Coffincraft - In Eerie Slumber

Parmi les dernières sorties du label espagnol Memento Mori, beaucoup me sont passées à côté. Dans ce lot plutôt conséquent, l’une d’elles a pourtant réussi à attirer mon attention. Est-ce l’artwork signé Alexander L. Brown qui m’a implicitement suggéré d’aller y poser une oreille? Oui, très probablement. Et je me félicite d’avoir eu autant de jugeote car sans bousculer le petit monde du Death Metal underground, ce premier album de Coffincraft est plutôt une belle réussite dans son genre.
Originaire de Joensuu en Finlande, le groupe se forme en 2008 en réunissant sous sa bannière des membres d’Hårda Skit et Horizon. Ça ne vous dit rien? Moi non plus. Aussi, après deux EP sortis en 2010 et 2012 (Bestial Conclusions et Shockwave Of Truth), Conffincraft sort aujourd’hui son tout premier album intitulé In Eerie Slumber.

"Why have you disturbed our sleep; awakened us from our ancient slumber?", c’est sur ce sample tiré du célèbre film Evil Dead que s’ouvre ce premier album de Coffincraft. Une entrée en matière des plus traditionnelles, pour ne pas dire convenue (combien de groupe ont déjà repris un extrait de cette fameuse trilogie en guise d’introduction), pour un album définitivement placé sous le signe des années 90. Empruntant autant à la scène finlandaise qu’à la scène suédoise, le trio joue carte sur table dès les premières secondes d’"Impious Spawn", notamment grâce à une production rugueuse aux guitares estampillées HM2. Une franchise qui a le mérite d’aiguiller rapidement le curieux qui sera amené à poser ses oreilles sur ce disque au contenu peu rafraichissant. En effet, pas de surprise ici mais un résultat convaincant et efficace pour peu que l’on apprécie son Death Metal teinté de Doom. Car si Coffincraft sait donner le change à coup de titres pour le moins vindicatifs ("Impious Spawn", "Exaltation Of Fornication", "Ill Verdict", "Ego Pt. I"...), il sait également travailler l’auditeur au corps à coup de compositions ("The Claimant", "Ego Pt. II") ou de séquences ("Impious Spawn" à 2:38, "Exaltation Of Fornication" de 0:00 à 0:25 puis à 2:37, "Ill Verdict" à 2:21, "In Eerie Slumber" à 3:38) beaucoup plus écrasantes. Ainsi In Eerie Slumber offre une belle dynamique, évitant le genre de confrontations souvent jugées comme trop redondantes. Les Finlandais esquivent alors les risques potentiels d'un album mené tête baissée pour un disque plus ambiancé ou les breaks et les passages moins soutenus sont légions et les changements de structures plus nombreux qu'il n'y paraît. Cela me va très bien car on ne peut pas dire que l’on manque aujourd’hui de groupes ayant fait le choix de l’option la plus frontale.

Et à défaut d’être original, Coffincraft sait comment s’y prendre pour se montrer efficace en toutes circonstances. Cela passe en premier lieu par des riffs simples mais souvent redoutables. Rien de bien sorcier mais de quoi dégommer bien des têtes de metalheads (l’excellent "Impious Spawn", "Exaltation Of Fornication" à 0:25, "Ego Pt. I" à 0:21, "Necrostation" à 1:00...). A cela, les Finlandais y ajoutent un certain feeling Rock’n’Roll bien sentie et toujours aussi entrainant ainsi qu’une section rythmique à se taper la tête contre les murs. Tchouka-tchouka des familles pour un Death Metal souvent endiablé. Oui, on connait tous la chanson mais Conffincraft fait les choses avec passion et surtout un minimum de talent. La production old school, compacte et granuleuse se veut symptomatique du genre mais néanmoins plutôt modérée. Pas d’excès donc mais un voyage dans le temps inévitable pour quiconque connaît ses classiques.

Bref, je ne vais pas vous faire un dessin plus longtemps, la musique de Coffincraft se destine essentiellement aux amateurs du genre qui en 2015 n’en n’ont pas encore ras la casquette de ce genre d’albums sans surprise mais à l’efficacité indéniable. Pour ma part, je sais où je me place et c’est avec beaucoup de plaisir que j’ai lancé chacune des écoutes de In Eerie Slumber. Par conséquent, je vous inviterais bien volontiers à vous y intéresser si vous n’êtes pas du genre à dire non à un bon Death Metal old school à la sauce scandinave. Vous ne devriez probablement pas le regretter.

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