Je dois décidément arrêter d’attendre une suite à l’orphelin
Goner ou même croire que la légère déconvenue signée par Iron Lung cette année –
White Glove Test n’est malheureusement pas à la hauteur de
Sexless // No Sex – allait se rattraper d’une façon ou d’une autre : cela rend décevant des disques ne déméritant pas pour autant. Et pourtant, qu’est-ce que j’espérais que Dead In The Dirt sorte son album du mur, celui qui remettrait de l’ordre dans la course à la bourre du hardcore next-gen ! Forcément, l’impression que derrière cette pochette claustrophobique ne se cache qu’une œuvre « faisant bien le travail » ne pouvait qu’être amère.
Oui,
The Blind Hole n’est pas la tuerie qu’annonçait l’EP
Fear. Il n’en reste pas moins un bon shot de hardcore à la Southern Lord qui fera plaisir aux amateurs de His Hero Is Gone, Dropdead, Nails ou Weekend Nachos. Le trio d’Atlanta a été bien éduqué, compilant à sa base grindcore le crust à la fois déprimé et sauvage des créateurs de
Monuments To Thieves, le jeu de boîte de vitesse de
Worthless et même cette accroche rappelant l’album sans titre de Magrudergrind lors de breaks irrésistibles. Un pot-pourri marqué par une noirceur n’ayant rien de feinte.
En effet, ici, la règle du « Make it darker » en vigueur dans les scènes hardcore actuelles n’est pas là pour cacher un manque de hargne, bien au contraire ! Les passages se voulant lourds et sales sont bien lourds et sales avec leurs tempos trainants et violents à la fois, tout à fait dans le ton du nom que se donnent les Ricains (« Halo Crown » ou encore « The Pit of Me », que Greg Anderson a déclaré être le meilleur morceau qu’il a entendu depuis le
Dopesmoker de Sleep – c’est évidemment exagéré, bien que l’enthousiasme soit partagé). Cependant, c’est lorsque Dead In The Dirt passe en hyper vitesse qu’il se montre plus convaincant. Sans chercher à changer la recette des groupes de grindcore se situant plus du côté punk que metal,
The Blind Hole propose quelques grand moments où trouver à se vriller la cervelle, cette espèce d’agression si soutenue qu’elle ne vise plus le corps mais les nerfs.
Seulement, en parsemant ses compositions de passages plus catchy, Dead In The Dirt perd en bestialité ce qu’il gagne en efficacité. Les breakdowns et autres mosh-parts font au départ leur effet (notamment lors de « Knife in the Feathers » et sa baisse de tempo inattendue à la limite du beatdown) mais émoussent à terme cette raideur qui rendait les dix minutes de
Fear implacables. L’épreuve du longue-durée n’est pas tout à fait concluante,
The Blind Hole se situant par certains aspects non loin du tout-venant approuvé par Cvlt Nation, à l’image d’une production abusivement musclée par endroits. L’impression générale finit par être celle d’un disque énergique, énervé, mais ne transmettant pas ce sentiment d’excessivité ayant pu se déceler chez Early Graves ou, plus récemment, dans
le dernier essai de Fukpig.
Malgré ses influences multiples,
The Blind Hole se situe un peu trop dans les limites pour convaincre totalement. Dead In the Dirt continue tout de même d'être un groupe que je vais suivre avec intérêt, certains de ses atouts se trouvant difficilement ailleurs (le jeu sur les différentes voix par exemple, l’alternance entre beuglements d’ours et cris éructés étant rarement mieux exécutée qu’ici). Non pas la révolution annoncée mais un disque rappelant que le grindcore est aussi bien une musique d’affamé que de passionné, ces quelques vingt-quatre minutes possédant ce qu’il faut d’estomac et de cœur. À ceci près que Dead In The Dirt les a en charbon.
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