Si vous suivez un petit peu ce qui se passe du côté de Desecresy, vous ne devez pas être sans savoir que la sortie de ce nouvel album n’était initialement pas du tout prévu par Tommi Grönqvist. Relativement actif sur Facebook durant toute l’année dernière, celui-ci nous a régulièrement régalé de titres inédits tout en précisant systématiquement à chaque nouvelle publication qu’il n’avait aucune intention de passer par la case studio pour enregistrer ces nouveaux morceaux et ainsi en faire un album à paraître chez qui que ce soit (
"Not looking for a label. There are no plans for recording an album. When there is a new track, it will be posted and made available for downloading."). Du coup, qu’elle ne fût pas mon étonnement en voyant arriver début 2022 l’annonce d’un septième album intitulé
Unveil In The Abyss. Comme quoi il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis…
Sans grande surprise, le Finlandais n’est pas allé bien loin pour trouver une structure désireuse de collaborer avec lui. En effet, c’est une fois de plus Dave Rotten et son label Xtreem Music qui s’y sont coller pour nous offrir (enfin moyennant quelques euros) ce nouvel essai longue durée. Cependant, sur une pente descendante (en tout cas à mes yeux) depuis 2017 et la sortie du très moyen
The Mortal Horizon, on ne peut pas dire que cette annonce m’ait particulièrement enthousiasmé même si à réception de l’album dans sa version promotionnelle dématérialisée, ma curiosité m’a vite poussé à y jeter une oreille attentive. D’ailleurs je m’en félicite encore car en plus d’être un excellent cru,
Unveil In The Abyss m’a permis de réhabiliter son prédécesseur que jusque-là je ne portais pas vraiment dans mon coeur.
Pour autant, et on ne va pas se mentir, très peu de choses différencient ce nouvel album de ses prédécesseurs dans la mesure où la formule dispensée par Tommi Grönqvist est toujours demeurée identique. Garant d’une tradition finlandaise héritée d’une scène Death Metal ayant su à l’époque se démarquer assez rapidement de ses voisins européens et même lointains cousins américains, Desecresy joue ici et ce depuis toujours, la carte d’une musique mid-tempo dont les quelques soubresauts, aussi bienvenues soient-ils, ne sont finalement pas nombreux. Un Death Metal lourd mais conquérant porté par des mélodies désabusées ainsi que par un groove rampant mais néanmoins irrésistible qui lui donne une saveur toute particulière. Une formule qui d’une certaine manière et par moment évoque chez moi Bolt Thrower, groupe très cher à mon estime, et qui par conséquent à forcément toute ma sympathie.
Pourtant, si la recette employée est bel et bien la même,
Unveil In The Abyss se distingue d’emblée des précédents album de Desecresy par un contenu plus chiche (sept titres seulement) imputable non pas à un quelconque manque de générosité ou à une inspiration en berne mais au simple fait que ces nouveaux morceaux sont parmi les plus longs jamais composés par le Finlandais. Oscillants ainsi entre cinq et huit minutes (contre une moyenne auparavant fixée aux alentours des trois à quatre minutes), ces derniers attestent d’une envie d’approfondir cette même formule évoquée un petit peu plus haut, d’y amener davantage de matière et de nuances et peut-être de ne pas se contenter de flotter à la surface des choses. Un parti pris qui va s’avérer gagnant pour Tommi Grönqvist qui signe ici l’un des meilleurs albums de Desecresy depuis presque une dizaine d’années (si le triptyque de départ reste à ce jour inégalé,
Unveil In The Abyss trouve sa place juste derrière).
Mais alors comment expliquer ce retour gagnant si au final rien n’a vraiment changé si ce n’est la durée de ces quelques titres ? Bien entendu, libre à vous de ne pas ressentir le même enthousiasme à l’écoute de ce septième album. Seulement en ce qui me concerne, j’y retrouve tout ce qu’y m’a toujours plu chez Desecresy : ces riffs simples mais terriblement écrasants qui font mouche ("Rivers Of The Nether Realm", "Echo Beyond Time", "Cult Of Troglodytes" à partir de 0:30, "Dissolve Through Obscure Worlds" à partir de 0:48...), ce groove de char d’assaut anglais qui me donne envie de tout déglinguer ("Rivers Of The Nether Realm" à 1:17, "Echo Beyond Time" à 1:48, "Cult Of Troglodytes" à partir de 0:30, "Cataclysmic Phenomena" à 2:03, "Dissolve Through Obscure Worlds" à 1:16...), ces mélodies et autres leads désabusés et typiques d’une scène finlandaise toujours très portée sur les atmosphères sinistres et crépusculaires ("Rivers Of The Nether Realm" et "Staring Of The Infinity" dès les toutes premières secondes, "Echo Beyond Time" à 2:55, "Cult Of Troglodytes" à à:46, "Cataclysmic Phenomena" à 2:18...), ces quelques coups de semonces souvent brefs mais idéals pour remettre les idées en place bien comme il faut ("Rivers Of The Nether Realm" à 1:28 et 3:45, "Cataclysmic Phenomena" à 1:47, la première moitié de "Necrolevitation", "Dissolve Through Obscure Worlds" à 1:39.)... Bref, tout y est, à sa place, savamment exécuté, avec ce qu’il faut de feeling et d’efficacité pour faire de ce moment, quarante-deux minutes particulièrement convaincante avec, signe qui ne trompe pas, ce goût de reviens-y...
Solide du début à la fin,
Unveil In The Abyss ne souffre à mon goût que d’un seul petit défaut qui sera néanmoins à confirmer une fois le disque entre les mains. En effet, je me suis rendu compte durant l’écriture de cette chronique que la production n’était pas tout à fait identique pour au moins deux des sept morceaux proposés ("Staring Of The Infinity" et "Cataclysmic Phenomena"). Rassurez-vous, il vous faudra tendre l’oreille pour vous en rendre compte mais une fois qu’on le sait, difficile de l'ignorer. Quoi qu’il en soit, ce septième album m’a redonné foi en Desecresy qui retrouve ici un niveau de composition frôlant de peu l’excellence de ses trois premiers albums. Certes, l’aspect mid-tempo qui prédomine ne conviendra probablement pas à tout le monde mais ceux qui apprécient ce genre de formule épaisse, à la fois pleine de groove et de mélodie, ne devraient pas manquer de (re)tomber sous le charme du one man band finlandais. Beau travail monsieur Tommi Grönqvist.
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