Dead In The Dirt - Fear
Chronique
Dead In The Dirt Fear (EP)
Esthétique necro, signature sur Southern Lord, chronique sur CVLT Nation… Est-il utile de présenter la catégorie sur laquelle s’aligne Dead In The Dirt ? À moins d’être totalement désintéressé par la scène, tu sais d’un regard ce que ce groupe de Géorgie va proposer : à peu de chose près la même violence crust baignée dans du metal au son de souillon que ses frères de Drainland, Early Graves, Balaclava, Nails ou Seven Sisters Of Sleep. T’en fais pas si tu les connais pas tous, ils sont aussi différenciables les uns des autres que deux DLC de Gears Of War, préférant mouliner plus fort qu’à une finale de MasterChef que se poser des questions identitaires. Un genre que j’affectionne particulièrement, trouvant que Cursed s’est arrêté trop tôt et n’a que touché du doigt cette rigidité cadavérique devenue le bande-dur du hardcore. Pourtant, la plupart de ces nouveaux venus finissent par me frustrer, ultra-tout sans donner envie de transformer « putain » en adjectif.
Pas Dead In The Dirt. Lui a compris que les enchainements D-beat/Blasts devaient être des convulsions, qu’arrondir les angles et jouer carré étaient des géométries trop compliquées, qu’après la bourre venait encore plus de bourre et que quand il n’y avait plus rien à bourrer, il fallait continuer à bourrer encore et encore, cela toujours avec la vivacité d’un Pig Destroyer en pleine boue de cochon, sans finesse, placement, refrain ou autres machins de musiciens. Ouais, ça fait beaucoup de superlatifs en peu de lignes mais c’est bien ça qui différencie Dead In The Dirt de ses congénères : il n’a aucune retenue ou trucages sonores pour palier un manque de haine, son domaine à lui étant la recherche constante du riff MDMA. Partout. Tout le temps. Dieu, ça n’en finit pas.
…A partir de là, toute description devient aussi pénible à lire que le mot « circonvolution », Fear lattant ton discernement à chaque volée en te laissant comme seule supplique une suite pas trop tardive (aussi court que bon, malheureusement). Citons tout de même quelques éléments prouvant que ce premier EP se situe vers l’infini et au-delà, tels que la double-pédale supersonique de « Can They Suffer ?», les guitares biscornues de « Disease », le concassage de « Sever The Tie » et « Skin Graft » (reprise de Left For Dead, formation pré-Cursed), le triple-chant présent sur tous les morceaux ou un « The Screaming Wind » à l’introduction blackened en diable. Vu les formats serrés, ces exemples sont à prendre pour ce qu’ils sont : des détails dans un bloc d’onze grosses minutes trop chamboulées pour faire ressortir une bataille plutôt qu’une autre.
En somme, tout va bien : Dead In The Dirt passera pour certains pour un clone supplémentaire alors que d’autres y trouveront une folie le rendant à part malgré une baston de surface aux atours classiques, à la manière de ce qu’Elitist a pu accomplir avec sa fameuse démo. Au passage les gars, il est beau votre vinyle - et pas cher en plus de ça - mais le gris clair sur gris à peine plus foncé, c’est pas franchement pratique pour faire briller les mirettes. Enfin, ça vous empêche pas de mériter votre prix de « meilleur nouveau groupe hardcore de l’année ».
| lkea 25 Décembre 2011 - 1737 lectures |
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