Warkunt - Of Ruins And Agony
Chronique
Warkunt Of Ruins And Agony
Décidemment le Death-Metal sous toutes ses formes a le vent en poupe dans l’Hexagone, tant les nouvelles formations qui le pratique pullulent aux quatre coins du pays, dernier exemple en date avec ce quintet alsacien qui à peine deux ans après sa création (et avec juste une Démo dans les pattes) sort déjà son premier album, qui se révèle fort sympathique et passe agréablement le cap des écoutes. Car sans être d’une violence folle ce long-format est suffisamment varié et homogène pour captiver sur la durée, vu que celui-ci arrive tout juste à la demi-heure sans efforts notables, à travers huit compositions qui misent majoritairement sur la lourdeur mais sans oublier des doses d’énervement nécessaires et obligatoires.
Car d’entrée les strasbourgeois vont montrer toute l’étendue de leur palette de jeu via le redoutable « Into My Hell » où blasts énervés, et parties plus lentes et étouffantes se mêlent facilement les unes dans les autres, sans oublier un peu de mid-tempo pour aérer l’ensemble et servir ainsi de tremplin à ces deux extrémités. On va retrouver d’ailleurs cette construction dès la plage suivante intitulée « Struggling With Insanity » qui joue là-aussi sur la variété des rythmes, tout en mettant la brutalité plus en avant afin de jouer plus le grand-écart et montrer ainsi que cela sera le crédo de la suite de cet opus. Cependant celui-ci va être plus marqué dans un sens comme dans l’autre afin d’y accentuer la pression exercée et aussi d’éviter une certaine redondance, surtout avec une musique aussi calibrée que celle de ses créateurs qui reste très classique mais qui n’est pas lassante grâce justement à ses écarts de vitesse. Avec « Destructive Velocity » une facette plus sombre et oppressante va apparaître, tout comme un côté remuant et entraînant pour redonner un coup de fouet quand cela est obligatoire (mais où les passages blastés sont absents) afin de donner la sensation de prendre tout le monde dans un étau d’où il est difficile, voire impossible de s’échapper. D’ailleurs cette noirceur va être mise en valeur un peu plus loin sur « The Enslaving Poison » qui est un peu le copier-coller du morceau cité précédemment, mais où l’envie de headbanguer apparaît ici et là (lors des rares accélérations) comme pour montrer de la lumière au milieu de ce déluge d’obscurité.
Mais penser que cette galette reste en permanence calée en première serait une erreur, car bien que le tout soit bridé la plupart du temps la rage et l’explosivité savent retentir quand il le faut, et ça n’est pas la furibarde doublette « Relentless Disposal For Vengeance » - « Gestating Rancor » qui fera changer cet avis. A la fois courte et expéditive celle-ci remet la rapidité sur le devant la scène avec en prime un gros dynamisme entraînant donnant ainsi envie de taper du pied. Si les deux titres sont plus ou moins foutus sur le même modèle (qui se fait plus direct et redoutable) ils n’oublient pas néanmoins d’y inclure un peu de variations histoire là-encore de rajouter une grosse alternance qui fait du bien avant d’en conclure. Cette dernière arrive sous le nom de « Dark Days To Come » et se montre plus ambitieuse que ce qui a été entendu et proposé jusqu’ici, à la fois par sa longueur comme via son contenu d’une noirceur totale et à l’ambiance suffocante. En effet après un long démarrage glacial et pénétrant la suite va rester collée dans un faux-rythme lent quasiment doomesque qui ne va jamais s’emballer, renforçant ainsi ce sentiment étrange au rendu impeccable, même si le tout aurait pu être légèrement raccourci.
Si cette conclusion est à part sur le disque il reste quand même cohérent avec la ligne de conduite dictée par ses créateurs, qui évoluent dans un Metal de la mort techniquement simple et qui privilégie l’écrasement au tabassage exacerbé. Sans prétention et n’étant pas d’une radicalité impressionnante il montre cependant une certaine personnalité des mecs qui arrivent à équilibrer leur rendu, sans tomber dans une routine et un pilotage automatique. Si l’on peut regretter que la production manque parfois de mordant au niveau des guitares et que la batterie sonne une peu mollassonne, il faut quand même saluer le boulot effectué ici qui révèle un potentiel à surveiller avec cette réalisation plus qu’agréable, qui même si elle ne marquera pas les esprits sur la durée reste malgré tout intéressante et se digère tranquillement et sans fautes de goût.
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