"Battre le fer tant que celui-ci est encore chaud". C’est avec cette expression en tête que j’attaque aujourd’hui la chronique du premier album des Américains d’Apparition. Un écrit qui succède à celui de
Granular Transformation publié ici même il y a de cela quelques jours seulement. Eh oui, tant qu’à m’y coller enfin, autant essayer ne pas faire trainer les choses plus longtemps...
Paru en octobre 2021 sur Profound Lore Records,
Feel est le premier-longue durée des Californiens. Un disque qui n’a de long que le nom puisqu’avec ses six nouvelles compositions celui-ci n’excède pas les trente-quatre minutes. Bien sûr, ce n’est pas avec ça que l’on ira s’étouffer mais au moins il est de ces albums dans lesquels il est facile de se plonger et de revenir même en dilettante...
Pour illustrer celui-ci, le groupe de Los Angeles a fait appel aux talents d’un mystérieux Canadien connu sous le nom d’Abomination Hammer. Si ce patronyme ne vous dit rien, sachez quand même qu’on lui doit quelques artworks pour des groupes comme Azothyst, Fuoco Fatuo, Human Agony, Invocation, Leviathan ou bien encore Triumvir Foul. Un curriculum-vitae engageant pour une illustration qui l’est assurément tout autant. Enfin, puisqu’on en est à parler effectif et collaborateurs, la sortie de ce premier album marque l’arrivée d’un troisième larron dans les rangs d’Apparition en la personne de Jnut. Bien que le lien ne soit pas fait sur Metal Archives, il s’agit en fait de Justin Ton des excellents Dead Heat. Une collaboration qui aura été cependant de courte durée puisque celui-ci à depuis quitté le navire...
Produit une fois de plus par Taylor Young (enregistrement et mixage) et Nick Townsend (mastering),
Feel bénéficie d’une production quasi identique à celle de
Granular Transformation, c’est à dire équilibrée et puissante mais avec ce qu’il faut de rugosité et de caractère pour coller à ce genre de Death Metal de fond de cave. Pour ce qui est de la formule employée par les Américains, là non plus pas trop de surprise puisque ces nouvelles compositions s’inscrivent dans la droite lignée des précédents enregistrements de la formation.
Pour autant, on remarque tout de même assez vite que les influences les plus flagrantes (notamment celle d’Incantation) se retrouve désormais un petit peu plus diluée au profit d’une approche forcément un poil plus personnelle. Certes, il ne faudra pas trop compter sur Apparition pour faire bouger les lignes et changer la face du Death Metal mais en même temps il est vain de croire que c’est ce genre de mission que le groupe s’était lui même fixé au départ. Aussi, si John McEntee et sa bande continuent de peser sur la musique des Californiens (essentiellement sur les parties les plus lourdes et rampantes qui ponctuent l’album mais pas que), on constate que la formule a pas mal gagné en groove. Alors effectivement, les deux titres de
Granular Transformation (ainsi que ceux de
Subarachnoid Space) n’en manquaient déjà pas mais je trouve que c’est encore plus flagrant ici. De "Unequilibrium" à 0:17, à "Drowning In The Stream Of Consciousness" à 2:01 en passant par "Nonlocality" à 1:54, "Perpetually Altered" à 0:28, "Entanglement" à 3:44 ou "Feel" à 1:03, on va ainsi retrouver tout un tas de moments chaloupés qui ne devraient pas manquer de vous donner la bougeotte. Certes, rien de bien nouveau là dedans (notamment en comparaison de certains de ses contemporains) mais à quoi bon râler lorsque les choses sont aussi bien faites ?
Au-delà de ce groove efficace et équilibré (le groupe n’en fait jamais des caisses,
Feel brille également par cette dynamique simple mais imparable qui consiste à faire se succéder moments plus ou moins intenses (les entames en fanfare de "Unequilibrium" et "Perpetually Altered", "Drowning In The Stream Of Consciousness" à 1:48, "Entanglement" à 3:13...), séquences nettement plus pesantes et atmosphériques ("Unequilibrium" à 1:32, "Drowning In The Stream Of Consciousness" à 3:17, les deux dernières minutes de "Nonlocality", les premières et dernières parties de "Feel"...) et mélodies parfois un brin tarabiscotées mais surtout fort à propos (les solos et autres leads de "Unequilibrium" à 2:50 et 4:08, "Drowning In The Stream Of Consciousness" à 0:26, 0:58 ou 2:21, "Nonlocality" à 2:45, "Perpetually Altered" à 5:03, "Entanglement" à 2:48 et 4:32 etc).
S’il reste très scolaire dans son approche du Death Metal, Apparition prouve avec ce premier album qu’il est capable de se détacher de ses influences pour un résultat toujours assez peu original mais néanmoins un poil plus personnel. Si vous êtes clients de ce qui se fait actuellement en la matière (Tomb Mold, Blood Incantation, Autophagy, Phobophilic, Cerebral Rot, Fetid et compagnie), il y a quand même très peu de chances pour que vous n’adhériez pas aux propos des Californiens qui sans rien révolutionner offrent avec ce premier album une très chouette leçon de Death Metal entre agressivité, groove et atmosphère. Bref, un album suffisamment bien troussé pour faire de ses quelques défauts des points de détail bien vite relégués aux oubliettes.
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