Faceless Burial - Grotesque Miscreation
Chronique
Faceless Burial Grotesque Miscreation
Poursuivons notre petit périple australien entamé il y a quelques jours avec Gutless et intéressons-nous aujourd’hui au cas de Faceless Burial, un trio a priori relativement jeune qui nous vient lui aussi de Melbourne. Sorti en 2017 sur Blood Harvest Records pour la version CD et Iron Lung Records pour la version LP, ce premier album fait suite à une démo parue en 2015, date à laquelle remonte les premiers pas du groupe.
Si tout cela n’a absolument rien de surprenant, ce qui est par contre plus étonnant dans le cas de Faceless Burial c’est bien la nature de son line-up. Si le batteur Max Kohane met déjà ses talents de cogneurs à l’œuvre au sein d’autres formations plus ou moins connues (Internal Rot et surtout Agents Of Abhorrence), ce n’est pas du tout le cas de ses camarades Alex Macfarlane et Fuj qui tous les deux se sont fait connaître à travers des projets Electro chelou (Pets With Pets) ou Indie Rock (White Walls et The Stevens). Bref, pas le genre de curriculum vitae que l’on s’attend à trouver chez des musiciens qui, pour le coup, la joue 100% Death Metal. D’autant que ce premier album intitulé Grotesque Miscreation ne fait pas dans la dentelle, proposant pendant un peu plus de trente-trois minutes un Death Metal particulièrement virulent typique de ce que la scène australienne peut produire.
Après une courte introduction permettant de planter le décor, confirmant au passage que le groupe n’est pas là pour amuser la galerie, Faceless Burial laisse rapidement entrevoir l’étendue de son talent et surtout la nature de ses intentions. Roulements de toms, riffs sombres tout en nerfs révélant au passage quelques légères accointances avec un Black Metal typiquement scandinave, quelques subtiles dissonances plus modernes disséminées ici et là, une pluie de blasts et autre volée de tchouka-tchouka particulièrement soutenus, un growl lointain et caverneux à souhait… Bref, une entré en matière qui ne manque certainement pas d’aplomb et qui semble suggérer que l’on est parti pour en prendre pour notre grade pendant plus d’une demi-heure. Et en effet, c’est bien ce qu’il va se produire…
Certes, les Australiens n’ont rien de bien nouveau à proposer (pour ma part, la formule du groupe n’est pas sans me rappeler un mélange d’Immolation et d’Incantation) mais force est de constater que l’ensemble demeure suffisamment bien orchestré pour que l’on y prenne finalement un réel plaisir. Aidé par des morceaux relativement courts (pas beaucoup plus de trois minutes à quelques exceptions près comme "Grotesque Miscreation" (5:40) et "Black Ovulation" (7:42)) et une atmosphère old school putride et menaçante, Faceless Burial va très vite s’imposer par la force des choses grâce à un rythme des plus soutenus (encore une fois, le père Kohane n’est pas du genre à se montrer radin en matière de blasts et autres séquences particulièrement musclées) et à une qualité d’écriture permettant au groupe de briller avec panache sans pour autant bouleverser quoi que ce soit dans ce petit monde aujourd’hui saturé en formations de ce genre. Une recette évidemment toujours un peu limitée mais qui saura à n’en point douter séduire les amateurs de Death Metal dans sa forme et dans son interprétation la plus classique. Surtout que la production bien moins crue que sur la démo de 2015 et la tournure un poil plus Death Metal prise par ces nouvelles compositions permettent à la musique des Australiens de gagner très largement en puissance. Un impact naturellement décuplé qui, là encore, ne manquera pas de faire la différence au moment de la première écoute.
Parce que oui, malgré un manque d’originalité plutôt évident (qui, j’insiste, ne peut plus aujourd’hui être un critère de choix), les riffs sont bons et toujours très efficaces, nerveux et sombres à la fois et qu’ils nourrissent ces fameuses atmosphères évoquées un peu plus haut tout. D’autant que Faceless Burial ne se contente pas de dispenser simplement bourre-pif après bourre-pif et qu’il s’évertue à apporter de la nuance à ses compositions en variant ainsi les plaisirs. Cela passe bien évidemment par des séquences souvent plus lourdes et oppressantes comme c’est le cas sur "Seeping Aberrational Fissures" à 1:43, "Unrelenting Member" qui malgré son titre propose quelques passages particulièrement écrasant, "Dominion Of Swelling Flesh And Chaos" à partir de 2:22 ou bien encore "The Transfiguration" dont les premières secondes ne laissent aucune place au doute mais également à travers des moments qui ne manquent pas de groove à l’image de ce morceau-titre ou bien de ce "The Transfiguration" qui devraient tous les deux en faire dodeliner plus d’un. Bref, Faceless Burial n’est pas que cette bête de foire agressive aux formes abruptes présentée ici sur l’artwork signée Xavier Irvine, c’est aussi un groupe capable de moments plus en retenu permettant d’apporter un peu de relief à une musique bien souvent beaucoup plus frontale et dénuée d’artifices inutiles.
Sorti il y a un an et demi, ce premier album des plus prometteurs s’est vu succéder l’année dernière par un EP passé entre les mains de Me Saco Un Ojo, Blood Harvest et Iron Lung Records. Un gage de qualité évident pour un groupe qui mérite effectivement qu’on lui prête attention. Non pas pour sa capacité à réinventer un style dont les premiers balbutiements remontent à plus de trente ans mais bel et bien pour sa capacité à produire des compositions redoutables d’efficacité et à instaurer à travers elles des atmosphères sombres et malfaisantes qui vont rendre chaque nouvelle écoute toujours aussi prenante.
| AxGxB 11 Mars 2019 - 1806 lectures |
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