Abhorration - After Winter Comes War
Chronique
Abhorration After Winter Comes War (Démo)
On continue tant bien que mal à rattraper le retard sur les sorties, bonnes ou mauvaises, qui ont marqué 2021. Parmi la tripotée de groupes de death metal qui ont sorti l'année dernière une démo, format particulièrement populaire dans le genre, Abhorration s'est imposé comme celui qui a le plus retenu mon attention. Paru fin novembre sur le réputé label irlandais Invictus Productions au format cassette, After Winter Comes War m'a en effet fait forte impression.
Rien de surprenant après tout si on regarde le bagage des membres de ce groupe norvégien qui, si sa formation ne remonte qu'à 2020, n'est pas vraiment constitué de puceaux. On y retrouve ainsi Magnus Garathun (Hecatomb, ex-Condor) au chant et à la guitare, Andreas Hagen (ex-High Priest of Saturn) à la basse et Øyvind Kvam (Purple Hill Witch, ex-Condor) à la batterie. Le trio infernal se retrouve épaulé par Arild Myren Torp (Nekromantheon, Obliteration) en invité à la guitare lead sur le morceau "Desecrate the Exploits of God", lui qui a aussi mixé la démo. On complète le tableau par un mastering de l'Italien Marco Salluzzo (Demonomancy) et un superbe logo à l'ancienne signé Kristian Valbo (Obliteration) qui me rappelle un peu celui des Mexicains de Mortuary. Si ça fait pas saliver tout ça !?
Alors, qu'est-ce qu'ils nous proposent de beau ces Scandinaves ? Pas vraiment du local puisque, hormis une lead mélodique à la finlandaise sur "Ten Trenches of Malebolge" à 4'30 pour la séquence la plus plombée d'un disque qui préfère se dépêcher ainsi qu'un côté parfois bien abrasif et intense qui peut évoquer certains Suédois comme Verminous et Degial, on est plutôt embarqué de l'autre côté de l'Atlantique. Les racines de la musique de Abhorration viennent clairement des États-Unis. Le son des Norvégiens transpire la fin des années 1980 quand le death metal balbutiant fricotait encore pas mal avec le thrash, que ce soit au niveau du riffing, des rythmiques ou du chant râpeux. Ça pue le Morbid Angel de Altars of Madness ou plus ancien encore. Grosse influence Sadistic Intent également, cela saute aux oreilles dès l'ouverture blastée sur tremolo du premier morceau "After Winter Comes War" qui ne pouvait pas mieux démarrer (j'ai tout de suite su que ça allait matcher entre nous !). On y trouve aussi des accointances plus sudistes, Mortem et Atomic Aggressor notamment.
Bref, que du bon ! Ça ne débande pas sur les quatre excellents morceaux que compte ce After Winter Comes War même si "Ten Trenches of Malebolge" en deuxième position montre un visage plus mid-tempo. Mid-tempo ne veut pas forcément dire chiant et on peut voir que Abhorration maîtrise tous les tempos, tout en gardant une nette préférence pour les rythmes rapides, thrashy, punky et blast-beats en tête (surtout sur le dernier titre "The Great Storm of Putrefaction" le plus bourrin). Efficace à mort et mine de rien assez varié sur des morceaux plutôt longs dépassant les cinq minutes de moyenne qui n'ennuient jamais. D'autant que rayon riffs, c'est du très costaud. Sans surprise beaucoup de tremolos, avec toujours des bonnes mélodies sombres et evil qui font mouche. Il ne faudra par contre pas trop attendre les solos, il n'y en a qu'un à la Azagthoth vite torché sur "Desecrate the Exploits of God". Pas grave, il n'y en avait pas forcément besoin !
Car les qualités de Abhorration sont ailleurs. Dans ce riffing affûté mémorable. Dans cette efficacité redoutable. Dans cette production naturelle parfaite pour le format. Dans cette hargne, cette agressivité presque sud-américaine. Dans ce chant écorché virulent. Dans cette basse qui gronde délicieusement. Dans cette ambiance démoniaque old-school qui ramène trente-cinq ans en arrière. Si vous aimez ce death metal des Grands Anciens, ne passez pas à côté de cette petite pépite que j'ai couronnée meilleure démo death metal 2021. Et ce ne sont pas les dizaines d'écoutes depuis sa sortie qui ont usé mon enthousiasme. Au contraire, elles n'ont fait que confirmer tout le bien que je pense de la formation. En ressortant la bête pour cette chronique après l'avoir laissée reposer quelques semaines, j'ai vite retrouvé les sensations procurées lors de sa découverte. Signe indéniable de qualité supérieure. En espérant que le projet s'avère sérieux pour ses membres parce que je serais frustré de ne pas avoir de suite. Déjà que j'attends toujours une version CD ! Et en parlant de membre, Arild (Nekromantheon, Obliteration) a depuis rejoint définitivement le trio devenu quatuor. Ça promet ! Rien d'innovant encore une fois mais alors putain qu'est-ce que c'est bien branlé !
| Keyser 27 Avril 2022 - 1061 lectures |
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