Si certains vieux briscards sont malheureusement à la peine depuis déjà quelques années, d’autres semblent par contre profiter d’une seconde jeunesse, confirmant plus que jamais leur statut de groupes "cultes" et "incontournables" acquis depuis déjà belle lurette. Après Dying Fetus revenu mettre les pendules à l’heure avec un nouvel album des plus concluants, c’est aujourd’hui au tour de Cannibal Corpse d’assoir à nouveau sa position de grand patron. Bien entendu, certains contesteront ce statut mais après trente-cinq ans d’une carrière majoritairement faite de hauts, difficile tout de même de ne pas s’accorder sur ce point.
Quoi qu’il en soit, deux ans seulement séparent ce nouvel album intitulé
Chaos Horrific de son très sympathique prédécesseur. Un laps de temps particulièrement court surtout lorsque l’on sait que la formation n’est pas restée tranquille chez elle les pieds sous la table mais qu’elle a parcouru l’Europe et les États-Unis et cela à deux reprises… Bref, je ne sais pas si l’on doit ce regain de vitalité à monsieur Erik Rutan débarqué dans les rangs de Cannibal Corpse peu avant la sortie de
Violence Unimagined mais toujours est-il que cela faisait une dizaine d’années que le groupe de Tampa n’avait pas été aussi prompt à dégainer (bien qu’il n’ait jamais été du genre à faire traîner les choses).
Derrière les potards depuis 2006 et la sortie de
Kill, Erik Rutan signe une fois encore la production de ce seizième album. Si celui-ci a souvent été décrié pour ses réalisations un brin étouffées, force est de reconnaître qu’il fait du plutôt bon boulot depuis maintenant quelques années en ne cédant pas totalement aux sirènes de la modernité. Relativement soignée et équilibrée, la production de
Chaos Horrific manque peut-être un petit peu de caractère pour faire véritablement la différence mais compense néanmoins ce petit détail par une efficacité tout à fait évidente. Un constat dressé dès les premières secondes de "Overlords Of Violence" avec notamment cette basse particulièrement délicieuse et une impression générale d’emblée très positive (batterie triggée mais néanmoins relativement naturelle, guitares typiques du son Cannibal Corpse). Côté illustration, Vincent Locke demeure fidèle à lui-même et à l’identité visuelle toujours aussi graphique des Américains. Sympathique mais sans surprise, on aimerait parfois voir un album des Floridiens illustré par quelqu’un au coup de pinceau et de crayon forcément un poil différent.
Alors que reste-t-il à dire que l’on n’ait pas déjà évoqué ici ou ailleurs une fois ces présentations terminées ? Vous vous en doutez, les Américains n’ont pas saisi l’occasion de ce nouvel album pour aller explorer de nouveaux horizons et offrir à leurs auditeurs un semblant de nouveauté. À vrai dire,
Chaos Horrific s’inscrit même dans la continuité des récents travaux de Cannibal Corpse offrant ainsi un Death Metal thrashisant sensiblement moins brutal et technique que par le passé mais néanmoins toujours extrêmement efficace. Alors effectivement, cela pourra sembler quelque peu rédhibitoire pour ceux qui voient en Cannibal Corpse un groupe vieillissant utilisant encore et toujours la même formule pour écouler ses albums par palettes entières. Cependant, et même si je ne leur donnerais pas totalement tord, je pondérerais tout de même ce genre d’affirmation - encore plus ici - par le fait que le groupe a largement prouvé, hier comme aujourd’hui. la pertinence de son propos
Du haut de ses trente-neuf minutes pour "seulement" dix titres,
Chaos Horrific renoue avec ce qui caractérise les Floridiens depuis déjà quelques années. Se succèdent ainsi pour le meilleur et le meilleur seulement séquences Death / Thrash toujours aussi virulentes et sauvages ("Overlords Of Violence" à 0:12, "Frenzied Feeding", "Vengeful Invasion" à 0:08, les premières secondes "Fracture And Refracture", "Pitchfork Impalement" à 0:49...) accompagnés parfois par quelques solos mélodiques bien sentis attisant très justement cette sensations d’intensité ("Overlords Of Violence" à 1:51, "Frenzied Feeding" à 0:40 et 2:37, "Chaos Horrific" à 2:28, "Pestilential Rictus" à 3:01...), riffing plus ou moins tarabiscoté (effectivement moins technique qu’il y a quelques années mais tout de même sacrément bien troussé) qui ne manquera pas de convaincre une nouvelle fois ("Overlords Of Violence" à 1:23, "Summoned For Sacrifice" à 0:57, les entames en fanfare de "Fracture And Refracture" et "Pitchfork Impalement"...), ralentissements un poil plus lourdingues afin tout de même de varier les plaisirs (les premiers instants de "Summoned For Sacrifice" et "Blood Blind", "Pestilential Rictus" à 2:37, la dernière partie de "Drain You Empty"...), growl mitraillette signé un Corpsegrinder toujours en très grande forme et groove de babouin décérébré toujours redoutable d’efficacité ("Frenzied Feeding" à 1:38, la première partie de "Summoned For Sacrifice", "Vengeful Invasion" à 1:54, "Chaos Horrific" à 1:53, "Pitchfork Impalement" à 2:04...). Pour autant, si ce nouvel album ne constitue en aucun cas une surprise et qu’il marche effectivement sans vergogne dans les pas de ses récents prédécesseurs, celui-ci s’impose néanmoins comme le plus réussi et le plus efficace de ces dernières années.
Une affirmation difficile à illustrer concrètement dans la mesure où, comme évoqué plus haut, rien n’a véritablement changé du côté de Cannibal Corpse. Pourtant, il faut bien se rendre à cette évidence que ces vieux brigands ont bel et bien réussi à élever un tantinet leur niveau de jeu en comparaison des autres albums les plus récents. Une efficacité sensiblement accrue qui, à plusieurs reprises tout au long de ces trente-neuf minutes, nous fait dire "ah ouais", "oh la vache", "aaaah putain" et autres approbations plus ou moins sonores mais toujours sincères attestants bel et bien que Cannibal Corpse en a encore largement sous le coude.
Alors que Cannibal Corpse signe avec
Chaos Horrific ce qui est donc tout de même son seizième album, les Américains ne laissent poindre aucun signe de fatigue ni même de faiblesse. À ce rythme là, ils pourraient donc bien continuer de nous régaler pendant encore plusieurs années. Évidemment, tout ces nouveaux albums ne surpasseront jamais ces quelques pierres angulaires qui constituent aujourd’hui sa discographie et cela pour tout un tas de raisons, qu’elles soient liées à l’histoire même du Death Metal ou quelles soient beaucoup plus personnelles mais pourquoi bouder notre plaisir face à un disque de cet acabit ? Oui on a déjà entendu plus brutal, oui on a déjà entendu plus technique, oui on a déjà entendu plus original mais pour un groupe dont la carrière a débuté en 1988, on peut dire que Canniboul se porte encore comme un charme. Bref, sans rien vraiment changer à sa formule, le célèbre groupe floridien vient rappeler qu’il n’a certainement pas à rougir face à cette jeunesse aux dents longues et certainement pas de ses compétences en la matière. Chapeau bas messieurs.
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