Anata - Under A Stone With No Inscription
Chronique
Anata Under A Stone With No Inscription
Vous le savez, mon estimé collègue chroniqueur Silenced-Self, en plus d'être l'une des rares personnes avoir une aussi grande estime de soi que moi, est malheureusement atteint de paraplégie consécutive à un accident de break dance. Ses espoirs de toucher ses fesses avec ses épaules étant ruinés, il s'est reconverti dans la musique, et s'est mis à chroniquer sur Thrashocore, mais une sclérose en plaques lui a progressivement paralysé les membres supérieurs. Ne pouvant écrire qu'au rythme d'une chronique tous les trois ans environ, il m'a autorisé à me charger de ce Under The Stone With No Inscription de Anata, et est reparti chercher une fucture victi… un futur donneur potentiel de poumons pour continuer à faire chi… à vivre malgré sa mucoviscidose – maladie qu'il a contracté par mimétisme avec son idole Grégory Lemarchal. Or ça tombe bien, il se trouve que moi aussi j'aime Anata, et ce depuis leurs tous débuts avec The Infernal Depths Of Hatred sorti il y a bientôt dix ans.
Il n'est jamais facile pour un groupe d'enchaîner les albums quasi-parfaits, et Anata a plutôt difficilement commencé son histoire en sortant un petit chef d'œuvre nommé The Infernal Depths Of Hatred dès son premier essai en 1998. Trois ans plus tard sortait Dreams Of Death And Dismay, qui bien qu'étant tout de même un très bon album, était logiquement une petite déception, mais montrait la volonté d'évolution du groupe ne voulant pas faire un bête copier/coller de l'album précédant. Et nous voilà en 2004 où le troisième album de nos suédois Under A Stone With No Inscription sort.
Aux premières notes on sent tout de suite l'optique que le groupe a décidé de prendre avec ce Under A Stone With No Inscription, à savoir une évolution logique vers un death metal encore plus technique et radical que sur Dreams Of Death And Dismay. Les blasts déferlent, les guitares acérées créent des mélodies endiablées et une voix toujours aussi profonde sans toutefois ne tomber à aucun instant dans le growl de bas étage suffit à amener ce qu'il faut de brutalité sans jamais nuire à la mélodicité de l'ensemble.
Le moins que l'on puisse dire, c'est que l'album démarre sur les chapeaux de roues avec la superbe triplette « Shackled to Guilt », « A Problem Yet to Be Solved », « Entropy Within». Les deux premiers morceaux franchement brutaux et très techniques ne laissent pas présager du surprenant et plutôt posé Entropy Within et sa superbe ligne de tapping, longue de trente secondes. C'est bien simple, c'est pour moi la plus belle ligne de tapping que j'ai entendu sur un album de metal : les deux guitares s'accordent parfaitement pour former une mélodie aérienne et changeante que peu de guitaristes arriveraient à placer, tant son exécution est compliquée par sa rapidité et sa longueur.
Après cela, on en oublierait presque le reste de l'album, car moins fou et moins technique dans sa globalité. C'est là le principal travers de cet album, qui côtoie l'excellence pendant trois morceaux avant de revenir à ce que l'on ne peut seulement qualifier que de très bons morceaux. Certes, on notera aussi de superbes passages dans « The Drowning » et un magnifique break d'arpèges en son clair sur « Any Kind of Magic or Miracle » qui nous ferait presque penser au sublime « Slain Upon His Altar », mais le reste des compositions n'approche pas l'excellence des trois premiers morceaux de ce Under A Stone With No Inscription. C'est exactement le même travers que l'on retrouve sur Dreams Of Death And Dismay, ces quelques coups de génie sporadiques faisant retomber le soufflet malgré des compositions de qualité. Et cette légère déception fait que les défauts mineurs de la production ultra sèche de l'album que sont une caisse claire trop claquante et une grosse caisse trop en retrait passeraient presque inaperçus.
Alors ne nous y trompons pas, Anata a toujours été et de tout temps loin au dessus de la masse des groupes de death metal, et ce Under A Stone With No Inscription ne déroge pas à la règle : à la fois brutal, technique et inspiré, cet album ne saurait décevoir ne serait-ce que grâce aux quelques coups de génies qui le parsèment. Mais comparé à l'excellence de The Infernal Depths Of Hatred, il reste un peu décevant (si tant est que « décevant » puisse s'appliquer à un groupe comme Anata), et ne se démarque que peu de Dreams Of Death And Dismay. Heureusement, le merveilleux The Conductor's Departure paru deux ans plus tard marquera le retour d'Anata au sommet de son art, grâce à un album bien plus aérien et ambiancé. On ne peut qu'espérer que le groupe continue son parcours en ce sens là, le prochain album arrivant cette année !
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