Comme je l’évoquais lors de ma chronique du premier album de Grave Infestation intitulé
Persecution Of The Living, les Canadiens ont sorti en tout début d’année un split en compagnie des Tchèques de Sněť, groupe dont les présentations ont déjà été effectuées ici même à l’occasion de
Mokvání V Okovech, un premier méfait lui aussi très solide sur lequel vous devriez avoir déjà posé vos oreilles à l’heure qu’il est.
Paru sur le label londonien Me Saco Un Ojo Records, les deux titres de ce split ont d’abord été mis en ligne sur Bandcamp avant d’être pressés en vinyle quelques mois plus tard. Une sortie physique effectuée en avril dernier sous la forme d’un modeste 7" proposé dans deux coloris différents (noir et vert). Illustrée par Tomáš Mitura (aka Řád Zdechlin aka skeletom_warrior), chanteur survolté de Sněť, cette union bouclée en moins de douze minutes ne laisse évidemment présager rien de très fin avec ce personnage dégoulinant et belliqueux armé jusqu’aux dents.
Ce sont les Tchèques qui ont la responsabilité d’ouvrir les hostilités avec "Groteskní Hybrid", titre inédit de plus de quatre minutes qui sans surprise va se contenter de reprendre les choses là où le groupe de Prague les avait laissé un petit peu moins de deux ans auparavant. Une continuité tout à fait logique d’autant plus que ce morceau a été enregistré en 2021 (soit quelques mois seulement après la sortie de leur premier album) et qu’il n’est donc pas de toute première fraîcheur.
Servi par une production granuleuse et abrasive, « Groteskní Hybrid » concentre ainsi tout ce qui faisait déjà le charme de
Mokvání V Okovech : un côté foutraque et déglingué particulièrement sympathique rappelant encore une fois un groupe comme Autopsy, un groove putride toujours aussi redoutable (cette première partie plus lourde évoquant pas mal Necrot mais surtout un petit peu plus loin à partir de 1:24), quelques accélérations bien sauvages qui vont évidemment dynamiser l’ensemble (à 0:23 et 2:34), une pointe de mélodie très bien sentie (ce solo entamé à 1:53) et puis ce growl toujours aussi gras et baveux. Une formule qui ne réinvente rien mais dont le degré d’immédiateté et d’efficacité suffit amplement à compenser cette absence d’originalité. Bref, avec ce titre aussi court que convaincant, Sněť confirme qu’il est un groupe à suivre et qu’à moins qu’il ne rencontre quelques obstacles insurmontables on peut en effet compter sur lui pour apporter sa pierre à l’édifice, aussi modeste soit-elle.
Sur la face B on va retrouver les Canadiens de Grave Infestation pour un "Pseudocommando" de plus de six minutes. Là encore, la formation originaire de Toronto ne s’est pas mise en tête de chambouler les choses, préférant comme ses collègues tchèques reprendre le chemin de leur Death Metal comme si de rien n’était. On ne leur tiendra certainement pas rigueur puisque le résultat s’avère là encore toujours aussi probant.
A l’instar de
Persecution Of The Living, l’influence des Américains d’Autopsy s’impose assez rapidement sans pour autant sauter une nouvelle fois aux yeux et aux oreilles. Car comme chez Chris Reifert et ses acolytes, Grave Infestation va s’attacher à varier les plaisirs, faisant en effet se succéder accélérations thrashisantes plus ou moins rapides et déglinguées (de 1:11 jusqu’ à 3:16) et séquences plombées aux mélodies particulièrement sinistres (dès les premières mesures de "Pseudocommando" et ce jusqu’à 1 :10 environ puis de nouveau à partir de 3:17 et surtout 3:55 jusqu’à son issue) sans pour autant s’attarder sur tous les gimmicks associés à la célèbre formation de San Francisco. Notons également que l’aspect mélodique est ici particulièrement mis en avant grâce à ces successions de leads qui vont venir assombrir l’atmosphère tout au long de cette seconde moitié particulièrement faisandée. Rien de bien compliqué dans tout cela mais un travail bien fait et une ambiance qui pue la mort à plein nez. Tout comme Sněť, Grave Infestation est ici là où on l’attendait mais dans la mesure où les Canadiens réussissent à faire mouche et à convaincre aussi aisément, pourquoi le leur reprocher ?
Ayant épuisé depuis déjà belle lurette toutes mes grandes phrases au sujet de ce format peu plébiscité qu’est le split 7", je vous épargnerai ces quelques lignes passées à radoter pour conclure en vous disant simplement que ces deux titres inédits valent largement la peine que vous y consacriez treize petites minutes de votre temps, surtout si comme moi vous n’avez pas manqué de succomber aux charmes rances des premiers albums de ces deux formations prometteuses même si encore discrètes.
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