Poursuivons notre tour d’horizon des sorties ayant marqué l’année 2024 et plus particulièrement celles du label canadien Profound Lore Records avec aujourd’hui la chronique du deuxième album des Californiens d’Apparition (à ne pas confondre avec les Espagnols du même nom) intitulé
Disgraced Emanations From A Tranquil State.
Sorti trois ans après le déjà très convaincant
Feel, ce nouvel album est le fruit d’un groupe à l’effectif quelque peu chamboulé. En effet, dès 2021 le guitariste Justin Ton (Dead Heat, Tzompantli, Spinebreaker...) choisissait de tirer sa révérence et se voyait remplacer dans la foulé par Andrew Solis (Despise You, futur Nails et Horde Of Eels...). À la même époque, le groupe profitait également de ces quelques mouvements et de sa récente rencontre avec le producteur Taylor Young pour l’intégrer officiellement dans les rangs de la formation en tant que bassiste. Une position jusque-là occupée par Miles McIntosh qui depuis 2021 est désormais en charge de la première guitare... C’est donc en quelque sorte un "nouveau" groupe qui se présente à nous en 2024 mais n’ayez crainte car ces trois années d’absence ont été mises à profit pour que ces changements soient le plus transparents possibles.
Illustré par le Tchèque Vama Marga (Ad Nauseam, Avtotheism, Occulta Veritas, Somniate, Vertebra Atlantis...) qui pour l’occasion propose une oeuvre que je trouve plutôt chouette,
Disgraced Emanations From A Tranquil State est évidemment passé entre les mains expertes de Taylor Young qui une fois de plus signe l’enregistrement (avec l’aide d’un certain Taylor Hales) et le mixage de ces six nouvelles compositions. Probablement tout autant satisfaisait de leurs deux précédentes collaborations avec Nicholas Townsend (Akasha, Alice In Chains, Civerous, Full Of Hell, Kruelty, Momentum, Nails...), c’est une fois encore le Californien qui signe le mastering de ce nouvel album. Dans tous les cas un travail de l’ombre qui donne lieu à une production rugueuse idéalement taillée pour le job.
Sans grande surprise, ces nombreux mouvements de personnels n’ont pas été sans impacts sur la musique des Californiens puisque celle-ci, sans être fondamentalement différente de ce qu’Apparition proposait jusque-là, montre les signes d’un groupe désireux de s’émanciper du poids de ses influences (Incantation en tête) afin d’offrir à ses auditeurs quelque chose d’un petit peu différent et de plus personnel. En effet, sans révolutionner quoi que ce soit,
Disgraced Emanations From A Tranquil State se distingue de son prédécesseur par des titres sensiblement plus longs, un groove nettement plus subtile et une approche beaucoup plus progressive qu’auparavant. C’est d’ailleurs sur ce dernier point que la musique d’Apparition diffère le plus avec d’un côté plusieurs séquences flirtant avec l’idée de ce que peut-être le Jazz (tribal) expérimental (les derniers instants de "Imminent Expanse Of Silence And Not (Or Not)", l’instrumental "Inner Altitudes, Light Transference") et des passages atmosphériques moins hermétiques à l’image de ce que l’on peut entendre sur "Asphyxcreation" et "Circulacate" avec ces notes mélodiques et lointaines évoquants quelque peu Spectral Voice, diSEMBOWELMENT ou Evoken, "Imminent Expanse Of Silence And Not (Or Not)" et "Excruciating Refuge In Reoccurring Torment" avec leurs nappes de synthétiseur ou bien encore "Paradoxysm" avec cette petite mélodie particulièrement entêtante entendue à partir de 2:57. Ainsi, sans véritablement changer son fusil d’épaule, Apparition mise pourtant en 2024 sur une approche tout de même un brin différente qui pourrait bien en laisser quelques-uns sur le carreau.
Cependant, si les Californiens ont effectivement revu leur copie,
Disgraced Emanations From A Tranquil State n’en conserve pas moins une bonne partie de son ADN d’antan. À la manière d’un Incantation dont l’influence est bel et bien toujours présente mais néanmoins mieux digérée, les Américains offrent un Death Metal sombre et fuligineux caractérisé par un riffing particulièrement épais, des accélérations sauvages (bien que régulièrement contrastées par des séquences moins soutenues dont certaines d’ailleurs particulièrement écrasantes), un growl grave et profond ainsi que des ambiances extrêmement pesantes. Bref, rien de bien nouveau ni rien de clinquant là dedans mais dans la mesure où Apparition maitrise son sujet sur le bout des doigts, tous ces moments "convenus" restent néanmoins d’une efficacité à toute épreuve qui ne devrait avoir aucun mal à convaincre les fins esthètes amateurs de Death Metal particulièrement bien troussé.
Trois ans après un premier album engageant, Apparition a su tourner à son avantage ses galères de line-up afin d’accoucher d’un successeur qui ne soit pas une copie conforme du très bon
Feel. Évidemment en se faisant il est possible que le groupe californien ait perdu quelques auditeurs au passage, des auditeurs peu enclins à s’enthousiasmer face à des séquences progressives et instrumentales plus nombreuses ou à un groove moins dynamique et chaloupé mais au final le groupe originaire de Los Angeles continue de s’émanciper de ses principales influences pour un résultat final peut-être toujours pas très original mais néanmoins plus personnel. Aussi, comme je l’ai écrit plus haut, il n’y a rien de clinquant dans le Death Metal que nous propose ici Apparition mais il n’empêche que
Disgraced Emanations From A Tranquil State est un excellent album qui écoute après écoute se dé »juste avec toujours autant de plaisir si ce n’est plus. Un signe qui bien souvent ne trompe pas...
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