Abysmal Dawn - Phylogenesis
Chronique
Abysmal Dawn Phylogenesis
Depuis ses débuts la formation menée par Charles Elliott a toujours été considérée comme une élève sérieuse et appliquée, mais auquel il manque quelquechose pour franchir un palier en terme de notoriété comme de qualité. Car étant confinée depuis toujours dans la deuxième division du Death Metal d'outre-Atlantique celle-ci a livré des albums bien écrits, techniquement nickel mais qui malheureusement se révélaient être sur la durée assez pantouflards et quelconques pour marquer les esprits, et espérer ainsi grimper dans la hiérarchie. Pourtant en 2014 la sortie de "Obsolescence" a marqué un léger changement de cap, le groupe osant enfin se lâcher un peu plus et hausser son niveau de jeu, qui malgré là-encore des imperfections prouvait qu'il arrivait à être convaincant, à défaut toujours de devenir incontournable. Conscient qu'il été sans doute proche du but espéré son dernier membre d'origine a pris son temps pour peaufiner ce cinquième opus, probablement décisif dans un sens comme dans l'autre, car il lui a fallu six ans pour voir le jour (un record) et cela sans compter une arrivée chez Season Of Mist ainsi que l'intégration d'un nouveau batteur et d'un second guitariste. Si le frontman a toujours bien su s'entourer par le passé il faut bien avouer que cette fois-ci les nouveaux venus ont un bagage technique encore plus élevé que leurs prédécesseurs, mention spéciale au frappeur James Coppolino impressionnant tant en vitesse qu'en précision sur les passages blastés les plus explosifs et variations diverses.
L'apport des recrues est d'ailleurs flagrant d'entrée sur le très bon « Mundane Existence » où toute la panoplie des musiciens va être mise en avant, via de nombreuses cassures rythmiques où explosivité et lenteur ne se cessent de s'entremêler afin de renforcer la sensation de puissance et de lourdeur. Sans révolutionner quoi que ce soit ce morceau d'ouverture montre de solides arguments et une grande variété de tempos qui font mouche (chose que l'on va retrouver un peu plus loin sur les tout aussi réussis et directs « The Path Of The Totalitarian » et « True To The Blind »). Si le démarrage est mené tambour battant le combo va progressivement alourdir son propos et amener plus de noirceur dans sa musique, comme cela est le cas sur l'excellent « Hedonistic », où la rapidité est mise de côté pour laisser plus de place à la lenteur et ainsi mettre au jour une facette rampante particulièrement oppressante où la technicité s'efface légèrement sans pour autant disparaître. Ces moments obscurs et écrasants ont d'ailleurs gagné en accroche par rapport à un passé proche, preuve en est l'excellentissime « A Speck In The Fabric Of Eternity » (où quelques parties tout en rapidité sont néanmoins présentes) et surtout avec le redoutable et suffocant « Soul-Sick Nation » dont le riffing en mode 38 tonnes ressemble étrangement à celui présent sur les compos les plus massives de CANNIBAL CORPSE (« Death Walking Terror » ou « Evisceration Plague »).
Cependant, et comme d'habitude devrait-on dire, les Californiens ont la fâcheuse tendance à avoir une baisse de régime notable et ce nouveau long-format n'échappe malheureusement pas à cette règle, à cause à la fois de longueurs inutiles et d'une écriture moins inspirée sur certains passages. Cela s'en ressent sur le moderne « Coerced Evolution » et l'ennuyeux « The Lament Configuration », où pour le premier ça se montre beaucoup trop redondant et répétitif pour captiver du début à la fin (malgré une rythmique découpée et syncopée qui lorgne un peu vers SOREPTION), quant au deuxième les plus de six minutes paraissent interminables à cause de plans répétés trop fréquemment (et ce malgré du solo hyper inspiré). Heureusement pour clôturer dignement les débats quoi de mieux qu'une reprise pour mettre tout le monde d'accord, et ici c'est DEATH qui est à l'honneur via un « Flattening Of Emotions » absolument fidèle à l'original (qui ouvrait le mythique « Human »), qui bien qu'il n'amène rien à l'ensemble est toujours plaisant à entendre, montrant que malgré les années l'oeuvre de Chuck Schuldiner reste toujours aussi intemporelle.
Alors oui il est évident que cette galette possède de nombreuses qualités et qu'elle est encore plus réussie que la précédente, mais ça n'est pas encore cette fois-ci que ses créateurs vont passer du statut de première partie alléchante, à celui de tête d'affiche qui rameute les foules. Certes c'est toujours aussi précis et imparable mais il manque clairement quelquechose pour franchir ce cap, tout comme l'apport d'une plage vraiment marquante malgré le niveau proposé par chacun des gars qui se sont surpassés sur leurs instruments (notamment via les nombreux leads magnifiques présents en continu). Du coup même si ce cinquième chapitre est probablement le plus abouti et homogène d'une discographie désormais conséquente, cela ne changera pas la donne ni le schmilblick tant il ne marquera pas l'année durablement, et maintiendra ses auteurs dans la catégorie des disques "bons mais sans plus", chose à laquelle ils semblent être désormais définitivement condamnés.
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