Morbus Chron - Sleepers In The Rift
Chronique
Morbus Chron Sleepers In The Rift
Je vais vous la faire courte: Suède, Stockholm, old school death metal. Si déjà vous êtes en train de souffler de lassitude en levant les yeux au ciel, je vous invite à stopper votre lecture ici même. Si par contre l'évocation de ces quelques faits a provoqué en vous ne serait-ce qu'un léger soubresaut d'excitation, alors bienvenue dans l'univers tentaculaire de Morbus Chron.
Ce jeune groupe suédois formé en 2007 s'est montré plutôt actif depuis sa création. Morbus Chron compte en effet à son CV pas moins de deux démos, un EP (l'excellent Creepy Creeping Creeps sorti sur le label Me Saco Un Ojo) et enfin ce premier album intitulé Sleepers In The Rift disponible depuis peu sur Pulverised, le fameux label de Singapour. Un parcours plutôt classique mais qui ne doit pas pour autant vous décourager dans la découverte de ce groupe particulièrement prometteur.
Toutes considérations musicales mises à part, Sleepers In The Rift jouie déjà d'un sérieux point fort: sa pochette! L'artwork de l'Espagnol Raúl González (Deceased, Abraxas...) est vraiment très réussie. Ces couleurs vives appliquées à cet univers directement inspiré par les écrits de Lovecraft séduit dès le premier coup d'oeil et invite l'auditeur curieux à la découverte. D'ailleurs, je trouve qu'à travers cet artwork on sent d'emblée le poids d'un certain héritage qui pèse au-dessus de la tête de Morbus Chron. Un héritage qui prend sa source aux origines de la scène Death Metal scandinave. Evidemment...
Histoire de faire les choses proprement, Morbus Chron s'est alloué les services d'un certain Nicke Andersson (si je dois vous le présenter, c'est que vous êtes définitivement irrécupérables) pour assurer la production de ce premier album. Et quoi de mieux pour rendre hommage à la scène Death Metal scandinave que de faire appel à l'un de ses principaux acteurs? Car s'il y a bien une personne capable de faire sonner un album de Death Metal comme il se doit, c'est évidemment Nicke Andersson.
Résultat des courses, Sleepers In The Rift nous transporte vingt ans en arrière, à l'époque ou prendre la pose dans une cave poussiéreuse affublé de son perfecto, son jeans moulant et ses baskets montantes n'était pas de l'ordre du cliché. Cliché que Morbus Chron cultive évidemment sans grande finesse mais néanmoins avec une certaine classe à en juger par la coupe de cheveux de Robert Andersson qui, en 2011, ose la frange avec les cheveux longs. Bref, musicalement les quatre suédois n'ont pas inventé l'eau chaude mais qu'importe car leur musique se destine principalement aux nostalgiques de cette époque ainsi qu'aux amateurs de ce genre où, on le sait, l'originalité n'est pas de mise. Mais faire du neuf avec du vieux ne veut pas obligatoirement dire faire de la mauvaise tambouille, loin s'en faut.
La musique de Morbus Chron s'inspire ainsi ouvertement de ses ainés à commencer par Entombed avec qui il partage le même goût pour les ambiances froides façon films d'horreur (l'intro "Through The Gaping Gate", les cloches sur "The Hallucinating Dead") mais surtout un certain esprit rock'n'roll qui transparait tout au long de Sleepers In The Rift, essentiellement dans les riffs et les soli (sur les excellents "Creepy Creeping Creep" et "Red Hook Horror" par exemple). Cela étant dit, et ce n'est probablement pas un hasard sachant que Nicke Andersson est derrière cet album, je trouve qu'il y a aussi beaucoup de similitudes avec Death Breath, aussi bien d'un point de vu musical (le redoutable "Red Hook Horror") qu'en terme d'identité sonore (la production, le format assez court des compositions, les alternances de rythmes...). Beaucoup de ressemblances et donc peut-être un certain manque de personnalité, mais finalement qu'importe. Comme je l'ai dit plus haut, le propos du groupe est suffisamment clair pour ne pas être trompé sur la marchandise.
Du reste, Morbus Chron réussit à conserver notre attention grâce à des morceaux efficaces et à une qualité de riffs indiscutable. A cela s'ajoute aussi des changements de rythmes réguliers qui permettent à Sleepers In The Rift de gagner en dynamisme et en relief. On trouve donc d'un côté des morceaux rapides comme "Creepy Creeping Creep", "Red Hook Horror" ou "Lidless Coffin" et de l'autre des morceaux plus mid tempo comme "Coughing In A Coffin" ou encore "Deformation Of The Dark Matter". Et puis il y a ce son à la suédoise. Inimitable et tellement caractéristique de toute une scène qui a su s'imposer à l'internationale.
Morbus Chron a donc réussit à passer le cap du premier album avec brio après deux démos et un EP tous très prometteurs. Evidemment Sleepers In The Rift ne trônera pas au panthéon des albums les plus novateurs mais on ne peut que saluer cet amour qu'on les suédois, même les plus jeunes, pour cette musique viscérale. Du haut de ses trente-cinq minutes, Sleepers In The Rift se veut donc un album qui n'a pour seule prétention que de rendre hommage à cette scène mythique sans se soucier de savoir si oui ou non ils seront la "Next Big Thing".
| AxGxB 2 Novembre 2011 - 4854 lectures |
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