Il y a douze ans déjà (!!) sortait
« Opus Mortis VIII », huitième album de Vomitory. Un album en demi-teinte, pas foncièrement mauvais mais sur lequel le manque d’inspiration (ou d’envie) se faisait quelque peu sentir. L’annonce quelques mois plus tard de leur séparation en fin d’année 2013 ne laissait plus la place au doute : Vomitory c’était fini.
Sniff… Je fais partie de ceux que cette nouvelle avait fortement peinés. Car même si Vomitory n’a pas l’aura de ses grands frères Entombed, Dismember, Unleashed ou Grave (la faute à un premier album resté un peu coincé dans les starting blocks) c’est un groupe que j’ai toujours énormément écouté et apprécié depuis l’excellent
« Revelation Nausea » en 2001. Alors inutile de vous dire que j’ai un peu sauté au plafond à l’annonce d’une reformation pérenne (pas simplement pour un ou deux concerts comme on aurait pu le croire, organisés pour célébrer les trente ans du groupe) qui plus est avec le même line-up et plus récemment celle d’un nouvel album, toujours chez Metal Blade. Vomitory était donc bel et bien de retour ! Quelle bonne nouvelle !! Ne restait qu’à espérer un nouvel album qui remonterait un peu la barre et ce serait pour moi le come-back du siècle, que dis-je de la décennie, que dis-je de l’année !!!
Comme bien souvent la note tue toute tentative de suspens et pourtant je dois avouer qu’à l’écoute du premier extrait offert (en l’occurrence le titre éponyme et d’ouverture) mon enthousiasme fut un tantinet refroidit… Un titre loin d’être mauvais mais somme toute assez convenu, brutal certes mais moyennement accrocheur. Le deuxième morceau proposé début mai, « Raped, Strangled, Sodomised, Dead » (quel programme !), remontait clairement le niveau et l’espoir renaissait alors. L’écoute de la bête dans son intégralité confirmait mes plus grandes espérances. Le grand Vomitory était bel et bien ressuscité ! Fuck yeah !! Rien de nouveau sous le soleil suédois (et tant mieux !) juste un putain d’album de death metal alliant avec maestria brutalité, groove et une pointe de mélodie. Parfait !
Pour ceux qui ne seraient pas encore tout à fait familier avec les natifs de Karlstad, de quoi se compose un bon album de Vomitory ? Rien de très compliqué finalement : une bonne base de death old-school d’obédience scandinave mais pas que (et du coup s’éloignant quelque peu des grands anciens cités plus haut, un peu à la manière d’un Bloodbath) et avec de vrais gros morceaux de blasts dedans, quelques bouts de mélodie par ci par là à grand renfort de tremolo, un growl d’homme des cavernes mal luné, le tout soutenu par une bonne dose d’un groove brise-nuque irréfrénable (un peu à l’instar de leur compatriotes de Volturyon). Rien de plus, rien de moins. Et c’est exactement ce qu’on retrouve ici, tous ces ingrédients mélangés, savamment dosés pour un rendu tout aussi brutal qu’accrocheur. Car oui j’ai beau parler de groove ou d’accroche, le socle de nos Suédois reste avant tout un death metal certes old-school mais sévèrement burné et pas avare en blasts (seules « Ode To The Meat Saw » et « Dead Man Stalking » n’en comportent aucun, pour le reste Tobias Gustafsson s’en donne à cœur joie), ces derniers permettant de décupler la puissance du riffing de bucheron de la paire Gustafsson / Östlund entre power chords massifs et tremolo cinglants. Aucune finesse à attendre non plus de la part d’Erik Rundqvist dont la basse grouille en arrière-plan comme un margouillis bouillant dans le fond d’une marmite de sorcière et dont le growl (presqu’intelligible) gras et caverneux vient vous tapisser les conduits auditifs agrémentés de quelques petites éructations (ces petits
« eeeeuaaarhh !» ) fort à propos, le tout baignant dans une grande et belle poésie (je vous laisse le soin de zieuter ne serait-ce que du côté des titres pour vous en convaincre) avec en sus quelques refrains à gueuler sous la douche (« Ode To The Meat Saw », « Pice By Stinking Piece », « Dead World ») ou dans une manif aux côtés de Sardine Rousseau (« Raped, Strangled, Sodomised, Dead »). Evidemment avec tout cela on n’est déjà pas mal me dire-vous et vous n’aurez pas tort, mais ce petit plus qui fait vraiment la différence et demeure pour moi l’une des grandes forces de Vomitory, une des raisons pour lesquelles j’ai toujours tellement aimé ce groupe c’est cette capacité à insuffler à ses compos une dynamique persistante, notamment grâce à cette facette groovy qui se manifeste essentiellement à travers tous ces passages et accélérations thrashy totalement brise-nuque irrésistibles qui feraient headbanguer un décapité (« Decrowned » à 1’55, « Ode To The Meat Saw » à 1’11, « The Deepest Tomb » à 1’47, « Dead Man Stalking » à 39’’, « Beg For Death » à 1’55). Le panard ! Ajoutez-y cette petite pincette de mélodie (le début de « Raped, Strangled, Sodomised, Dead », le break à 3’38 sur « Beg For Death »), quelques passages plus rampants (le début de « Dead Man Stalking » et de « Beg For Death ») et un esprit presqu’un peu punk par moment (« Raped, Strangled, Sodomised, Dead » encore, qui squattera longtemps à n’en pas douter la setlist de nos Suédois) et tout y est.
Servi par une prod aux petits oignons (on reconnait tout de suite le son Vomitory !), totalement représentatif du groupe et d’une parfaite homogénéité, ce neuvième opus des vétérans suédois ne souffre que de très peu de défauts hormis son côté très prévisible mais qui en fait aussi sa principale force : Vomitory sonne toujours en 2023 comme du Vomitory de 2009, 2002 ou 1999 et personnellement je n’en demandais pas plus. Peu importe que votre préférence aille pour « Redemption »,
« Revelation Nausea »,
« Terrorize Brutalize Sodomize » ou
« Carnage Euphoria », vous aimerez forcément « All Heads Are Gonna Roll ». Vomitory est rené de ses cendres !
Play Faster, Vomit Harder.
2 COMMENTAIRE(S)
09/06/2023 10:33
09/06/2023 07:29