Passé jusque-là relativement inaperçu malgré un album et un EP de qualité parus tous les deux chez Blood Harvest et Me Saco Un Ojo, Faceless Burial a récemment rejoint les rangs de Dark Descent Records, label américain devenu depuis déjà quelques années l’une des structures de référence (sorties bien souvent de grande qualité, roster aux petits oignons, gestion du label et du shop encrée dans la réalité et très éloignée des travers qui plombent le marché du disque...) en matière de Death Metal (mais pas que). Si les Australiens étaient donc passés sous les radars de pas mal de monde, nul doute que la sortie début août de leur deuxième album sur le label de Colorado Springs devrait leur permettre de remettre les pendules à l’heure.
Intitulé
Speciation, ce nouvel album semble dans un premier temps vouloir s’inscrire dans la continuité des précédentes sorties du groupe australien. Aussi, au-delà de ce line-up qui n’a pas bougé d’un iota (le fait de savoir que Faceless Burial est composé au 2/3 par des musiciens évoluant en parallèle dans des groupes d’Electro ou d’Indie Rock me surprendra toujours), on constate surtout que la formation originaire de Melbourne n’a pas spécialement eu envie de sortir de sa zone de confort, poursuivant pour la troisième fois consécutive ses collaborations avec Finn Keane en charge des sessions d’enregistrement aux Head Gap Studios et Xavier Irvine qui signe ici un artwork particulièrement réussi bien que les similitudes avec un certain Dan Seagrave soient pour le coup particulièrement flagrantes. Seule nouveauté dans la conception de ce deuxième album, le mixage et le mastering laissés à la main du producteur Peter DeBoer (Blood Incantation, Spectral Voice, Wayfarer...).
Si vous aviez déjà posé vos oreilles sur le Death Metal de Faceless Burial, vous ne devriez pas être trop dépaysés à la découverte de ce nouvel album. Sauf que derrière cet air de ne rien vouloir changer à sa formule, le groupe australien a quand même décidé d’élever son niveau de jeu, quitte à rendre les premières écoutes relativement hermétiques, pour ne pas dire compliquées. Beaucoup plus dense et technique que par le passé, le Death Metal dispensé sur
Speciation se caractérise en effet par des enchainements/enchevêtrements de séquences plus ou moins alambiquées, plus ou moins techniques et plus ou moins rapides qui, par nature, n’aident pas à s’immerger dans l’univers de Faceless Burial. Si vous n’êtes donc pas du genre patients et incapables de vous donner la peine d’écouter un album à plusieurs reprises pour espérer en percer tous les mystères alors autant arrêter tout de suite la lecture de cette chronique car ce nouvel album est clairement un disque difficile, qui demandera un peu de temps et surtout quelques écoutes avant d’être assimilé et apprécié à sa juste valeur.
Passé néanmoins cet exercice devenu semble-t-il de plus en plus compliqué à une époque où tout se consomme et se jette sans effort, il ne fait aucun doute que ce
Speciation est une petite pièce d’orfèvrerie alliant technique, brutalité et mélodie. À la manière d’un Blood Incantation dont les similitudes (ou influences, c’est selon) n’ont d’ailleurs jamais été aussi évidentes que sur ce nouvel album, Faceless Burial impressionne par sa faculté à changer de cap sans crier gare (nombreuses sont effectivement les transitions à prendre l’auditeur complètement au dépourvu, entre accélérations inattendues, passages beaucoup plus suffocants et tordus et soupçon de groove évidemment bienvenue), à accélérer la cadence de manière particulièrement significative (une dynamique renforcée par une production aux petits oignons, notamment sur cette batterie au son hyper naturel), à tricoter des riffs complexes et tarabiscotés qui demanderont de la part de l’auditeur un poil d’engagement pour passer outre le côté hermétique et insaisissable qui s’en échappe et enfin à nuancer son propos à coups de solos impeccables, que ce soit dans leur exécution ou dans le feeling technico-mélodique qui en ressort. Tout cela a bien évidemment un prix et se traduit ici par des morceaux beaucoup plus longs qu’auparavant. En effet, là où
Grotesque Miscreation offrait des titres relativement courts dans leur ensemble (trois à quatre minutes en moyenne),
Speciation propose de réduire sensiblement la voilure, passant ainsi de dix titres à seulement six, pour une moyenne par morceau comprise entre six et sept minutes... Ainsi, malgré mes nombreuses écoutes, il n’est pas rare que je me laisse surprendre par un riff ou une séquence tant il y a finalement de choses à découvrir tout au long de ce deuxième album qui d’ailleurs passe beaucoup plus rapidement qu’on ne pourrait le penser de prime abord.
Sans forcément créer la surprise,
Speciation ne manque pourtant pas de surprendre. Peut-être pas ceux qui n’avaient encore jamais posé leurs oreilles sur le Death Metal de Faceless Burial mais assurément pour les autres qui vont ici retrouver un groupe plus ambitieux et technique qu’auparavant. Si heureusement l’efficacité reste encore aujourd’hui au rendez-vous, l’auditeur sera quand même contraint d’y mettre un peu du sien s’il souhaite pouvoir apprécier pleinement les qualités de ce nouvel album beaucoup plus dense et touffu que son prédécesseur. En tout cas, à l’heure où un groupe comme Blood Incantation semble faire l’unanimité ou presque (en reprenant à son compte, selon sa propre formulation, dans un univers qui lui est propre des idées imaginées par Morbid Angel et Immolation), il ne fait aucun doute que Faceless Burial réussira lui aussi à trouver son public.
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