Dead Chasm - Sublimis Ignotum Omni
Chronique
Dead Chasm Sublimis Ignotum Omni
Si 2023 s’annonce comme une année particulièrement remplie en termes de sorties Death de qualité venant de chez nos voisins transalpins, il va falloir aussi compter sur les nouveaux venus de DEAD CHASM qui depuis leurs débuts en 2020 n’ont pas chômé en publiant déjà un premier opus surpuissant (qui fait suite à un Ep publié l’an dernier),et qui va faire du bruit au propre comme au figuré. Car forts de l’expérience accumulée dans chacune de leurs nombreuses formations respectives les différents membres du trio ne vont ici pas faire dans la dentelle, tant leur musique va se montrer sauvage et débridée avec en prime un fort goût de son de la vieille école en bouche vu que la production granuleuse typiquement Floridienne va renforcer ce sentiment de voyage dans les années 80 et 90. Pourtant réduire le groupe à un ersatz Italien du Morrisound Studio serait malvenu, certes on y retrouve des éléments qui n’auraient pas fait tâche à l’époque chez DEICIDE, OBITUARY, MALEVOLENT CREATION ou encore CANNIBAL CORPSE, mais ce long-format possède aussi des éléments typiquement locaux qu’on aurait pu entendre notamment sur le « Morning Will Come No More » de ses compatriotes de VALGRIND. Du coup rien d’étonnant à ce que ce melting-pot d’influences s’entende furieusement et se dévoile de très bonne façon durant trente-trois minutes, qui vont passer à vive allure sans qu’on ait le temps de se lasser de quoi que ce soit.
Heureusement d’ailleurs que tout cela ne traîne pas en longueur car si le résultat est furieux et intense il faut aussi reconnaître que la construction générale de chacun des sept morceaux est relativement semblable, tant les riffs assez identiques donnent la sensation de mur impénétrable et homogène mais d’où il est difficile de faire émerger un moment marquant plus qu’un autre. Pourtant cela ne va pas être du tout rédhibitoire car la fougue permanente, la violence et la noirceur absolue qui se dégagent de tout ça vont largement compenser cette écriture relativement légère, qui saute aux oreilles dès l’ouverture intitulée « Apparitions ». Offrant tout un panel de blasts destructeurs et très présents (calés entre quelques rasades de lourdeur rampante au possible) cette plage met les points sur les i et offre une parfaite mise en bouche de ce que va être la suite de ce disque, où rien ne va pas dépareiller par rapport au reste. Jouant majoritairement sur le grand-écart entre vitesse et bridage (un schéma qui va se retrouver sur les tout aussi excellents « Sulphuric Asphyxiation » et « Innumerable Dimensions ») le combo va néanmoins aussi proposer un soupçon de variations, afin de ne pas rajouter encore de la linéarité à des titres relativement prévisibles.
Cependant tout cela va là-encore être parfaitement exécuté, et en premier lieu sur le virulent « In Abhorrent Obscurity » où le tabassage atteint ici des sommets de haine (le batteur est d’ailleurs une véritable machine de guerre du début à la fin de cette galette) durant quasiment toute sa longueur, afin de ne pas laisser de survivants en chemin. Et quand ça n’est pas cette forme de radicalité qui est mise en avant c’est l’équilibre des forces qui sert de pouvoir attractif auprès de l’auditeur, comme avec le redoutable « Perpetual Realm Of Light » qui ne va pas hésiter à ralentir entre quelques déferlantes haineuses afin de permettre de reprendre un certain souffle léger, sans relâcher néanmoins son étreinte suffocante. Et tout ça c’était sans compter les deux bijoux qui vont finir de convaincre les derniers sceptiques, car « Ethereal Fragments » va jouer sur un dynamisme presque indécent - via des plans où le bridage est de règle, pour écraser un peu plus les nuques les plus récalcitrantes tout en n’hésitant pas à dynamiter le reste quand il le faut. Et après ça place au remuant « Impious Embrace » qui va terminer d’achever toute velléité de résistance de par ses passages en mid-tempo, où l’on a une furieuse envie de secouer la tête comme un dératé... et l’on regrette que l’entité n’ait pas plus misé là-dessus tant cela est une réussite indéniable qui amène un coup de force supplémentaire à cette composition où toutes les rythmiques sont présentes.
Du coup si tout cela a encore besoin d’un peu de vécu commun de la part de ses créateurs pour être totalement abouti et plus marquant, il n’en reste pas moins qu’on a ici affaire à un redoutable second couteau qui a de belles choses à offrir... et sans doute encore plus dans le futur. Boosté par une pression de tous les instants et une énergie de dingue cet enregistrement dévoile une réelle attractivité de la part de la bande, qui continue dans la belle voie tracée ces dernières années par nombre de ses compatriotes bien bourrins (DOMINHATE, DEVANGELIC, HIDEOUS DIVINITY, MAZE OF SOTHOTH, et forcément VALGRIND), prouvant que le genre est bien actif de l’autre côté des Alpes et qu’il a des arguments à faire valoir. Sans surprises mais terriblement efficace ce « Sublimis Ignotum Omni » servira en tout cas de parfait défouloir idéal pour se vider la tête chez soi comme en concert en attendant les grosses têtes d’affiche... vu que pour l’instant il manque encore à ses auteurs le supplément d’âme pour espérer viser plus haut. Néanmoins tout cela ne saurait tarder vu que le potentiel est là et a juste besoin d’un peu plus de temps pour se dévoiler entièrement, mais en attendant on appréciera réécouter régulièrement cet excellent premier jet qui se cale parfaitement dans le catalogue de son label, qui a le nez creux ces derniers mois et semble revenir au premier plan (après une période en dent de scie) ce dont personne ne se plaindra.
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