Gosudar - Morbid Despotic Ritual
Chronique
Gosudar Morbid Despotic Ritual
Originaire de Moscou, Gosudar s’était fait gentiment remarquer en 2018 grâce à une première démo plutôt sympathique dont on retrouvait dès l’année suivante les deux titres sur un split 12’’ en compagnie des Australiens de Carcinoid. Depuis, on attendait que la jeune formation prenne un petit peu d’envol et nous revienne avec un format évidemment plus généreux. C’est aujourd’hui chose faite avec la sortie de Morbid Despotic Ritual, un premier album paru en mai dernier sous la bannière du label Rotted Life Records.
Pour accoucher de ce dernier, Gosudar a fait appel au producteur Alexander Sarychev avec qui le groupe avait déjà collaboré par le passé lors de l’enregistrement de sa première démo alors que le mastering à quant a lui été confié à l’infatigable Dan Lowndes de Cruciamentum. Pour ce qui est du logo, celui-ci est l’oeuvre de l’Ukrainien Konstantyn Kopacz aka Warhead Art (Antichrist Siege Machine, Caveman Cult, Elegiac, Enforced, Marduk, Sanguisugabogg...) alors que l’artwork a été réalisé par un certain Nestor Povarnin qui en dépit d’un curriculum-vitae proche du néant s’en sort tout de même plutôt bien. Voilà pour ce qui est des présentations d’usage, passons maintenant à ce qui nous intéresse véritablement ici.
Puisant son inspiration dans le Death Metal des années 90, Gosudar n’est pas de ces groupes qui révolutionneront le genre ni de ceux capables d’y apporter un soupçon de fraîcheur par le biais d’idées sortant quelque peu des sentiers battus. Si vous n’êtes pas près à vous enfiler un groupe qui une fois encore doit énormément à Incantation et dans une moindre mesure à certaines formations européennes, qu’elles soient récentes ou non, vous êtes donc invités à passer dès à présent votre chemin. À l’inverse, ceux qui sauront s’accommoder de ce relatif manque de personnalité seront sûrement charmés par les nombreuses qualités dont fait preuve le groupe russe tout au long de cette petite demi-heure. Car en effet, il y a chez Gosudar de quoi contenter (et même davantage) l’amateur de Death Metal sombre et fuligineux. Et si le groupe s’inspire en effet assez ouvertement de ce qui se faisait au début des années 90, on trouve tout de même chez les Russes un côté également plus actuel qui rappelle par moments certains groupes, notamment danois, tels que Phrenelith ou Hyperdontia. Bref, rien de bien nouveau, mais une formule que Gosudar semble maîtriser ici à la perfection.
Morbid Despotic Ritual se caractérise ainsi par une alternance de passages mid-tempos plombés et menaçants et d’accélérations beaucoup plus sauvages qui contribuent naturellement à créer une véritable dynamique sur laquelle repose chaque composition de ce premier album. Il y a donc d’un côté ces riffs mid-tempo écrasants qui, couplés à ce growl profond et rugueux vont participer à la mise en place d’atmosphères particulièrement réjouissantes dans ce qu’elles ont de sinistres (les premières secondes de "Demented Visions Of The Infinite Power" et "Morbid Despotic Ritual", "Awakening Of The Realm" à 3:17, "Prophecy Embodiment" à 1:25). Mais ce n’est pas tout, grâce à ces quelques mélodies lointaines et distordues évoquant ce que l’on peut déjà retrouver chez des groupes comme Evoken, dISEMBOWELMENT ou Spectral Voice, Gosudar offre également quelques séquences aux ambiances beaucoup plus crépusculaires ("Demented Visions Of The Infinite Power" à 3:34, "Scripture Of The Vile Testimony" à 2:03, "Insurrection Of Nephilim" à 3:08, "Morbid Despotic Ritual" à 4:48) capables de nous amener dans les profondeurs obscures et terriblement froides de l’Espace.
À ces moments viennent s’opposer mais avec politesse et harmonie de franches secousses dont l’intensité redoutable évoquent effectivement des groupes tels que Phrenelith ou Hyperdontia. C’est le cas notamment sur l’entame d'"Awakening Of The Realm", "Prophecy Embodiment" à 1:06 et 3:23, "Scripture Of The Vile Testimony" à 1:38 ou "Morbid Despotic Ritual" à 3:19 ainsi que quelques accélérations plus tranquilles sur la base de tchouka-tchouka comme sur "Demented Visions Of The Infinite Power" à 0:46 et 1:33, "Awakening Of The Realm" à 0:58 ou "Scripture Of The Vile Testimony" à 1:29 et qui, dans les deux cas, donnent à Morbid Despotic Ritual ce relief nécessaire pour faire de ces morceaux relativement longs (cinq minutes de moyenne) des titres lors desquels on ne s’ennuie jamais.
Si ce que propose Gosudar n’a rien d’original, le groupe fait néanmoins un pas en avant par rapport à sa première démo de 2018, notamment en ce qui concerne cette production taillée pour le job. Et si le Death Metal des Russes peut effectivement rappeler par moment celui d’autres formations plus reconnues, il n’en reste pas moins que ce Morbid Despotic Ritual est ce que l’on peut appeler une franche réussite. Oui, le spectre d’Incantation plane sur chaque séquence ou presque, oui certains passages évoquent tantôt Spectral Voice tantôt Phrenelith mais peu importe, le trio est bien au fait de son sujet et donne à entendre un Death Metal plein de relief, toujours ultra efficace et aux ambiances extrêmement bien senties. Bref, après une première démo sympathique mais passée quelque peu inaperçue, Gosudar fait là une entrée remarquée dans le petit monde du Death Metal underground. Une entrée qui ne devrait pas manquer de trouver son public.
| AxGxB 6 Août 2021 - 1031 lectures |
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