus ou moins évidents. Il n’y a maintenant plus qu’à espérer que cette chronique aura su donner envie à ceux ayant été capables de surmonter l’aspect un brin naïf de cette composition graphique et que Diabys se décide quand même à proposer une version physique de ce premier album qui mériterait quand même un peu plus que ce format dématérialisé.
| AxGxB 19 Octobre 2023 - 1075 lectures |
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