Et si nous parlions un peu de
BROKEN HOPE, l’un des précurseurs du
brutal death metal à l’américaine ? Il faut dire qu’en dépit de toute l’estime que l’on peut avoir pour la bande de
Jeremy Wagner (pas l’homme d’un seul groupe mais quasiment) et même si l’on a pu être touché par le suicide en 2010 de
Joe Pracek, chanteur emblématique de la formation, voilà bien une équipe qui n’a jamais réellement su trouver son public, la faute (peut-être) à des albums certes méritants mais souvent inégaux, à un trou d’air s’étendant de 1999 à 2013, à quelques baisses de régime («
Omen of Disease »), voire à des
artwork particulièrement laids, même si indéniablement marquants, «
Loathing » en tête, de même que ce «
Mutilated and Assimilated » particulièrement indigeste (que j’aime bien malgré tout).
J’aurais pu commencer par ordre chronologique, et donc faire un sort à «
Swamped in Gore » (1991) mais mon souvenir le plus frais du groupe étant son concert au
« Netherlands Deathfest III » où quatre titres du «
Mutilated and Assimilated » (sorti l’année d’avant) avaient été joués, à savoir « The Meek Shall Inherit Shit », « The Carrion Eaters », « Mutilated and Assimilated », Outback Incest Clan », je préfère me pencher sur le dernier en date de la série.
Ce que j’ai toujours aimé chez
BROKEN HOPE, c’est sa technique, le son de la grosse caisse, les mid-tempo épais, plein de
groove et, quelque part, on peut dire que les Américains ont un style bien à eux, une touche assez facilement reconnaissable même si un titre tel que « The Necropants » lorgne un poil trop sur
CANNIBAL CORPSE au niveau du riffing. Il reste que si les parutions précédentes conservent tout le charme de l’ancien, ce nouvel édifice a vraiment davantage de gueule. Il faut dire que le timbre gras de
Damian Leski (
GORGAMS) colle idéalement aux ambiances technico-sanguinolentes de ces onze compositions (j’occulte le
tribute bonus),
Jeremy Wagner restant pour moi une sommité dès lors qu’il s’agit de torcher des morceaux complexes mais incorporant de la progressivité ainsi que des plans accrocheurs, mémorisables. De la violence, certes, cependant jamais dénuée d’une certaine intelligence de jeu.
Fondamentalement, on ne peut pas dire que quoi que ce soit ait réellement changé au sein de l’entité. Les titres sont toujours aussi courts (tout est en deçà des quatre minutes) et l’on sent bien que les mecs ne seraient pas très à l’aise pour composer de longues pièces, ce n’est de toute façon pas ce qu’on leur demande. En revanche, entre la performance puissante de
Mike Miczek, la richesse rythmique du jeu des deux guitaristes et donc un chanteur qui sort une prestation ultra carrée, les défauts sont rares, voire inexistants de mon point de vue.
En effet, même si je suis sentimentalement davantage attaché à un «
Grotesque Blessings » (« Necro-Fellatio »
for ever) et que «
Mutilated and Assimilated » sonne plus communément que ses prédécesseurs, avec une production qui me paraît assez générique d’un point de vue purement
brutal death, il reste que peut-être à la différence des LP précédents, celui-là ne débande jamais : plus massif, plus compact, moins enclin à proposer des titres sortant du lot mais bien plus ferme sur ses appuis pour un mitraillage incessant en bonnet difforme comme aimait à le dire Frédéric Dard. La formation étant toujours active, nous pouvons donc espérer qu’un nouvel album finira un jour par sortir mais peut-être est-ce déjà l’occasion aujourd’hui de se replonger dans la discographie de cet éternel second couteau. Je ne dirais pas qu’il est à une place qu’il ne mérite pas mais le fervent amateur de
death metal se doit de connaître ses classiques, dont les Chicagoens font indubitablement partie.
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