Moral Putrefaction - Moral Putrefaction
Chronique
Moral Putrefaction Moral Putrefaction
Si pendant longtemps la scène Metal extrême de l’Asie se limitait principalement aux frontières du Japon et de Singapour, l’Inde en est devenue aujourd’hui un des étendards au sein du continent avec l’arrivée de quelques formations de très bon niveau qui n’ont rien à envier à celles d’outre-Atlantique et d’Europe. Il faut dire qu’avec presque un milliard et demi d’habitants le pays a un potentiel musical assez impressionnant, et ces dernières années l’ont vu donner naissance notamment à GUTSLIT, BLOODKILL, SPEEDTRIP ou encore AMORPHIA (et tout ça sans compter évidemment les vétérans de KRYPTOS)... dont les sorties respectives ont reçu de bons échos. Si bien sûr tout cela reste encore embryonnaire quantitativement par rapport à d’autres endroits du globe force est de reconnaître qu’on est rarement déçu par ce qui nous parvient de là-bas, et avec MORAL PUTREFACTION on va continuer sur cette lancée vu que le premier opus de ce trio a de très bons arguments pour plaire à beaucoup de monde. Si celui-ci a quasiment une décennie d’existence au compteur on ne peut pas dire qu’il ait été productif (une seule Démo publiée en 2019 avant la sortie de cet album), la faute à des mouvements incessants de personnel autour du batteur et du guitariste (qui s’occupe désormais aussi du chant) qui ont retardé l’écriture de ce disque pourtant prêt depuis déjà un bon moment (et dont on a pu entendre des extraits lors du passage de ses auteurs au Wacken Festival en 2022 – ceux-ci ayant gagné l’édition nationale du concours annuel). Officiant dans un Death Metal particulièrement sombre et gras où rôde l’ombre des MORBID ANGEL, IMMOLATION, BLOODBATH ou encore GORGUTS l’entité va durant un peu plus d’une demi-heure délivrer la bonne parole sans jamais trop en faire, tout en se montrant inspirée et agréable.
Si effectivement on retrouve les influences précitées le combo ne va cependant pas faire du copier-coller, vu que sa musique mise majoritairement sur une rythmique lente et rampante et un côté old-school granuleux qui densifie ainsi l’ensemble en le montrant plus opaque, tout en étirant largement ses morceaux qui tournent toujours aux alentours des cinq-six minutes chacun. Démarrant par la doublette « Divided » / « Serpent’s Gaze » cette galette va dévoiler de bien belles choses malgré un côté bordélique dommageable, tant le frappeur semble vouloir en faire des tonnes du côté des cassures rythmiques... au point qu’on a du mal à vraiment rentrer dans le concept de ces deux titres. Pourtant ceux-ci ont des arguments à faire valoir tant leur froideur se montre pénétrante et les passages bridés grassouillets et humides au possible, sur fond de rendus primitifs d’où émergent quelques axes de brutalité immédiate et dévastatrice. Si ce démarrage se montre en demi-teinte mais prometteur la suite va être nettement plus convaincante, et tout d’abord via le dynamique et varié « Colonial Genocide » où les blasts vont être plus de la partie et complétés par des passages endiablés et des ralentissements remuants, où l’on a envie de secouer la tête sur fond de riffs rudimentaires et de patterns minimalistes.
Gardant ce côté inquiétant totalement rétro la seconde moitié de cet enregistrement va grimper plus haut en attractivité, et tout d’abord via l’excellentissime « Scum Of The Earth » où ici toute trace de vitesse est absente au profit d’un rendu massif et obscène jouissif au possible, et qui sent les grandes heures de la scène floridienne. Avec en prime un solo décharné et une ambiance pachydermique qui n’est pas sans rappeler les débuts de MORGOTH on obtient donc une composition implacable qui va servir de lancement au monstrueux « Divine Retribution » où le son HM-2 va ici être totalement en raccord avec le rendu proposé, vu que la pression va être progressive avant l’explosion finale et du tabassage plus marqué entre quelques ralentissements bienvenus. Et si le court interlude « Sins Of Our Fathers » ne va servir à rien, en revanche la longue conclusion (« Beneath Saffron Skies ») va nous permettre d’apprécier une dernière fois l’ensemble du panel technique de la bande qui récite tranquillement ses gammes, mais avec toujours cette facilité d’exécution et cette fluidité permanente.
Alors oui il manque encore quelque chose à ses géniteurs pour pouvoir se démarquer de la forte concurrence internationale dans un style qui a le vent en poupe un peu partout sur la planète, mais néanmoins ceux-ci offrent un long-format intéressant et sympathique qui s’écoutera relativement facilement malgré une certaine redondance et un recyclage récurrent des différents plans. Jamais dans la surenchère ni la technique outrancière les trois acolytes de Chennai (ex-Madras) nous offrent donc un premier jet à suivre, à l’esprit sombre et inquiétant où il y a juste ce qu’il faut de violence... même si l’on sent que malgré l’envie de bien faire ils se retrouvent le cul entre deux chaises, à la fois en Floride comme en Scandinavie. Du coup même si ça contient de biens bonnes choses qui feront plaisir à l’auditoire il faut cependant avouer que ça reste encore pour l’instant trop passe-partout et lambda pour être franchement mémorable, et qu’il faudra à l’avenir clairement élever son niveau... même si tout cela passe facilement dans les oreilles et file la pêche et le sourire. Néanmoins tout ça est sincère et authentique sans chichis ni synthétisme dégueulasse, et c’est l’essentiel car le bilan global est quand même largement favorable par rapport aux erreurs de jeunesse citées auparavant... et nul doute que les mecs vont se bonifier avec le temps et proposer dans le futur de nouvelles sorties meilleures encore que ce qu’ils ont fait jusqu’à présent.
DONNEZ VOTRE AVIS
Vous devez être enregistré(e) et connecté(e) pour participer.
AJOUTER UN COMMENTAIRE
Par gulo gulo
Par AxGxB
Par Jean-Clint
Par Raziel
Par Sosthène
Par Keyser
Par Keyser
Par Lestat
Par Lestat
Par Sosthène
Par Sosthène
Par MoM
Par Jean-Clint
Par Sosthène
Par AxGxB
Par Deathrash
Par Sikoo