Carnifex - Pathological Rites
Chronique
Carnifex Pathological Rites (Compil.)
Désolé les jeunes mais il n’y a qu’un seul Carnifex qui vaille la peine d’être écouté et celui-ci est Finlandais. Originaire de Kokkola, le groupe n’a pourtant pas eu ce que l’on peut appeler un très grand rayonnement mais soyons honnêtes deux minutes, qui en 2021 a encore envie de se fader des groupes de Deathcore mélodique mené à grand renfort de synthétiseur et de breaks abrutissants ? Certainement pas moi...
Formé en 1989, Carnifex a eu une carrière relativement éphémère puisque le groupe décidait de raccrocher les gants quatre ans seulement après ses débuts. Durant ce court laps de temps, les Finlandais n’ont officiellement sorti qu’une seule démo (Decadence, 1991) ainsi qu’un split (1991) en compagnie de leurs compatriotes de Festerday. Pas de quoi s’étouffer même si avec tout cela on avoisine déjà la petite demi-heure. Ces deux témoignages d’une époque aujourd’hui révolue ont été regroupés il y a trois ans par le label espagnol Xtreem Music dans le cadre d’une compilation intitulée Pathological Rites. Et comme les Finlandais avaient encore quelques enregistrements inédits sous le coude (notamment une démo quatre titres de 1993 utilisée à l’époque pour démarcher les labels susceptibles d’être intéressés), Dave Rotten en a profité pour les y glisser et ainsi étoffer ce contenu de cinq morceaux supplémentaires. Elle est pas belle la vie ?
Remasterisés pour l’occasion par Teemu Velin (Archgoat, Cadaveric Incubator, The True Werwolf...), ces quelques titres sont présentés ici de manière chronologique comme pour mieux rendre compte de l’évolution du groupe. On va ainsi retrouver dans un premier temps les six titres de Decadence dont l’illustration de Chris Moyen a également été reprise pour l’artwork de cette compilation. Passé cette introduction qui vraisemblablement ne figure pas sur la version originale (ou bien alors directement intégrée au titre suivant), l’auditeur pourra se délecter d’un Death Metal typiquement finlandais avec ses accointances Grindcore pour le moins évidentes ("Pathological Rite", "Disturbed One", "Purify Thy Souls", "Necrophobia", "Aberration Into My Subconscious"...), ses quelques séquences moins soutenues et parfois même un poil tarabiscotées ("Disturbed One" à 0:36 et 1:44, les premières secondes de "Purify Thy Souls" et un peu plus tard à 2:09, le tout début de "Necrophobia"...) et autres mélodies sinistres et mélancoliques ("Disturbed One" à 1:11, 1:54 et 3:35). Si la remasterisation a très probablement apporté un coup de boost à la production, celle-ci reste malgré certains détails qui ne trompent pas (ce grain des plus abrasifs et cette basse hyper métallique) de très bonne facture. Suffisamment en tout cas pour apporter un certain cachet et ne pas nuire à l’appréciation générale de ces titres qui célèbreront cette année leur trente ans d’existence.
La suite, ce sont les deux titres qui figurent initialement sur un split de 1991 en compagnie de Festerday, groupe dans lequel a d’ailleurs opéré pendant un temps le batteur Veijo Pulkkinen (que l’on retrouve aujourd’hui au sein de Cadaveric Incubator). Enregistrés quelques semaines après la première démo de Carnifex au Karibox Studio, ces deux compositions bénéficient d’une production plus équilibrée qui aujourd’hui n’a pas particulièrement vieillit même si elle a perdu au passage un peu de caractère. Quoi qu’il en soit, "Left Behind" et "Release From Slavery" s’inscrivent sans grande surprise dans la continuité des morceaux proposés sur Decadence. On retrouve ainsi ce même Death Metal aux sonorités Grindcore toujours aussi prononcées, aux riffs bien souvent tarabiscotés et aux pointes mélodiques particulièrement évocatrices. Encore une fois, les deux compositions proposées par le groupe finlandais sont particulièrement plaisantes et surtout extrêmement efficaces.
Parus en 1993, "Why?", "Salvation = Suffocation", "Resurrection" et "Spiritual Void" n’ont officiellement jamais vu le jour. Destinée à démarcher des structures susceptibles de se montrer intéressées par ce genre de Death Metal, cette démo restée jusque-là inédite s’inscrit naturellement dans la continuité des précédents enregistrements de Carnifex. La production n’y est pas exceptionnelle (en tout cas un peu moins bonne que précédemment) mais l’envie et la hargne ne semblent pas avoir encore quitté les Finlandais qui pourtant se sépareront quelques mois plus tard. Entre l’intensité issue du Grindcore à la Napalm Death, ce riffing à la fois direct et efficace mais également complexe sans être imbuvable, ces changements de rythmes plutôt nombreux et ces mélodies accrocheuses, la formule est maîtrisée mais l’opération séduction a je trouve un peu plus de mal à se faire. Entre cette production bien moins convaincante que précédemment, certaines mélodies un poil trop guillerettes (notamment sur "Resurrection") et quelques séquences un peu trop passe-partout à mon goût, je trouve que Carnifex a un peu plus de mal à convaincre. D’ailleurs, vu comment s’est terminée l’histoire des Finlandais, j’imagine que c'est ce qu'ont également pensé les quelques labels démarchés...
Cette compilation s’achève sur "Fresh Flesh", un titre inédit instrumental enregistré lors d’une répétition de Carnifex tenue en 1993. Le son est à la hauteur de ce que l’on peut attendre d’un enregistrement dans un studio de répétition amateur au début des années 90, c’est à dire particulièrement moyen avec par exemple ces aléas de stéréo liées à une bande déjà repiquée maintes et maintes fois... L’intérêt est donc plutôt limité même si encore une fois, le groupe ne manque ni d’énergie ni de hargne et que l’on y décèle tout de même un goût encore un peu plus prononcé pour ces mélodies qui feront notamment le succès de la scène de Göteborg (In Flames en tête).
Loin d’avoir marqué de son empreinte la scène Death Metal, Carnifex n’en reste pas moins un bon petit soldat que tous les excavateurs de l’underground prendront certainement plaisir à découvrir. La qualité de ces diverses productions ainsi que le remastering rendent en tout cas la découverte de ces quelques titres pour le moins agréables et hormis une légère baisse de qualité en fin de parcours, il n’y a pas grand chose à reprocher au parcours des Finlandais. Bref, si vous êtes friands de ce genre de compilations permettant de mettre la lumière sur des groupes obscurs n’ayant rien d’essentiels mais ayant pourtant sortis des compositions tout à fait dignes d’intérêt, Pathological Rites ne devrait pas manquer de vous intéresser.
| AxGxB 13 Avril 2021 - 720 lectures |
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