Chauffé à blanc par une récente prestation des Tchèques de Sněť qui, je le savais, me mettraient une fois de plus dans un état pas possible, je ne pouvais pas décemment laisser de côté plus longtemps cette nouvelle sortie certes encore relativement fraîche mais dont la chronique s’est naturellement imposée comme une évidence après un set encore une fois particulièrement musclé. D’ailleurs, saluons à cette occasion l’engagement de ces cinq garçons fort sympathiques et extrêmement dévoués qui viennent de s’embarquer dans une tournée de plus de 5000 kilomètres pour trois dates seulement...
Sorti le 29 mars dernier chez Extremely Rotten Productions et Noxious Ruin, ce split est donc la réunion des Danois de Sequestrum mené par l’infatigable David Mikkelsen (Phrenelith, Undergang, Ulcerot, Wormridden, Extremely Rotten Productions, Ink Lesions…) et des Tchèques de Sněť révélés en 2021 grâce à l’excellent
Mokvání V Okovech paru chez Blood Harvest Records. Pour l’occasion, les deux groupes nous offrent cinq nouvelles compositions proposées sous la forme d’un 7’’ qui, bien qu’un petit peu cher (10€ tout de même), s’avère particulièrement soigné avec une pochette cartonnée bien épaisse, un insert avec notamment les paroles ainsi qu’une chouette illustration (avec au dos une photographie de chaque groupe) signée évidemment des mains de monsieur Mikkelsen et présentée comme une pochette alternative à cette photographie grotesque que vous avez sous les yeux et pour laquelle vous avez probablement tout un tas de questions. Eh bien après renseignement pris auprès du principal intéressé, sachez qu’il s’agit d’un cliché de 1942 représentant un soldat nazi évidemment décédé (et par la même occasion détroussé de ses précieuses bottes) et placé ainsi tel un piquet aux abords de Stalingrad par l’armée soviétique. Ambiance...
Le décor ainsi planté (enfin si je puis dire), place au contenu de ce split avec pour commencer trois nouveaux morceaux de la part des Danois de Sequestrum toujours coincés en mode pipi / caca. D’ailleurs le premier titre s’ouvre sur un sample tiré du film The Naked Gun 2½: The Smell Of Fear (Y a-t-il un flic pour sauver le président, 1991) qui a le mérite d’être clair sur les intentions du groupe et de rappeler au passage quelques bons souvenirs à ceux qui ont grandi avec ce genre de nanards :
"What's that smell? Oh, that would be me. I've been swimming in raw sewage. I love it. I love it!". Du coup, pas de surprise, David Torturdød et sa bande poursuivent leur chemin en terrain miné avec un Death / Grind putride et faisandé qui n’a toujours rien inventé mais dont la formule une fois encore très efficace suffit amplement pour (me) convaincre. De "Saponification Of Ambiguous Genital Tissue" à "Hour Of The Necrophile (The Inevitable Quandary Of Port-morten Erotica)" en passant par "Corpse Stain", la recette reste la même avec des riffs pas bien compliqués mais toujours très épais et chargés en matières fécales et autres substances peu ragoûtantes, de nombreuses accélérations bien sauvages et quelques passages à l’esprit résolument plus Punk, d’autres séquences bien plus lourdingues et écrasantes, un groove à l’image de ces riffs c’est-à-dire sale et pas fin pour un sous et puis ce growl (ou plutôt ces growls puisque les quatre garçons de Sequestrum semblent plus ou moins se partager la tâche) de fond de chiotte au(x)quel(s) viennent s’ajouter quelques déjections vocales hurlées et maladives tout à fait à propos. Bref, ça tache.
La face B marque le retour des joyeux drilles de Sněť un petit peu plus d’un an après leur autre split en compagnie des Canadiens de Grave Infestation. Pour l’occasion, ce sont deux nouveaux morceaux qui nous sont offerts dans un registre lui aussi absolument identique aux précédents travaux du groupe tchèque. Ainsi les amateurs de Death Metal à l’esprit résolument Punk (de l’attitude du chanteur Tomáš Mitura qui transparait même en studio à ces accélérations à la sauce toupa toupa en passant par cette énergie débridée ou bien encore ces artworks grouillants et chargés...) pourront une fois de plus se régaler de ce groove de babouin hérité de formations telles qu’Acephalix et Vastum, de ces riffs qui tâchent et font systématiquement mouche, de ces quelques fulgurances sauvages et brutales amenées juste quand il le faut et à l’inverse de ces instants plus lourds et déglingués comme un Autopsy sait si bien le faire. Alors non, une fois de plus, rien de bien nouveau à l’écoute de "Prokletí Hladových" et "Lhurgoyf" mais cela n’empêche pas que l’on prend encore une fois un pied pas possible à l’écoute de ces deux titres marqués de tous ces attributs évoqués un petit peu plus haut. Une formule effectivement vue et revue mais qui fonctionne pourtant ici à plein tube et qui confirme au passage tout le bien que l’on pensait déjà de Sněť et de ses cinq musiciens.
Fidèles à leurs standards ainsi qu’à une certaine qualité d’écriture (oui c’est simple mais qu’est-ce que c’est efficace), Sequestrum et Sněť viennent de sortir un split qui ne figurera probablement pas dans les annales (tout simplement parce que le format s’y prête rarement) mais qui pourtant, du soin apporté au support (vinyle, pochette, illustration…) à ces productions baveuses taillées pour le job en passant par ces compositions toutes plus redoutables les unes que les autres dans deux styles de Death Metal relativement différents l’un de l’autre. Bref, vous vous savez d’ores et déjà client de l’un ou de l’autre ou encore mieux des deux, ne dormez pas sur cette sortie qui en effet mérite toute votre attention. C’est ce que l’on appelle dans le jargon du bon "gras".
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