Serpent Corpse - Blood Sabbath
Chronique
Serpent Corpse Blood Sabbath
Si le Canada voit depuis quelques temps nombre d’incendies impressionnants détruire son territoire il faut aussi rajouter à cela l’émergence d’une nouvelle scène Death Metal impressionnante, et bien décidée à brûler les planches en répandant la bonne parole musicale. Car ces dernières années le pays a notamment vu l’arrivée des furieux anglophones de DETHEROUS et ABJECTION mais aussi désormais des francophones de SERPENT CORPSE, qui livrent ici un premier album sacrément virulent et crasseux au possible aux influences old-school affirmées et assumées. Formé en 2020 autour de l’actif Chris Lacroix le quatuor n’a pas perdu de temps pour faire parler de lui après une première Démo remarquée et publiée quelques mois après ses débuts, et dont cet opus est la suite logique mais bien supérieure en qualité comme en maturité. Si évidemment musicalement le combo ne prétend pas réinventer la roue il va durant presque quarante minutes livrer un disque impeccable et balisé, mais qui ne va pas se contenter de reprendre l’œuvre Suédoise des ENTOMBED, DISMEMBER, GRAVE et consorts. Car même si tout ça sent également BOLT THROWER comme OBITUARY à plein nez il va aussi ajouter des influences Punk dignes d’AUTOPSY et même un soupçon de Thrash, histoire de donner plus de densité à un enregistrement terriblement 80’s et qui mérite clairement le détour.
Si l’on pourra lui reprocher une certaine redondance au fur et à mesure de l’avancée dans l’écoute il n’en reste pas moins que tout y est homogène et efficace, comme va le démontrer l’impeccable et équilibré « Electric Eye » où règne en maître l’ombre de la formation de Coventry en offrant des parties rampantes et dynamiques en alternance avec des moments rapides et médium, ponctués d’un court solo idéal pour tout densifier et montrer la qualité du rendu des Montréalais. Offrant tout un panel de lourdeur ceux-ci vont se faire plus froids et oppressants sur « Nemesis » particulièrement suffocant où la lenteur se fait ouvertement présente et dévoilant ici l’ombre des frères Tardy quand l’entité lève le pied de façon insolente. En effet ce ressenti va perdurer en continu et en premier lieu sur « Let The Rats Feed » qui s’enchaîne juste derrière, et se fait tout sombre et putride sur fond de rythmique bridée de la part de la batterie comme des guitares lourdes et grassouillettes dignes de la paire Allen West/Trevor Peres (comme cela sera le cas plus loin sur les tout aussi humides et suintants « Swallowed Whole By The Abyss » / « Dreams Of Crows »). Si « Land Of Rot And Misfortune » va conserver les mêmes bases on va en revanche être surpris d’y entendre du riffing totalement pompé sur la fin de « Seek And Destroy » de METALLICA, mais qui ne fait pas tache au final... à l’instar des relents piqués chez Chris Reifert sur le virulent « Crucifixion Shrine » au résultat violent et redoutable, qui ne fait pas de quartiers en jouant sur une facette plus enlevée et expéditive.
Si la conclusion intitulée « Blood Sabbath » ne va rien amener de plus à l’ensemble et s’éterniser inutilement on n’en tiendra pas rigueur à ses géniteurs tant ces quasiment quarante minutes passent facilement le cap des écoutes, donnant de l’énergie et une furieuse envie d’en découdre comme de remuer la tête vu que l’ensemble possède un groove communicatif qui rattrape largement le côté répétitif et monolithique de l’ensemble. Si l’avenir du groupe semble aujourd’hui incertain suite au départ du chanteur et du batteur dans la foulée du passage en studio, il serait dommage pour lui de s’arrêter après si peu de temps tant c’est rempli de belles promesses pour la suite, à voir donc si les deux partants seront remplacés et surtout si la paire de gratteux restants arrivera à maintenir cette excellente copie dans le futur. Bardé de bonnes choses et défilant à vive allure ce premier jet est un vrai plaisir nostalgique pour les oreilles, sonnant comme à la grande époque même si à l’avenir un soupçon de variété serait bienvenu pour éviter un certain ronronnement (ajouté à plus de passages à haute vitesse qui sont certes réussis mais trop rares). Mais tout ça n’est que de l’ordre du détail et on hâte de voir ce que l’avenir réserve pour les Québécois, qui prouvent que la Belle Province n’est pas seulement une terre de Black de haute tenue et que d’autres styles peuvent y cohabiter en avec la même force et attractivité globale que le Metal noir, signe d’une vitalité de tous les instants dont personne ne se plaindra. En espérant désormais que la bande ne rejoindra pas la cohorte de noms connus et underground qui ont raccroché les gants après un seul et unique long-format aguicheur et de haute-volée, et dont on regrette encore aujourd’hui la disparition...
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