D’une discrétion qui aurait presque pu lui être préjudiciable si ses sorties n’avaient pas été aussi qualitatives et qu’il n’avait pas été entouré par des labels de choix tels que Memento Mori, Dark Descent ou bien encore Me Saco Un Ojo, Ataraxy a toujours mené sa barque sans faire de vagues, suivant un agenda vraisemblablement débarrassé de toutes contraintes à commencer par celles de devoir faire parler de lui coûte que coûte pour espérer séduire. En effet, les Espagnols ne se sont jamais souciés de faire grand bruit à tel point que quatre ans après l’excellent
Where All Hope Fades on avait presque fini par oublier leur existence à une époque où pourtant le simple fait d’exister ne suffit plus.
Ainsi, loin des réseaux sociaux qu’il pratique avec très peu d’assiduité, Ataraxy poursuit tranquillement son petit bonhomme de chemin en ne suscitant l’intérêt que de ceux qui le suivent depuis maintenant quelques années. C’est dans une indifférence presque générale (voyez le retard avec lequel j’aborde cette chronique) que le groupe originaire de la ville de Zaragoza sortait en juin 2022 ce troisième album intitulé
The Last Mirror. Un disque produit comme à l’accoutumé par leur compatriote Javier Félez Rodríguez aka Javi Bastard (Balmog, Graveyard, Krossfyre, Teitanblood...) mais pour lequel l’artwork sobre et efficace a cette fois-ci été confié au Chilien Rodrigo Pereira Salvatierra (Ancient Crypts, Cancerbero, Concilivm, Lurker Of Chalice, Unaussprechlichen Kulten...). Alors c’est vrai, Ataraxy ne possède peut-être ni le charisme ni l’aura dominante de certaines formations dont on parle bien plus volontiers, cependant n’allez pas croire un seul instant qu’il ne mérite pas les louanges qui lui sont adressées.
Pour ce retour aux affaires, la formation ibérique a naturellement choisi de faire preuve de cette sobriété qui le caractérise depuis maintenant un petit peu plus d’une dizaine d’années. En effet, Ataraxy va poursuivre avec
The Last Mirror ce travail entamé depuis 2012 et la sortie de
Revelations Of The Ethereal, un premier album déjà très nuancé marqué notamment par le développement d’atmosphères particulièrement travaillées et saisissantes. Aussi, si vous êtes de ceux qui découvrez le Death Metal des Espagnols par le biais de ce troisième album, ne vous attendez pas à un quelconque déluge de violence ni à de virulentes et systématiques démonstrations de force puisque le groupe préfère opérer en toute subtilité. Cela ne veut pas dire qu’Ataraxy ne sais pas faire preuve de brutalité mais seulement qu’il opère ses changement de rythmes et autres coups de pression de manière réfléchit, variant ainsi son propos quand bon lui semble et toujours à bon escient. Ainsi de "The Bell That Constantly Sounds" à 4:25 à "Decline" son entame tonitruante suivi de cette séquence entamée dès 2:37 en passant par "Visions Of Absence" à 1:54, "Under The Cypress Shadow" à 0:26, 3:10 et 5:25 ou bien encore "Silence" à 2:08, les exemples ne manquent pas et confirment en effet que la formation espagnole est capable de corser le ton de manière plus ou moins significative puisque si on trouve quelques accélérations thrashisantes plutôt tranquilles sur un titre comme "Under The Cypress Shadow", l’essentiel de ces attaques est ici mené à coup de blasts.
Ceci étant, comme évoqué plus haut, ces accélérations ne servent ici que de contrepoint à un Death Metal autrement plus atmosphérique. En effet, avec des titres qui à l’exception de cette introduction qu’est "Presages" courent entre cinq et huit minutes, Ataraxy mise une fois de plus sur ses prédispositions et son goût particulièrement prononcé pour les ambiances sombres, pesantes et résolument morbides. Un travail soigné fait de choses évidentes (ces mélodies et autres leads sinistres qui s’imposent sans aucun mal à l’oreille) et d’autres encore une fois bien plus subtiles (ces nappes de clavier aux formes variées que l’on va retrouver disséminées ici et là ainsi que ces quelques inserts mélodiques sortant de l’ordinaire comme par exemple sur les derniers instants de "Under The Cypress Shadow" qui semblent être menés par la basse d’Edu). Certes, Ataraxy ne fera probablement jamais l’unanimité en continuant ainsi de mettre l’accent sur les ambiances plutôt que sur ce que l’on attend en règle général d’un album étiqueté du label Death Metal. Pourtant, difficile de ne pas se laisser prendre au jeu de ces atmosphères particulièrement prenantes, des ces leads mélodiques effrayants, de ces passages lourds et pesants, de ces instants plus lumineux capables de vous hérisser le poil... À tout cela il convient également de mentionner la prestation vocale particulièrement convaincante de Javi dont le growl à la fois profond mais particulièrement viscéral dans ses intonations à la Chuck Schuldiner apporte une touche de personnalité supplémentaire à la musique d’Ataraxy.
Sorti il y a maintenant un petit peu plus d’un an sans malheureusement susciter beaucoup de réactions,
The Last Mirror méritait pourtant de trouver sa place dans nos colonnes. Déjà pour ne pas faire tâche et ainsi compléter la discographie des Espagnols sur Thrashocore (oui, c’est une de mes lubies) mais surtout parce que ce troisième album est encore la preuve qu’Ataraxy n’a pas fini de nous régaler de son Death / Doom tout en nuances. Comme toujours, les Pierrafeu et autres esprits primitifs amateurs de Death Metal préféreront passer leur chemin de peur d’être touché par la grâce alors que les autres capables d’apprécier ce genre de formule bien plus fine se délecteront des nombreux plaisirs que celle-ci a à offrir. Bref, destiné à un public averti en mesure d’apprécier toutes les subtilités dont fait preuve Ataraxy, ce troisième album s’impose encore une fois comme une sortie particulièrement solide qui va permettre une fois encore d’assoir la réputation des Espagnols sans pour autant, et c’est bien dommage, leur offrir la reconnaissance qu’ils méritent pourtant amplement.
Par gulo gulo
Par AxGxB
Par Jean-Clint
Par Raziel
Par Sosthène
Par Keyser
Par Keyser
Par Lestat
Par Lestat
Par Sosthène
Par Sosthène
Par MoM
Par Jean-Clint
Par Sosthène
Par AxGxB
Par Deathrash
Par Sikoo