Pantalons serrés, grosses baskets, t-shirts sans manches, lunettes de soleil et pochette moche en mode « comics », oui
MAD THRONG pratique le
thrash metal. Et comme le groupe nous vient de Colombie, l’a priori est d’emblée positif. C’est qu’il a été long à sortir ce premier album : une première démo intitulée «
Bang Your Fucking Heads!!! » en 2006 (oui, trois points d’exclamation ni plus ni moins), une deuxième onze ans plus tard («
In Metal… We Stand! ») puis encore sept ans d’attente avant que «
Retribution is at Hand » ne voit le jour sur le très confidentiel label
Infernal Grave Records… Une cadence pour le moins mollassonne pour des musiciens qui ont de nombreuses autres activités musicales, dont
VIRGIN KILLER (
speed metal) où officient trois des quatre membres… Tout cela sent bon la franche amitié virile, l’amour sincère du
metal ainsi que la joie de vivre.
Il ne faudra toutefois pas se laisser abuser par le décorum : de la bonne ambiance, ok, mais la musique quant à elle est très loin de déconner.
Speed, agressive, les parfums capiteux de
POSSESSED,
SLAYER,
SARCOFAGO ou encore des balbutiements de
SEPULTURA empliront rapidement la pièce où vous écouterez «
Retribution is at Hand » et cette noirceur contrebalance habilement une esthétique
fun qui, lorsqu’elle s’étend à la musique, m’ennuie rapidement. Ici, même si les Colombiens ne partagent pas la dimension démoniaque des formations précédemment citées, lui préférant un ancrage plus social, il demeure cette même volonté de violence, d’excès, cela étant particulièrement audible dans les nombreux solos tout en dérapage de
Mad Daniel.
De ce positionnement dans le réel, les musiciens conservent également certains tics hérités du
crossover (le riff introductif de « Feel My Wrath » pourrait figurer sur un disque de
M.O.D., les nombreux chœurs scandés), cela renforçant davantage la puissance du discours. J’ai beau savoir que les mecs sont déjà bien expérimentés, pondre un premier LP de ce tonneau est un sacré tour de force. Jamais ennuyeux du fait des nombreuses variations au sein de chaque titre (changements d’ambiances, de riffing, de rythmiques, de tempos), avec en prime un chant rageur de bonne facture qui sait laisser une place suffisante aux passages purement instrumentaux, dans ce registre c’est que l’on pourrait appeler sans retenue une sérieuse branlée.
L’écoute de ces neuf compositions confirme rapidement que le quatuor ne se pose pas trop de questions. Cela riffe à l’instinct, avec juste ce qu’il faut de technique pour sortir de l’ornière où s’enlisent des centaines de besogneux. Je dirais même qu’il y a une forme de classe dans ce
thrash metal qui prône le retour aux sources (« Pain by Desire »), sans sombrer dans le piège de la nostalgie passéiste. Nous avons même droit au classique titre instrumental (« Thrashmanship ») bourré de solos à la
Kirk Hammett, jouissif et indispensable à un été réussi.
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21/07/2024 12:35